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mardi, 01 mars 2016

Les racines allemandes de la famille Trump

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Kurt Ruegen/’t Pallieterke :
Les racines allemandes de la famille Trump


Rappel : en 1963, le Président Kennedy s’était rendu immensément célèbre en Europe et dans tout l’Occident « libre », en proclamant à Berlin, devant le Mur construit deux ans auparavant : « Je suis un Berlinois » (« Ich bin ein Berliner »). Fortes paroles pour un… Irlandais. Donald Trump aurait plus de raison et de droit à le proclamer. Dans les préliminaires du New Hampshire, il a récolté 35% des voix et semble, jusqu’ici, avoir gagné la course pour la Maison Blanche. Mais introduire un Trump dans le Bureau Ovale reviendrait à y installer un perturbateur de haut vol. Il est bien trop roublard pour devenir le grand chef de l’Occident. On peut donc imaginer qu’il ne l’emportera pas et qu’un homme plus équilibré accèdera à la Maison Blanche. Et non « The Donald », comme il aime à se désigner lui-même. Trump est donc « une grande gueule » et c’est dans ses gènes car les habitants de Kallstadt en Rhénanie, la patrie originelle du clan Trump, sont surnommés les « Brulljesmacher », littéralement « ceux qui font du bruit en gueulant ». La région autour de Kallstadt est connue pour son vin et pour ses grillades de porc. Donald Trump est ambigu quand on évoque ses racines allemandes. Il aime à faire croire que cette ascendance allemande est inexacte et que ses ancêtres venaient de Suède. C’est une plaisanterie. La cinéaste Simone Wendel, originaire, elle aussi, de Kallstadt, a rendu visite au Donald dans sa Trump Tower, sur la 5ième Avenue, à proximité du Central Park. Elle tournait un documentaire, intitulé « The Kings of Kallstadt ». Elle est parvenue à enthousiasmer le Donald pour un entretien en lui montrant des photos de son grand-père allemand. Dans la version finale de ce documentaire, le candidat à la présidence est allé jusqu’à dire « I love Kallstadt ».

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Pauvre comme un rat d’église


Donald Trump est fait de plus d’un ingrédient parmi lesquels il y en a un, de taille, qui n’est guère pris en considération : sa germanité. Il descend d’immigrants allemands, arrivés aux Etats-Unis sans le moindre denier en poche mais qui sont très rapidement montés dans la hiérarchie sociale en trimant dur. Ils avaient le sens du commerce, une bonne dose de cynisme et des liens familiaux solides. Fred Trump, le père de Donald, incita ses enfants, dont trois fils, à devenir des « killers ».

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Le père de Fred se prénommait Friedrich. Il débarqua aux Etats-Unis en 1885, à peine âgé de seize ans. Aussitôt à New York, il gagna sa croûte en pratiquant le métier de coiffeur. Quelques années plus tard, il ouvre un restaurant dans l’Etat de Washington, sur la côte pacifique, au nord de la Californie. On y trouvait solide mangeaille, de quoi boire sec et quelques jeunes femmes volontaires pour se faire peloter dans des alcôves à l’arrière du restaurant. Friedrich retourne alors à Kallstadt en Rhénanie avec une belle tirelire pour aller y épouser Elisabeth Christ, la fille de ses anciens voisins. Il l’amena aux Etats-Unis mais elle avait tant la nostalgie du pays qu’elle tomba malade. Le couple retourna en Allemagne. Ce retour induit aujourd’hui une polémique : d’après les autorités américaines, Friedrich aurait tenté d’échapper à ses obligations militaires. Après quelques tiraillements, les enfants du couple naissent tout de même sur le territoire américain. En 1905 nait Fred Trump.

Douze ans plus tard, en 1917, les Etats-Unis entrent en guerre contre l’Allemagne et, automatiquement, les Germano-Américains deviennent impopulaires. On retrouve les traces de cette animosité dans le vocabulaire anglais : la fameuse saucisse de Francfort s’est appelé « hot dog » ; la choucroute, le Sauerkraut, s’est transformée en « liberty cabbage » (= « chou de la liberté »). Friedrich meurt à 49 ans en laissant à sa veuve une belle petite fortune qui lui permit de fonder l’entreprise « Trump & Son », spécialisée en investissements fonciers et en construction. Le fils Fred avait toutefois compris que ses origines allemandes ne constituaient pas un atout, même dans les « joyeuses années 20 » aux Etats-Unis : il affirmait que ses parents venaient de Suède bien que sa mère parlât anglais avec un solide accent allemand. De plus, elle invitait ses hôtes à déguster des tartes aux pommes l’après-midi. Donald était le fils préféré de Fred. Il succéda à son père dans le domaine de la construction.


actualité,donald trump,états-unis,élections américaines,politique internationale,kallstadtToutes ses anecdotes, que The Economist a rapportées récemment, étaient parues dans un livre de Gwenda Blair sur les trois générations de Trump. Une bonne part du succès des Trump en affaires vient de leur nom : Trump est un nom facile à retenir et peut parfaitement s’afficher sur des façades, des enseignes ou des affiches, étant un excellent nom de marque. Le nom est allemand mais Donald a toujours essayer de le cacher : dans son autobiographie, il évite d’évoquer ses racines allemandes et raconte que son père était un Suédois. Pure mystification.


Les Trump sont des Germano-Américains


Les Trump sont donc des Germano-Américains typiques : ils appartiennent au plus grand groupe ethnique des Etats-Unis. Un grand nombre de Germano-Américains s’étaient fixés à Milwaukee, où ils ont fondé de grosses brasseries. Ils ont milité pour faire de l’allemand une « langue américaine » mais, en fin de compte, la langue de Goethe a dû céder face à l’anglais. Aujourd’hui, il y a à nouveau une confrontation linguistique aux Etats-Unis, entre l’anglais et l’espagnol. Aux Etats-Unis, les citoyens d’origine allemande tentent généralement de gommer leurs origines, dans la mesure du possible. Ce n’est pas le cas des Italo-Américains, des Irlando-Américains ou des Polono-Américains qui, tous, aiment à rappeler leur patrie originelle.


Si Donald Trump parvient à succéder à Barack Obama, il ne sera pas le premier président américain à avoir des racines allemandes : la famille de Dwight Eisenhower venait de Karlsbrunn, une localité proche de l’actuelle frontière française et s’y appelait Eisenhauer. Les ancêtres de Herbert Hoover provenaient d’une famille du Pays de Bade et s’appelaient Huber. Eux aussi ne se vantaient pas de leurs origines allemandes mais ne se sont pas inventés des ancêtres suédois pour se faire aimer dans leur pays d’adoption.


Kurt Ruegen.
(article paru dans « ‘t Pallieterke », Anvers, 25 février 2016).

Actualité du Groupe de Visegrád

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Actualité du Groupe de Visegrád

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le Groupe de Visegrád rassemble la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie. Il s'agit d'anciens pays du bloc soviétique, aujourd'hui membre de l'Union européenne, mais qui ont jugé bon de se rapprocher pour sauvegarder leur identité indéniable dans un ensemble où toutes les identités nationales ont tendance à se diluer.

Les gouvernements, sans prétendre former un bloc séparé au sein de l'Union, cherchent à se consulter et s'unir pour faire face à des problèmes qu'ils estiment communs. On leur a prêté selon la phrase du Général de Gaulle, la volonté de rester un peuple majoritairement de « race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne ». Sans avoir des positions aussi affirmées, ces pays réagissent actuellement aux politiques européennes visant à accepter un nombre croissant de migrants venus du Moyen Orient et de l'Afrique, à la religion et aux mœurs tout à fait étrangers à la tradition de l'Europe centrale. Angela Merkel, qui avait illustré cette politique, se retrouve aujourd'hui en difficulté dans son propre pays.

Visegrad_group.pngLe Groupe de Visegrád va certainement être de plus en plus écouté au sein même de l'Union européenne. Ils proposent la restauration des frontières pour contrôler l'afflux de migrants, notamment dans les pays qui sont sur la route de la migration vers l'Allemagne. Ils mettent également, au service des gouvernements qui en feront la demande, une douane composée de policiers des différents pays du Groupe pour surveiller les frontières et assurer leur étanchéité.

Ces mesures resteront sans doute insuffisantes, au vu de l'accroissement par millions des migrations vers l'Europe que tous les spécialistes prédisent pour les prochaines années. Il est à noter cependant que les pays du Groupe, bien que provenant d'anciens satellites de la Russie, entretiennent aujourd'hui de bonnes relations avec la Russie, dont ils pourront recevoir de l'aide. La Russie, bien qu'à une toute autre échelle, devra rapidement faire face aux mêmes problèmes.

Comme prévisible, cette attitude attire depuis quelques mois les foudres de l'ONG Amnesty International. Mais ceci n'a rien d'étonnant quand on sait que cette organisation, n'ayant que l'humanitaire à la bouche, a toujours travaillé en étroite liaison avec les Etats-Unis pour favoriser les politiques américaines de pénétration, tant en Europe qu'en Russie.


NB. Cet article ne corr
espond pas nécessairement aux points de vue de tous les membres de notre Comité de rédaction.

 

lundi, 29 février 2016

L’Italia e il Giappone, storia di una lunga relazione

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L’Italia e il Giappone, storia di una lunga relazione

In occasione del 150° anniversario delle relazioni Italia-Giappone, l’Intellettuale Dissidente ha intervistato Mario Vattani, Console Generale ad Osaka dal marzo 2011 al maggio 2012 e attuale Coordinatore per i Rapporti con i paesi dell’Asia e del Pacifico. La sua profonda esperienza sia lavorativa che personale con il mondo nipponico ci dà una chiave di lettura per capire due mondi così lontani ma in fondo così vicini.
 
Ex: http://www.lintellettualedissidente.it

Dottor. Vattani, quest’anno ricorre il 150° anniversario delle relazioni italo-giapponesi, un rapporto che è cominciato ufficialmente nel 1866, pochi anni dopo l’Unità. Come si spiega questa storica amicizia tra due paesi così distanti geograficamente e culturalmente?

Il 1866 è un momento importantissimo nella storia delle relazioni tra Italia e Giappone ma va anche contestualizzato. Sono due paesi che a quella data hanno subito delle profonde trasformazioni: uno si è unificato e sta diventando un protagonista internazionale, l’altro sta attraversando una fase interna di cambiamento strutturale volta alla modernizzazione, all’industrializzazione e, in parte, all’occidentalizzazione proiettandosi anch’esso, con la volontà di potenza tipica della fine dell’Ottocento, sullo scacchiere internazionale. Da quel momento le loro storie hanno seguito un percorso parallelo nelle rispettive regioni. L’Italia fa parte dell’Europa continentale solo perché la unisce un lembo di montagne, ne fa parte ma ne è anche in qualche modo isolata, in competizione con i propri vicini immediati. Questo spinse i governi post-unitari a cercare alleanze con chi fosse più simile alla nostra posizione come il Regno Unito. Per il Giappone lo status quo era molto simile, proiettato in Asia nel tentativo di costruire stabili relazioni con i vicini ma in forte competizione con la Cina e la Russia zarista. A questi fattori di similitudine geopolitica possiamo aggiungerne altri interni come la scarsità di risorse, di materie prime e una popolazione concentrata in modo non omogeneo sul territorio. Ma non sarebbe corretto dire che l’Italia e il Giappone arrivano a conoscersi solo in questo momento di trasformazione. I loro rapporti erano infatti di lunga data. Abbiamo prontezza di importanti missioni risalenti a più di cinquecento anni fa, così come è accertata la presenza italiana a Yokohama con i corallari di Torre del Greco e i semai piemontesi molto tempo prima della rivoluzione Meiji. L’Italia in qualche mondo c’era sempre stata e con interessi commerciali fortissimi. Si andava a comprare i bachi da seta e, sebbene non avessimo ancora firmato un accordo diplomatico, avevamo degli inviati come Fe’ d’Ostiani e Sallier de La Tour, piemontesi del Regno di Sardegna, i quali impostarono fin da subito un rapporto da pari tra i nostri due paesi, a differenza di quanto fecero gli altri europei. C’era un profondo rispetto da parte nostra che si era radicato già nell’incontro avuto nel 1615 da papa Paolo V con Hasenura Tsunenaga, inviato dell’Imperatore; il Pontefice riconobbe non dei pagani semiselvaggi da convertire ma interlocutori colti, raffinati, poliglotti e questo mutuo rispetto si è saldato e sviluppato nel tempo. Riprendendo le fila della domanda iniziale, la data del 1866 è importantissima ma ricordiamoci che ci conoscevamo già da prima, ci rispettavamo a vicenda e riuscivamo già ad avere accesso alle zone chiuse del paese. I semai, per esempio, potevano girare tranquillamente per il paese accompagnati dai nostri diplomatici in posti dove altri europei non erano ammessi. In una dichiarazione del 1887 il primo ministro Inoue disse: “L’Italia, vera amica del Giappone, senza secondi fini, è la Gran Madre delle nazioni occidentali dalla quale esempi debbono essere cercati”. Un riconoscimento notevole al ruolo del nostro Paese.

Del resto l’opinione pubblica italiana in un momento delicato come la guerra russo-giapponese del 1905 si schierò dalla parte di Tokyo e a Tsushima erano presenti due navi da guerra costruite a Genova. Così come il Regno Sardo aveva combattuto contro il gigante austriaco allo stesso modo il Giappone affrontava il gigante zarista.

Certamente, le navi furono armate dai genovesi e vendute al Giappone nel 1903. Erano la Kasuga e la Mikasa, progettate dall’ingegnere italiano Salvatore Positano. Emilio Salgari inoltre, proprio in quel periodo, scrisse un libro dal titolo L’eroina di Port Arthur, ambientato nella guerra russo-giapponese da cui emerge il suo incondizionato appoggio alle ragioni nipponiche. Nel libro descrive “il buono e bravo giapponese”, le “forze armate splendidamente organizzate, in marce meravigliose per celerità”. Gli italiani simpatizzavano per il Giappone insomma, cosa strana perché non bisogna dimenticarsi che in Europa questo era il periodo del pericolo giallo. C’è un interessante quadro di Hermann Knackfub del 1895 che descrive bene questa nuova paura verso i popoli asiatici agli inizi del Novecento. In questo senso possiamo dire che l’Italia ha un credito nei confronti del Giappone per il suo sostegno durante la guerra russo-giapponese. Ma questi fatti purtroppo sono stati oscurati da quanto avvenuto negli anni ’30 e ’40 e questa sorta di special relationship che avevamo costruito venne, se non dimenticata, messa in secondo piano. Se ne approfittarono i francesi che, ad esempio, sotto il governo Chirac investirono fortemente nel paese del Sol Levante quasi a reiventare un rapporto di amicizia stretta che non c’era mai stato. Un francese avrebbe da ridire su questo, ma c’è da precisare che ad esempio quando lo Shogun (signore della guerra N.d.R.) perse il suo potere durante la rivoluzione Meiji, i francesi rimasero fedeli agli accordi con il Bakufu (governo militare, N.d.R.) e si trovarono anche a sostenere i ribelli contro l’Imperatore come nella battaglia di Hakodate. L’Italia invece era riuscita a capire la profondità del cambiamento e firmò un accordo con il governo imperiale di Mutsuhito.

D’Annunzio raccontava di non saper resistere alla cultura giapponese e di aver speso una fortuna nell’acquisto di opere, vasi, dipinti. Puccini colse a piene mani dalla lirica nipponica, Edoardo Chiossone fu direttore nel 1872 dell’Ufficio Valori del Ministero delle Finanze di Tokyo. Al contrario, che cosa trovavano, e trovano ancora oggi, i giapponesi nell’Italia?

Se parliamo di questioni pratiche, dal punto di vista giapponese l’Italia era vista a quei tempi come una specie di banca culturale. C’era tutto. Bastava venire a Roma, Torino, Firenze per vedere quelle che erano le arti e l’eccellenza dell’architettura, del disegno, dell’arte figurativa, della scultura; tutto ciò che aveva quei caratteri occidentali, possiamo dire le radici dell’Occidente, loro sentivano di trovarlo in Italia. Bisogna anche considerare che i giapponesi, ieri come oggi, hanno sempre attuato una politica di “shopping culturale” diversificato. Il sistema educativo, per esempio, fu ispirato a quello tedesco e ancora oggi se leggiamo Mori Ogai, uno scrittore del primo Novecento, notiamo questo tipo di impostazione nei suoi scritti, così come nelle uniformi militari ispirate a quelle scolastiche e di servizio della Prussia di Bismarck. Tutto quello che era tecnica della navigazione, marina militare fu preso dagli inglesi. Quanto aveva a che fare invece con urbanistica, architettura, organizzazione amministrativa, cultura in senso ampio, il modello di riferimento era, come detto, l’Italia. Oggi, saltando un attimo al presente, fanno un altro tipo di “shopping culturale” che, nel bene e nel male, tende a semplificare forse eccessivamente la loro visione dell’Occidente. L’Italia è associata con il classico, il romano, il Barocco ma soprattutto il Rinascimento. E si fermano qui. Dunque è necessario uno sforzo, specialmente da parte nostra, per far conoscere ai giapponesi anche l’Italia che è venuta dopo il Rinascimento. Quest’anno festeggiamo i 150 anni delle relazioni italo-giapponesi; i grandi sponsor nipponici che organizzano esposizioni, mostre, in generale l’offerta culturale italiana nel Sol Levante, sono i grandi media nipponici (spesso proprietari degli spazi museali ed espositivi) che guadagnano sulla vendita di biglietti. Trasferiscono l’oggetto d’arte, creano la domanda, vendono il biglietto. Così l’Italia continuerà a vendere e mostrarsi sempre per le stesse cose sminuendo un patrimonio immenso e non attecchendo come potrebbe su un pubblico che non comprende solo visitatori e turisti ma anche potenziali investitori, imprenditori, politici. Se la società civile giapponese continua ad avere una visione dell’Italia che è sempre la stessa, il nostro lavoro consiste nel continuare a promuovere la multiforme varietà dell’offerta italiana. Questa secondo me è la sfida del futuro da vincere. Molti giapponesi, per fare un esempio, non si rendono conto che noi siamo grandi esportatori di macchinari e alta tecnologia, pensano unicamente ai vini, ai prosciutti, alla moda dimenticando che produciamo parti di aerei e satelliti. Il 150° anniversario è una occasione proprio per farci conoscere meglio.

Riprendendo un attimo le fila del percorso storico parallelo dei due paesi, non si può non menzionare il Patto Tripartito del settembre 1940. Quell’alleanza fu in qualche modo il logico risultato del rapporto costruito negli anni oppure fu una sorta di tragico errore o di tragica patologia delle relazioni internazionali come si stavano strutturando agli inizi del Novecento?

Secondo me bisogna distinguere tra l’alleanza italo-tedesca, l’alleanza italo-giapponese e quella giapponese-tedesca. Sono tre componenti diverse. Non sono uno storico, ma semplificando possiamo dire che l’alleanza italo-giapponese era quella più “tradizionale”, cioè una alleanza militare stretta da paesi che stavano tentando la carta coloniale in un momento in cui era impensabile riuscire a sostenere ancora quel tipo di politica. Ma era un accordo che si basava sul nemico comune cioè gli inglesi, in quanto ostacolo all’espansione fascista in Africa e giapponese in Manciuria. In quel periodo, nonostante Tokyo avesse interessi in Etiopia, decisero di rinunciarvi come contropartita al riconoscimento italiano del Manciukuò. Due paesi che si alleano condividendo progetti e problemi simili. I tedeschi avevano una visione opposta, gli inglesi fino al 1940 non erano il nemico principale quindi la loro alleanza con i giapponesi ebbe premesse diverse. Roma, Berlino e Tokyo furono in qualche modo attirate nell’orbita di una alleanza, che sfocerà nel Patto Tripartito, sebbene le rispettive condizioni storico-politiche iniziali fossero del tutto differenti. Alcuni ambienti diplomatico-militari italo-giapponesi fino ad un certo momento avevano sperato in una alleanza difensiva e quasi neutralizzante tra Roma e Tokyo. Invece l’accordo con la Germania nazista era di per sé molto pericoloso, immediato e aggressivo. Quindi c’era una differenza tra l’alleanza italo-giapponese e quello che fu il Patto Tripartito, una tragica decisione foriera di grandi drammi e orrori. E in questa tragedia ci sono però degli aspetti umani molto profondi che sono stati dimenticati, come quando i sottomarini italiani oceanici combatterono a fianco dei giapponesi a Kobe fino allo sgancio delle bombe atomiche, quando l’Italia si era già arresa da tempo. E’ vero quindi che quella della Seconda Guerra Mondiale è una storia triste e dolorosa, ma se raccontata in modo sano e senza forzature ideologiche, come storia di uomini, possiede anche tratti commoventi. Gli stessi giapponesi quando vengono a sapere del sacrificio dei marinai italiani a Kobe per combattere insieme a loro finiscono per commuoversi, rendendosi conto che, dopo tutto, non erano rimasti soli.

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Il Giappone e l’Italia sembrano per alcuni versi molto distanti tra loro ma per altri più vicini di quanto possa sembrare. Una popolazione che invecchia progressivamente, una economia che ha difficoltà a ritrovare una crescita slanciata, un alto debito pubblico. I governi Kan, Noda e Abe hanno tentato di invertire la tendenza con varie riforme di cui l’ultima è la nota Abenomics che sembrava aver avuto successo ma adesso sta rallentando. Dati questi fattori comuni, c’è qualcosa che l’Italia potrebbe prendere ad esempio per invertire la propria tendenza?

Senz’altro esistono queste similitudini e se osserviamo i nostri due Paesi con la lente del 150° anniversario ci rendiamo conto che il loro percorso storico parallelo è stato un insieme di sfide e opportunità comuni. Abbiamo parlato della guerra ma possiamo guardare anche al dopoguerra, quando Giappone e Italia dovettero superare la sfida della ricostruzione economico-sociale a fronte delle devastazioni lasciate dal conflitto. Per quanto riguarda i problemi contemporanei, è vero che abbiamo entrambi un alto debito pubblico ma il Giappone può ancora agire sulle leve delle politiche monetarie cosa che l’Italia non può più fare. Quindi dovrebbe essere l’UE nel suo insieme a prendere di esempio alcune misure della Abenomics. Ma sul fronte di altre sfide importanti l’Italia più che ispirarsi dovrebbe collaborare. Il nostro paese soffre l’afflizione ad esempio del dissesto idrogeologico e sismico, i quali sono connessi a loro volta al progressivo inurbamento e all’abbandono delle campagne. L’invecchiamento della popolazione infatti non ha effetti solo su fisco, economa, assistenza sociale e sanitaria ma anche sul territorio. Il Giappone deve affrontare le stesse difficoltà che però, se interpretate nell’ottica di una mutua collaborazione, possono diventare delle opportunità. Pochi altri paesi industrializzati al mondo hanno i nostri stessi problemi in tema di prevenzione dei disastri, alluvioni, terremoti. L’Italia può presentarsi in questo settore con ottime credenziali dal punto di vista della tecnologia satellitare, aerospaziale e di controllo del territorio e dovremmo farlo conoscere ai giapponesi: il mio ufficio sta lavorando proprio a questo nell’anniversario dei 150 anni di relazioni bilaterali. Esso deve essere infatti non solo un momento di celebrazione culturale ma anche proattivo strumento di promozione. In questo senso poi lo scambio è ovviamente bilaterale: i giapponesi sono i maggiori esperti di prevenzione alluvionale e terremoti. Sull’invecchiamento della popolazione si può agire tramite domotica e tecnologia quotidiana per migliorare la vita di anziani e disabili. Design, architettura, robotica, medicina, farmaceutica, settori in cui entrambi siamo all’avanguardia possono intersecarsi e trovare soluzioni tanto per una popolazione che invecchia quanto per le necessità economiche e lavorative dei più giovani. Se riuscissimo a costruire un rapporto ancora più stretto in questi settori il Giappone e l’Italia potrebbero creare una partnership strategica di notevole valore.

Con questo ha risposto alla mia domanda successiva che partiva dalle dichiarazioni del Presidente Renzi durante il suo viaggio in Giappone. Dopo l’incontro con l’Imperatore Akihito e il Primo Ministro Abe aveva infatti dichiarato che “Le relazioni tra i nostri due paesi sono cruciali”.

Certamente, non dimentichiamo che oltre ad essere un partner commerciale in tutti i settori che abbiamo enumerato il Giappone è anche un partner politico in Asia. E’ un paese che in un contesto regionale molto differenziato, anche con problemi di sicurezza, ha una costituzione democratica, vicino ai valori fondamentali che anche noi riconosciamo, con un sistema di welfare simile al nostro. E’ uno Stato con cui mantenere sempre rapporti immediati, diretti. Siamo già ad un ottimo livello soprattutto dal punto di vista culturale e politico, ma si può sempre fare di più ed è bene impegnarsi per questo. Cercare di accelerare e potenziare i nostri scambi su alta tecnologia, aerospazio, farmaceutica e sulle sfide che ci accomunano. Yukio Mishima è stato uno dei romanzieri più conosciuti in Occidente, rimasto indissolubilmente legato, in modo forse anche un po’ fuorviante, alla critica che aveva mosso contro la perdita delle tradizioni, delle radici culturali e quella che lui chiamava la “svendita” dell’anima giapponese all’Occidente. Si uccise nel 1970 proprio nel momento in cui il suo Paese era nella fase ascendente di sviluppo. Oggi, arrivati nel XXI secolo, come vive il Giappone il rapporto con l’Occidente e quanto le tradizioni sono riuscite a riequilibrare e bilanciare la società tra queste due sponde? Io su questo ho una mia personale opinione che si basa sulla mia osservazione e sulle mie esperienze anche famigliari con il Giappone. Secondo me è difficile parlare di una occidentalizzazione del Sol Levante; fin dai tempi della rivoluzione Meiji i giapponesi sono sempre stati molto pragmatici. Quando vedono che c’è un sistema migliore del loro lo assorbono ma lo fanno senza mai incidere sul nocciolo della loro struttura identitaria. Ci sono stati momenti in cui questo nocciolo influenzava di più i comportamenti esterni e altri dove i comportamenti esterni hanno attecchito di più ma nella sostanza i giapponesi sono rimasti giapponesi e solo loro possono essere giapponesi. Quello che vediamo però è che ci sono state delle fasi importanti nella storia giapponese in cui il paese ha guardato molto all’esterno mantenendo però una forte identità interna, forse anche come meccanismo difensivo. Si prendeva dagli inglesi, dagli olandesi, dai tedeschi e si rielaborava assorbendo e superando. Quando dopo la Seconda Guerra Mondiale ci fu l’occupazione americana i giapponesi capirono che accettare lo status quo era un modo per sopravvivere liberi. Non hanno assunto quindi comportamenti occidentali perché gli piaceva l’occidente ma per salvarsi dall’occidente e dopo pochi anni, grazie a quei sistemi, sono rimasti indipendenti, liberi e con una Costituzione democratica che, anche se imposta dall’esterno, hanno accettato in quanto prodotta da un sistema, quello americano, che aveva vinto e quindi doveva essere per forza di cose funzionante. Oggi il primo ministro Abe rappresenta ancora una volta una fase nuova; egli si è posto, rispetto alla Storia, e lo si è visto nell’anniversario della fine della guerra del Pacifico lo scorso 14 agosto, un obiettivo di riassorbimento nella coscienza collettiva e di superamento. E non si tratta solo di narrativa politica ma di un cambiamento di posizione che nulla toglie al rimorso per quanto occorso nell’ultimo conflitto; si sono accettati gli errori e le responsabilità ma ci si è posti allo stesso tempo la necessità di guardare al futuro. Questo si riflette in tutti i comportamenti giapponesi che, una volta identificato un obiettivo, si impegnano fino al suo completo raggiungimento. L’Abenomics, il nuovo sistema di sicurezza regionale con gli Stati Uniti, l’introduzione dell’inglese nelle università, le Olimpiadi del 2020 e tutto ciò che queste riforme significano come processo di modernizzazione non eliminano nulla dal nocciolo identitario. Ma è certamente un momento in cui si sta pensando ad un Giappone diverso, nuovo, e ciò si è visto anche nella rimodulazione dei rapporti regionali e in una politica estera più attenta ai paesi dell’Asean.

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Proprio in connessione al tema delle riforme, il primo ministro sta portando avanti una dura battaglia con la Dieta Imperiale per riformare l’art. 9 e dare alle Jieitai, le forze di autodifesa, la possibilità di essere impiegate all’estero in operazioni di peacekeeping. Da un lato vuole rimettere il Giappone in linea con altre nazioni, dall’altro però c’è un timore di possibili inasprimenti delle tensioni presenti nell’area. Come mai allora, nonostante queste tensioni nel Pacifico con la Corea del Nord, con la Cina e le dispute sulle Senkaku, Abe sta incontrando così tante resistenze nella società giapponese?

E’ difficile dirlo da osservatori esterni. Innanzitutto c’è il dibattito politico interno, perché si tratta di un tema costituzionale talmente radicato nel sistema educativo giapponese che, nel bene e nel male, coinvolge quasi tutti. E’ ovvio che se questa riforma viene presentata con toni sbagliati, come una sorta di ritorno indietro allora può creare numerose difficoltà al governo. Ma è comunque un dibattito aperto e c’è chi perfino sostiene che non c’è bisogno di modificare l’art. 9 per partecipare a missioni di peace-keeping, che Tokyo in sostanza possa già intraprendere buona parte delle azioni richieste dalla comunità internazionale. Questo tema, tuttavia, rischia di polarizzarsi su un argomento, guerra-pace, molto delicato che però finisce per diventare fuorviante rispetto al problema. Soprattutto per noi è infatti più interessante cercare di capire, al di là del dibattito interno, quali siano gli effetti di questa riforma in Asia. E paradossalmente, a parte per qualche rimostranza cinese più diretta agli americani che non al Giappone, nella regione tutto tace. Tendenzialmente infatti, l’idea che nella regione ci sia un altro giocatore di peso militare importante è in realtà rassicurante per molti paesi più piccoli i quali, più che un riarmo giapponese, temono un disengagement americano. Questo è il vero problema: la paura che ci possa essere un reflusso isolazionista americano dalla regione asiatica. Il dibattito interno alla società giapponese è complesso, articolato, riguarda le loro motivazioni e il loro rapporto con la storia recente. Ma come si può ben vedere se la riforma dell’art. 9 dovesse passare non ci sarebbero alterazioni degli equilibri o un aumento critico delle tensioni, tutt’altro. Poiché ciò che preoccupa è come detto un ritiro progressivo degli Stati Uniti dall’Asia, l’idea di una potenza militare navale che ha uno stretto rapporto con Washington potrebbe anzi dare un senso di bilanciamento rafforzando l’equilibrio regionale.

 

dimanche, 28 février 2016

Noorse premier waarschuwt EU: Zodra Zweden instort sluiten wij onze grenzen

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Noorse premier waarschuwt EU: Zodra Zweden instort sluiten wij onze grenzen

Premier Erna Solberg: ‘Wij zijn op het ergste voorbereid’


Dankzij de massa immigratie staat Zweden op de rand van instorten. Zodra dat gebeurt trekt Noorwegen zich terug uit Schengen en sluit zijn grenzen.

De totaal falende bewaking van de EU-buitengrenzen, waardoor lidstaten gedwongen werden weer controles aan hun eigen grenzen in te stellen en het Schengen Verdrag daarmee feitelijk buitenspel zetten, noopt Erna Solberg, premier van Noorwegen (foto), tot de waarschuwing dat als Zweden binnenkort instort onder het gewicht van de migrantencrisis –en dat lijkt nauwelijks meer te voorkomen-, Noorwegen zijn grenzen sluiten en zich daarnaast terugtrekt uit het vluchtelingenverdrag van de Geneefse Conventie.

Premier Solberg verklaarde gisteren dat Noorwegen ook het Schengen Verdrag opzegt en zijn grenzen sluit ‘zodra alles instort en de stroom (vluchtelingen) blijft komen en ze allemaal in Noorwegen terechtkomen –omdat wij het eindpunt van Europa zijn... Wij zijn op het ergste voorbereid.’

De Noorse Orde van Advocaten wijst er echter op dat Noorwegen gebonden is aan ‘internationale verplichtingen’ om (onbeperkt) migranten te accepteren, zonder naar hun asielkansen te kijken.

Sociale systeem wankelt door massa immigratie moslims

In oktober 2015 erkende Margot Wallstrom, minister van Buitenlandse Zaken van buurland Zweden, dat de overheid door de aanhoudende migrantentoestroom onstabiel is geworden, en de sociale zekerheid dreigt in te storten omdat bijna alle 190.000 moslims die jaarlijks naar Zweden komen permanent afhankelijk zullen zijn van een uitkering. ‘Op de lange duur zal ons systeem daardoor instorten,’ waarschuwde de minister.

De Zweedse regering is nu al in grote financiële problemen gekomen, en overweegt om extra geld in het buitenland te lenen en de belastingen, die toch al tot de hoogste van Europa behoren, verder te verhogen om de massa immigratie nog enkele jaren te kunnen blijven betalen.

Op 9 oktober bevestigde de Zweedse premier Stefan Löfven dat de migranten een crisis in Zweden hebben veroorzaakt. Na een spoedzitting van zijn linkse kabinet verklaarde hij dat Zweden zich ‘voor één van de grootste humanitaire opgaven’ ooit gesteld ziet.

Deense historicus: Zweedse economie zal instorten

De Deense historicus en auteur Lars Hedegaard schreef dat het links-liberale open-grenzenbeleid van Zweden, wat te vergelijken is met dat van Duitsland en Nederland, het voortbestaan van het land in gevaar heeft gebracht. ‘Het uiteindelijk gevolg van het Zweedse immigratiebeleid is dat de economie zal instorten. Want wie moet dat alles gaan betalen? En economische instortingen, als ze eenmaal komen, vinden altijd heel erg snel plaats.’

Daniel Vesterhav, interim hoofd van het Zweedse bureau van criminaliteitsstatistieken, had al in juni de noodklok geluid over de snelle groei van criminele Marokkaanse bendes die almaar meer geweld gebruiken, vooral tegen rivaliserende groepen. Net als de rest van Europa worstelt Zweden met de razendsnelle islamisering en daaraan verbonden radicalisering van de reeds lang in het land wonende moslims.

Zwedens enige integratie politie-inspecteur Ulf Boström zei vandaag dat in grote steden zoals Göteborg ‘zeer sterke Wahhabistische leiders en centra bestaan, die als religieuze motoren’ van het internationale jihadisme werken. Officieel zijn 299 Zweedse moslims naar het Midden Oosten afgereisd om zich aan te sluiten bij ISIS, maar hun werkelijke aantal is vermoedelijk een veelvoud hiervan.


Xander

(1) Infowars

vendredi, 26 février 2016

« A Bagdad, il y a un régime de pompiers pyromanes… »

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« A Bagdad, il y a un régime de pompiers pyromanes… »

Entretien avec Gilles Munier, par Cherif Abdedaïm (La Nouvelle République – Algérie – 25/2/16)

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

28_photo_31195_61969.jpgRécemment, le ministre Jaafari a estimé que le soutien international et régional n’est pas à la hauteur des défis auxquels fait face l’Irak. D’une part, quels seraient ces défis dont par le ministre irakien ; et d’autre part, quelles seraient les attentes du gouvernement irakien en matière de soutien international ?

Gilles Munier : En Irak, quand un dirigeant prend position, il faut commencer par se demander qui il est. Ibrahim al-Jaafari, actuel ministre des Affaires étrangères - de son vrai nom al-Eshaiker, une famille originaire d’Arabie - représentait le parti Al-Dawa à Londres du temps de Saddam Hussein. Il a été choisi par les Américains et les Britanniques – donc aussi par la CIA et le MI6 - pour présider le Conseil de gouvernement mis en place dès la chute de Bagdad en 2003. La coalition l’a ensuite nommé vice-président du Gouvernement intérimaire, puis Premier ministre. Un homme de confiance donc, jusqu’à ce que George W. Bush qui ne supportait pas ses timides récriminations le remplace en 2007 par Nouri al-Maliki, jugé – à tort - plus arrangeant. Afin de se rester dans la course au pouvoir, Jaafari a alors créé un parti concurrençant Al-Dawa. Pour lui, le principal défi de l’Irak est – cela va de soi - le maintien de son intégrité territoriale. Mais, y croit-il vraiment ? Est-ce bien son but ? Il est bien placé pour savoir ce que son ami Joe Biden attend de lui. Le vice-président des Etats-Unis, ordonnateur de sa carrière, est un des artisans du projet de démembrement de l’Irak.

Autre défi – cela va aussi de soi - la stabilité du pays. Mais Jaafari est aussi bien placé pour savoir que le confessionnalisme a totalement déstabilisé l’Irak… puisqu’il y contribue depuis 2003 !

L’Irak, par la faute de Jaafari et consort, est à feu et à sang. Ce sont des pompiers-pyromanes. Le mur de sécurité qu’ils construisent autour de Bagdad symbolise leur échec, d’où leurs « attentes »: un accroissement du soutien étranger - occidental, russe et iranien – à leur régime toujours plus d’armes, la formation de miliciens chiites camouflés en militaires ; le bombardement des zones sous contrôle de l’Etat islamique.

L’éclatement de l’Irak a été le plus grand bouleversement stratégique au Moyen-Orient, dans la deuxième moitié du XXe siècle. Il a déstructuré la politique régionale et internationale au Moyen-Orient. D’un Etat que les Américains considéraient comme Etat-voyou, nous nous trouvons maintenant avec un Etat défaillant. Ce que souhaitent nombre de puissances régionales et notamment la Turquie et même une partie des leaders politiques américains, le dépeçage de l’Irak et sa division en trois entités chiites, sunnites et Kurdes. D’après-vous, y -aurait-il une possibilité pour les Irakiens de déjouer ce plan ?

Je crains que la situation soit irrattrapable. Le régime de Bagdad n’a rien fait pour déjouer le plan de partition du pays. Il en fait partie. Les Américains - et les Britanniques qui ont une grande expérience en matière de manipulation des ethnies et des communautés religieuses - savaient ce qu’ils faisaient en portant au pouvoir des individus connus pour leur sectarisme. Nouri al-Maliki a fait le lit de l’Etat islamique en refusant de partager le pouvoir avec les sunnites de la région d’Al-Anbar, en les réprimant sauvagement et en ordonnant la retraite de l’armée gouvernementale stationnée à Mossoul. Son successeur Haïdar al –Abadi, qui vient de Manchester, n’arrive pas à ses faire obéir dans son propre camp. En janvier dernier, il a dû envoyer des troupes et des chars à Bassora pour rétablir un semblant d’ordre. Il parle de reconquérir Mossoul d’ici l’été. On verra. Mais cela signifie détruire la ville – comme cela a été le cas pour Tikrit et Ramadi – et peupler les camps du Kurdistan et de Turquie de centaines de milliers de nouveaux réfugiés.

Pendant ce temps, Massoud Barzani annonce d’ici la présidentielle américaine un referendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien, un projet soutenu officiellement par Israël. S’y opposer déclencherait une nouvelle guerre arabo-kurde…

Pour déjouer les manœuvres visant à partitionner l’Irak, il faudra d’abord que les chiites parlent d’une seule voix, celle d’un homme à poigne. Je ne vois que Hadi al-Amiri, chef de la Brigade Badr, qui puisse remplir ce rôle.

Entre ceux qui instrumentalisaient un chaos contrôlé et ceux qui prêchaient les vertus d’un chaos constructif, on se trouve actuellement devant un chaos chronique en Irak dont les répercussions dangereuses dépassaient les frontières de ce qui était un Etat fort. Si jamais le plan de partition préconisé par certains réussissait, quelles seraient ses répercussions sur le plan régional, et notamment la Syrie ?

Sans les interventions militaires russe et iranienne, Damas serait tombée. Il n’est pas dit que Bachar al-Assad arrive à reconquérir le nord de son pays. Mais s’il y parvient : qui reconstruira les villes, villages et infrastructures détruits ? Avec quels moyens ? Quelle sera l’attitude des millions de réfugiés à l’égard du régime ? Trop de questions demeurent en suspens. Rien n’est joué car la Turquie – et donc l’Otan – ne laisseront pas l’influence russe se développer aux portes de l’Europe.

Qui sait si le projet de reconfiguration du Proche et Moyen-Orient ne comprend pas aussi la « dé-saoudisation » de l’Arabie, la partition de la Turquie et de l’Iran ? L’ayatollah Khamenei a raison de dire que les Gardiens de la Révolution combattent en Irak et en Syrie pour ne pas avoir à le faire un jour en Iran.

En l’absence d’acteurs politiques transcommunautaires éliminés ou affaiblis par la politique américaine, le champ est resté entièrement libre aux partis et aux mouvements communautaires de tous genres. Pensez-vous que ces forces politiques arriveraient un jour à un consensus qui pourrait « replâtrer » l’Irak ? Dans ce cas précis, quelles sont les options pour l’Irak pour sortir de cette logique de l’unilatéralisme américain ?

Un consensus permettant de « replâtrer » l’Irak ? Un jour, peut-être, dans deux ou trois générations. Il n’y a rien espérer des hommes politiques irakiens actuels.

Pour sortir de la logique de l’unilatéralisme américain, les peuples de la région n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers Moscou. L’Europe est un nain politique et la Chine prudente. Mais, attention danger ! Si la confrontation USA-Russie dérape en Syrie ou en Irak, il faut s’attendre au pire, y compris une guerre mondiale. Ce n’est pas moi qui le dit, mais Dimitri Medvedev, Premier ministre russe, il y a quelques jours…

La guerre froide à laquelle nous assistons entre Ryad et Téhéran ne risque-t-elle pas de se répercuter sur la scène irakienne avec notamment un regain de violence entre chiite et sunnites ?

Elle se répercute sur la scène irakienne depuis 2003. Des centaines de milliers d’Irakiens sont morts ou ont été déplacés parce qu’ils étaient sunnites ou chiites. La violence sectaire a débordée en Syrie, au Liban, au Yémen, et même au Pakistan et au Nigéria. A qui la faute ? Aux Etats-Unis qui ont envahi l’Irak.

Les Saoudiens obsédés par le « croissant chiite » et la « menace chiite safavide » jettent de l’huile sur le feu en permanence, tandis que l’Iran temporise. Le Proche et le Moyen-Orient semblent entraînés - contre le gré de ses peuples - dans une guerre sunnite/chiite. Si elle éclate – comme cela a été le cas de la guerre Iran-Irak - personne n’en sortira vraiment vainqueur.

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Quelle nouvelle configuration pour l’Irak pourrait-on envisager dans la période de l’après- Daech ?

En juin 2014, le parti Baas clandestin envisageait de déclarer à Mossoul la formation d’un « Gouvernement provisoire de la République irakienne » auquel auraient participé des représentants des organisations de la résistance anti-américaine, des tribus et des minorités religieuses et ethnies du pays. Daech l’en a empêché. Depuis, l’Etat islamique s’est structuré et fonctionne comme un véritable Etat.

L’après- Daech n’est donc pas pour demain. Certes, les armées locales et étrangères stationnées dans la région et leurs aviations ont les moyens de raser la province d’Al Anbar, d’éliminer Abou Bakr Al-Baghdadi, mais pas celui de « reconquérir les cœurs et les esprits », faute de projet alternatif viable. C’est pourtant ce qui risque de se passer. Mais, l’occupation de la région de Ninive - comme elle l’était par l’armée gouvernementale avant la prise de Mossoul par Daech - déboucherait sur un Daech II, avec la réactivation de toutes les organisations islamiques lui ayant prêté allégeance. Au Proche-Orient et dans le monde par voie de conséquence, le terrorisme a malheureusement encore de « beaux jours » devant lui. Pauvre Irak…

http://www.france-irak-actualite.com/2016/02/a-bagdad-il-...

« Afrique : le cauchemar démographique »

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« Afrique : le cauchemar démographique » présenté par Yves-Marie Laulan et « Africanistan » de Serge Michaïlof

Ex: http://www.polemia.com

Yves-Marie Laulan, essayiste, démographe, économiste et géopoliticien

Le 15 mai 2015, l’Institut de géopolitique des populations organisait un colloque sur le thème « Afrique : le cauchemar démographique ». Les actes en ont été publiés aux éditions L’Æncre dans un opuscule qui mérite de retenir l’attention.

A la question qui constituait le sous-titre de la manifestation : Les 4,2 milliards d’Africains pourront-ils submerger l’Europe ? les intervenants ont apporté une réponse qui n’est certes pas exempte de motifs d’espérance, mais qui n’est finalement pas très encourageante.


I-Grande-21524-afrique-le-cauchemar-demographique-les-4-2-milliards-d-africains-pourraient-ils-submerger-l-europe.net.jpgLa plupart des orateurs sont connus pour leur expertise des questions relatives à l’Afrique et à la démographie. A tout seigneur tout honneur, Yves-Marie Laulan, en sa qualité de président de l’IGP, situe en introduction, avec son talent habituel, les certitudes mais aussi les incertitudes et les enjeux du problème de l’explosion démographique de l’Afrique Noire : baisse continue de la mortalité, poids croissant de la population jeune, montée de l’islamisme radical, rôle encore insuffisant des diasporas.

Philippe de Parseval, qui intervient sur les diagnostics et les remèdes au mal africain, partage avec Yves-Marie Laulan la conviction que la solution au problème de l’Afrique réside dans la mise en place d’un partenariat entre des fondations privées et les structures locales pour favoriser l’investissement sur place, plutôt que leur recours aux organisations internationales et aux Etats trop souvent corrompus. Tous les deux se réfèrent au « plan Marshall Borloo », qui reposait précisément sur cette orientation.

Mais on ne manquera pas de relever que Jean-Paul Gourévitch, grand spécialiste s’il en est des questions de migration, est loin de communier dans cet optimisme, puisqu’il va jusqu’à qualifier le plan Borloo de « rêve »… Avec Denis Garnier, président de Démographie responsable, c’est un tableau nettement moins engageant qui se dessine, données statistiques précises à l’appui.

Parmi les autres interventions, deux autres méritent d’être signalées, bien qu’elles ne soient pas directement des analyses démographiques, car elles apportent des compléments utiles et très documentés au thème central du colloque :

– la première est celle de Bernard Lugan, qui dans une intervention intitulée « Osons dire la vérité à l’Afrique », souligne que toute analyse de ce continent doit reposer sur une approche ethno-historique, et qui rejoint Laulan et Gourévitch sur l’importance des diasporas, même si tous sont convaincus qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir ;

 – la seconde émane d’Aristide Leucate, qui présente un tableau très documenté de la situation de « l’islam en Afrique ». On comprendra, bien sûr, que cette intervention n’est qu’en apparence hors sujet, tant le facteur de la montée de l’islam dans les pays d’Afrique subsaharienne contribue de toute évidence à l’exacerbation des tensions au sein même du continent et, bien entendu, à la pression croissante des flux migratoires vers l’Europe.

***

Michailof_une_bat.jpgUn autre ouvrage, Africanistan, de Serge Michaïlof, apporte un autre éclairage sur la question des rapports avec le continent africain. Beaucoup plus développé et technique que le petit livre cité précédemment, et axé essentiellement sur les problèmes du Sahel, il se définit comme un cri d’alarme, et son sous-titre, L’Afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues ?, rejoint celui du précédent. Il pourrait tout aussi bien s’intituler : « Demain, un nouveau Camp des Saints ? »

Mais l’auteur, ancien expert de haut niveau auprès de l’Agence française de développement, n’a pas voulu écrire pour faire peur. Il analyse de façon très circonstanciée, mais sans approche technocratique, les atouts et les risques qui pèsent sur l’Afrique subsaharienne, et dresse la liste des conditions d’un possible redressement, en tirant notamment les leçons, a contrario, de l’échec des politiques menées par l’Occident en Afghanistan.

Il considère en effet, à l’instar des orateurs de l’Institut de géopolitique des populations, que les faiblesses inhérentes aux spécificités ethno-historiques du continent africain (corruption des régimes, désintérêt pour le secteur rural, cannibalisation des budgets par les besoins de financement du secteur militaire, pour faire face aux nombreux conflits interethniques, économiques et désormais politico-religieux, etc.) sont renforcées par la méconnaissance de ces spécificités par les pays occidentaux.

Quelques succès ayant été enregistrés dans certains pays, il est de bon ton, depuis quelques années, d’afficher un « afro-optimisme » après avoir pendant des décennies vécu dans l’idée reçue que « l’Afrique Noire est mal partie », pour reprendre le titre de l’emblématique ouvrage de René Dumont de 1962.

Serge Michaïlof montre bien que ces succès sont le plus souvent des trompe-l’œil : il en va ainsi de la Côte d’Ivoire, dont le boom économique appartient au passé, du Nigeria, ou d’autres Etats dont l’économie repose sur une ressource dominante, généralement le pétrole, et qui démontrent rapidement leur extrême fragilité. Au total, nous dit l’auteur, « les défis pour l’Afrique sont tout à fait spécifiques et proviennent de ce que la transformation structurelle de son économie est en retard par rapport aux autres régions du monde ».

Mais, là où on s’attend à un énième pensum sur la faute du colonialisme ou sur les méfaits de la « Françafrique » et des multinationales pétrolières – à cet égard, le bandeau annonçant qu’Eric Orsenna a vu dans le livre « un portrait qui fascine et dérange » n’incite guère à en entreprendre la lecture – on est au contraire frappé par le caractère objectif et équilibré de l’analyse.

En effet, à aucun moment l’auteur ne laisse entendre que la solution serait de mener une politique de « portes ouvertes » forcenée, telle que la préconisent les Merkel et les Juncker. S’il refuse les incantations simplistes du type « Ils repartiront » ou « Boutons-les hors de nos frontières », les conclusions de son chapitre XIV « Intégrer tous les migrants ? » sont claires : non, l’immigration venue d’Afrique (mais cela vaut tout autant pour celle du Moyen-Orient), compte tenu de l’écart économique, n’est pas une chance pour la France ; oui, la société multiculturelle, compte tenu précisément des écarts culturels, est un germe de désagrégation de nos sociétés. Cela rejoint l’idée qui nous est familière, parce que confirmée quotidiennement par la réalité, que les sociétés multiculturelles sont multiconflictuelles.

Serge Michaïlof conserve malgré tout l’espoir que les atouts incontestables dont dispose l’Afrique subsaharienne – abondance des ressources minières et agricoles, main-d’œuvre disponible, accès largement répandu aux nouvelles technologies, progrès technologiques, etc. – puissent être mis en valeur à la fois par des réformes internes, et surtout par une modification radicale de la posture des pays les plus favorisés : cela signifie, par exemple, la remise en valeur de l’économie agricole, la fin du pillage des ressources énergétiques, et l’augmentation de l’aide à des investissements réalisés sur place et utilisant la main-d’œuvre locale.

Il est inutile de préciser que de telles orientations supposent la mise en place de procédures et de contrôles qui ne plairont ni aux « élites » des pays concernés, ni aux entreprises transnationales dont la seule règle de conduite est la maximisation du profit, et dont les dirigeants – la superclasse mondiale – ne sont guère sensibilisés aux désagréments provoqués par l’irruption de migrants dans leur banlieue sécurisée.

Par ailleurs, Serge Michaïlof ne s’étend guère sur la dimension démographique de la situation, sinon pour constater son importance. Or, la prégnance dans la mentalité des peuples africains de l’idée qu’il n’est de richesse que d’hommes, qui leur vient du fond des âges, mais qui est renforcée tant par l’influence du christianisme (catholique ou « évangéliste ») que par celle de l’islam, freine considérablement toute possibilité de politique de maîtrise de la natalité. On rejoint ici les réflexions du colloque de l’Institut de géopolitique des populations.

Malgré ses limites, lisez Africanistan, car ce sont des ouvrages comme celui-là qui esquissent des pistes de réflexion et d’action dans un domaine où la bien-pensance et les idées reçues se donnent généralement libre cours.

Bernard Mazin
23/02/2016

Yves-Marie Laulan (Présenté par), Afrique : le cauchemar démographique, Ed. L’Æncre 2015, 135 p.

Serge Michaïlof, Africanistan, Ed. Fayard 10/2015, 365 p.

Correspondance Polémia – 26/02/2016

jeudi, 25 février 2016

L'Allemagne perd-elle la main en Europe?

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L'Allemagne perd-elle la main en Europe?

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Angela Merkel ne nous avait pas habitués à ça. A "l'incroyable Mme Merkel", on prêtait la capacité d'absorber tous les chocs et de protéger son peuple de leurs répliques, grâce à un « pragmatisme » hors normes, à la mesure de l'excellence supposée du « modèle allemand ». Dans un livre intitulé Angela Merkel et nous etparu en 2013, le journaliste Ralph Bollmann expliquait en ces termes l'imperméabilité de Mutti au phénomène classique de l'usure du pouvoir : « tant que la crise durera, les Allemands plébisciteront Angela Merkel (…) sa côte de popularité est liée au fait qu'elle [les] préserve de l'effort ».
 
Pourtant, la chancelière semble aujourd'hui en difficulté. Un sondage paru en fin de semaine dernière dans l'hebdomadaire Focus indique que près de 40 % des Allemands sont favorables à son départ. C'est beaucoup, même si un tel départ est très improbable à ce stade. Ça tombe en tout cas fort mal alors que des scrutins régionaux s’apprêtent à ponctuer toute l'année 2016, tels ceux de Rhénanie-Palatinat, du Bade-Wurtemberg et de Saxe-Anhalt qui auront lieu dès le 13 mars.
 
Or les enquêtes d'opinion font d'ores et déjà apparaître un fait saillant : le parti de droite radicale Alternative für Deutschland (AfD), un temps affaibli pour cause de règlements de comptes entre représentants de l'aile « libérale » et tenants de l'aile « conservatrice », a à nouveau le vent en poupe. Une enquête d'opinion le donne à 13%. Et la toute dernière sortie de Frauke Petry, sa patronne, semble indiquer que l'aile anti-immigration du parti s'est imposée face à l'aile anti-euro. Elle montre d'ailleurs peu de goût les précautions oratoires. Petry a en effet suggéré, pour lutter contre l'afflux de migrants à la frontière germano-autrichienne, que les policiers allemands pourraient éventuellement.... tirer sur les réfugiés ! En décembre, un autre élu du parti, Björn Höcke, s'était déjà illustré en affirmant que « le comportement reproductif des Africains » était une menace pour l'Allemagne. 
 
Le rebond de l'AfD et l'orientation prise par celui-ci ne sont évidemment pas sans causes. C'est bien la politique migratoire d'Angela Merkel qui les a provoqués, tout comme elle a provoqué la colère de la CSU bavaroise, et une fronde au sein même du parti de la chancelière, la CDU. Cette politique parfaitement erratique a d'abord consisté à annoncer l'accueil sans limite des réfugiés, avant, quinze jours plus tard, d'opérer un virage au frein à main et de rétablir précipitamment le contrôle aux frontières. A l'immense déception, sans doute, de ces commentateurs hexagonaux qui aiment à se prosterner devant la supériorité supposée de l'Allemagne pour mieux déprécier la France. Que d'eau apportée à leur moulin par l'initiale générosité merkelienne, et par les images - certes touchantes - de ces volontaires allemands se portant au devant des réfugiés la bouche pleine de mots de bienvenue ! On semblait découvrir que la précellence germanique, loin d'être limitée aux performances économiques, était également morale. Le pays confirmait son statut « puissance de paix » et se révélait ouvert, bienveillant, assuré, et définitivement à l'aise, désormais, avec son identité.
 
Quelques indices, toutefois, signalaient à qui voulait bien les apercevoir que le tableau était moins rose. Assez rapidement, les structures d'accueil se sont trouvé débordées, par exemple à Munich, une ville ayant connu, à l'automne 2015, des pics d'arrivées à plus de 10 000 personnes par jour. Même s'ils sont imputables à des groupuscules d'hyper-excités, les actes racistes augmentent à vive allure. Selon la BBC, la police fédérale allemande aurait annoncé une multiplication par cinq en un an des attaques contre les foyers de réfugiés. Celles-ci seraient passées de 199 en 2014 à 1005 en 2015. La semaine dernière, un centre d’accueil a même été attaqué... à la grenade
 
Et puis, il y a désormais le souvenir Cologne. De Cologne et des 700 plaintes pour agressions sexuelles déposées depuis cette fameuse nuit de la Saint-Sylvestre, dont on sent bien qu'elle marque un tournant dans le rapport du pays au phénomène migratoire. Comment la société allemande encaissera-t-elle le choc à long terme ? Difficile à prédire. Dans un article paru dans Le Débat et traitant des relations entre la France et l'Allemagne, Luuk van Middelaar souligne la manière très différente, dans chacun des deux pays, d'appréhender chocs exogènes et imprévus. « En France, un événement, même un événement dramatique, reste un signe de vie, de renouvellement, un appel à l'action (…) la presse transforme dûment la chose en un moment collectif, une nouvelle page dans le roman de la nation. (…) En Allemagne, en revanche, un événement sape l'ordre. La classe politique peine à la lire ; une crise y produit un non-sens, de la panique. Cela donne parfois des revirements brusques, mal contrôlés, telle la sortie du nucléaire en 2011 à la suite du tsunami japonais, ou les zigzags entre charité et fermeture face aux vagues migratoires de l'été 2015 », explique le philosophe néerlandais. Dans ces conditions, quel genre de « revirements brusques » et autres « zigzags » l’événement de Cologne nous promet-il ?
 
Le problème, par ailleurs, est qu'il n'arrive pas seul. Sans doute l'assurance allemande, due à la place prépondérante que le pays occupe en Europe, risque-t-elle d'être aussi entamée par la dégradation des relations avec ses voisins de l'Est.
 

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Les pays d'Europe centrale ont toujours été considérés comme appartenant à la sphère d'influence naturelle de l'Allemagne - comme son Hinterland - raison pour laquelle Berlin a beaucoup œuvré en faveur des élargissements de l'Union dans les années 2000. « Pour l'Allemagne, l'élargissement à l'Est est autant un devoir historique et moral qu'une nécessité politique. C'est de Pologne, de Hongrie et de Tchécoslovaquie qu'est partie, à des titres divers, la révolution pacifique qui a ouvert la voie à l'unification allemande. En outre, cet élargissement à l'Est plonge ses racines dans la célèbre Ostpolitik initiée dans les années 1970 par Willy Brandt », expliquait il y a quelques années le spécialiste Jacques-Pierre Gougeon. Une longue histoire donc, que la question migratoire vient compliquer, depuis que ces pays, Hongrie en tête, ont décidé de fermer leurs frontières aux réfugiés. Sans parler de la Pologne, partenaire majeur de la République fédérale. On s'en souvient, Angela Merkel avait toutfait pour imposer l'ancien premier ministre de ce pays, Donald Tusk, à la tête du Conseil européen. Aujourd'hui, le nouveau gouvernement de Varsovie va parfois jusqu'à convoquer l’ambassadeur allemand, une pratique pour le moins inhabituelle entre deux membres de l'UE ! Bref, la Mitteleuropa a du plomb dans l'aile.
 
merkel_untergang.jpgPendant ce temps-là, l'Europe du Sud non plus n'est pas immobile. Les gauches y grignotent du terrain jour après jour, ce qui ne manquera pas, à terme, de faire resurgir le volet économique d'une crise européenne désormais globale. Bien sûr, l'acharnement, entre janvier et juillet 2015, de la Banque centrale européenne et d'un Eurogroupe largement dominé par le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, ont réussi à briser Syriza en Grèce. D'ailleurs, la situation désespérée d'Athènes permet à Berlin de se livrer à présent à un marchandage indigne, en proposant à la Grèce plus de souplesse dans la mise en œuvre du troisième mémorandum contre davantage d'efforts dans le contrôle des frontières extérieures de Schengen. 
 
Mais au delà de la Grèce, c'est toute l'Europe méditerranéenne qui est travaillée par une poussée anti-austéritaire. C'est le cas du Portugal, où le gouvernement socialiste soutenu par la gauche radicale tient actuellement tête à Bruxelles dans le cadre de la mise en œuvre du « semestre européen ». C'est aussi la cas de l'Espagne, où l'on sent bien que, malgré les actuelles difficultés à former un gouvernement, il faudra désormais compter avec l'atypique parti Podemos. De fait, si ni le Portugal ni l'Espagne ne semblent sur le point de renverser la table dans l'immédiat, si aucun des deux pays, par exemple, n'envisage de quitter la zone euro et si l'expérience Syriza a quelque peu dégrisé les gauches alternatives, il n'en reste pas moins que les évolutions anti-austéritaires conjuguées au Sud contribuent à mettre la pression sur les pays créanciers d'Europe du Nord.
 
Enfin, un dernier élément de contexte à ne pas négliger réside dans la menace du Brexit, la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. Celle-ci reconfigurerait en profondeur les équilibres au sein de l'UE. Bien que n'étant pas membre de l'euro, Londres demeure un allié pour Berlin lorsqu'il s'agit de faire évoluer l'ensemble européen vers davantage d'austérité et de déréglementation. Un allié dont la perte potentielle est jugée suffisamment dommageable pour que l'Allemagne ait choisi de mettre sur pied un groupe de travail anti-Brexit installé à Berlin, et chargé de trouver des « arrangements créatifs » pour de répondre aux exigences de David Cameron.

***

Des alliances que l'on croyait indéfectibles et qui s'effritent, des équilibres qui changent lentement mais sûrement, la trajectoire sur laquelle se trouve engagée l'Union européenne a de quoi inquiéter son maillon dominant, l'Allemagne. D'autant que le pays se trouve désormais tourmenté par une crise migratoire mal abordée, qui tend à prendre une place croissante dans la vie politique du pays. Pour autant, ceci n'empêchera pas la crise de l'euro de refaire violemment surface à la première occasion, réactivée par le retentissement de l'économie mondiale ou par quelque nouvelle crise financière survenant inopinément . Aussi peut-on sérieusement s'interroger : l'Allemagne est-elle en train de perdre la main en Europe ? Ira-t-elle jusqu'à perdre pied ?
 
 
Article initalement paru sur FigaroVox. 

Brexit: la Grande-Bretagne fait-elle du "chantage"?

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Brexit: la Grande-Bretagne fait-elle du "chantage"?

Ex: http://l-arene-nue.blogspot.com

 
Allons bon : voilà que la perfide Albion nous ferait « du chantage ». Après le sommet européen de la fin de semaine dernière et l'accord anti-Brexit conclu entre David Cameron et ses partenaires, certains semblent découvrir tout à la fois que l'Union européenne n'est pas une entité unifiée mais une collection d'États membres, que tous n'ont pas les mêmes intérêts ni les mêmes traditions politiques, que les rapports entre nations sont la plupart du temps des rapports de force, que le meilleur moyen d'obtenir des concessions reste encore de montrer les muscles, et que.... et que les Britanniques ont un rapport distant au processus d'intégration européenne.
 
Ce n'est ni nouveau ni illogique, c'est simplement Britannique. Nos voisins d'outre-Manche ont toujours fait ainsi. Ils ont toujours eu un pied dans l'Europe et un pied à côté, soucieux de ménager la chèvre et le choux sans jamais s'en cacher. Ils sont montés à bord du Titanic européen bien avant que celui-ci ne percute l'iceberg, et ils ont embarqué dans un unique but : profiter du grand marché. Sans jamais envisager quelque union politique ou « saut fédéral » que ce soit, ce qui est bien leur droit. En revanche, il eût été de notre devoir, à nous Français, de ne pas tout leur céder. On n'était pas obligé d'accepter la libéralisation, la dérégulation de tout et de toute chose.
 
On les a pourtant acceptées. Mieux, on les a encouragées, et pas qu'un peu ! On l'a oublié depuis mais l'Acte unique, traité européen qui vient tout juste de fêter son trentième anniversaire, doit beaucoup à la coopération joyeuse d'un Britannique, lord Cockfield, et d'un Français, Jacques Delors. C'est au premier, ami personnel de Margaret Thatcher alors commissaire chargé du Marché intérieur, que le second, président de la Commission européenne, confia la rédaction du Livre blanc sur le marché unique. Jacques Delors aimait beaucoup cet Anglais « à l'esprit clair, à la réplique qui fait mouche et qui ne s'en laissait pas compter » (Jacques Delors, Mémoires, Plon, 2004 - p.204). Il aimait à travailler avec lui, et lui laissa la bride sur le cou pour rédiger l'étude préparatoire à la conception de l'Acte unique, texte de févier 1986 qui libéralisa la circulation des personnes, des marchandises et.... des capitaux. On s'étonne aujourd'hui que les conservateurs Britanniques défendent « la City » ? Quel scoop en effet !
 
A sa façon, Delors la défendit aussi, la City. La circulation sans entrave de la fortune, il aimait ça, l'apôtre. Pour peu bien sûr que ses effets dévastateurs soient atténués par la mise en place collatérale de ce qu'on nomma « l'Europe sociale », soit un peu de charité de dame patronnesse à partager entre aux futurs laissés pour compte d'une Europe de l'argent.
 
Comme il le raconte dans ses Mémoires, le président français de la Commission se démena comme un diable pour que le Livre blanc de Cockield soit validé par le Conseil européen de Milan de juin 1985. Et il dut mouiller la chemise, car à ce même Conseil, Français et Allemands avaient amené en douce un projet concurrent. Or ce projet se trouvait être une copie presque conforme du plan Fouchet promu au début des années 1960 par le général de Gaulle, projet d'Europe confédérale et non supranationale, projet qui faisait la part belle à la coopération intergouvernementale en matière de politique étrangère et de Défense, en lieu et place d'une intégration économique de type supranational ayant vocation à saper la souveraineté des États membres. Ah, il fallut bien de l'ardeur pour obtenir la victoire de l'Europe thatchérienne sur l'Europe gaullienne ! Jacques Delors l'emporta, et il en garde une tendresse appuyée pour le fruit de sa bataille. « J'ai dit souvent par la suite que l'Acte unique était mon traité préféré. C'est aussi parce que ce traité n'a pas un pouce de graisse », raconte-t-il encore dans ses Mémoires (p.227). Pas un pousse de graisse en effet, et de solides jalons posés pour une future Europe de vaches maigres.
 
Sans doute les Français regretteraient-ils un peu tout cela, si toutefois ils s'en souvenaient. Les Britanniques, eux, se souviennent et sont déterminés à continuer. Ils viennent d'en administrer une nouvelle fois la preuve : ils sont résolus à défendre bec et ongles leurs intérêts. Une pratique tombée en désuétude depuis si longtemps de ce côté-ci du Channel, que l'on n'en revient pas, et qu'on appose un peu vite l'étiquette « égoïsme national » sur ce qui n'est rien d'autre qu'une attitude normale.
 
Bien sûr, on peut ne pas goûter la politique - économique notamment - menée par David Cameron et par son parti. Bien sûr, on a le droit de ne pas s'ébaudir devant par le caractère inégalitaire de la société anglaise. Mais enfin, que les Tories ne soient pas à proprement parler des marxistes-léninistes n'est pas une immense découverte. Quoiqu'il en soit, ce jugement appartient avant tout aux citoyens du pays, qui ont la chance d'avoir le choix. De fait, en résistant au processus de dépossession supranationale, Londres a su se laisser des marges de manœuvre et préserver sa souveraineté nationale. Et l'avantage, quand un peuple est souverain, c'est qu'il a le droit de décider lui-même de sa destinée. Rien n'empêchera à terme les électeurs britanniques, s'ils sont mécontents des politiques actuellement conduites en leur nom, de renvoyer Cameron à ses chères études et de confier le pouvoir à Jeremy Corbyn par exemple. Celui-ci défendra sans doute un peu moins la City, mais pas forcément beaucoup plus l'Union européenne, dont il n'est pas connu pour être un zélote.
 
Le choix donc. La possibilité pour la communauté des citoyens d'ouvrir un débat démocratique qui sera sanctionné par un référendum. C'est ce qui compte dans cet affaire de « Brexit » - ou de « Brex-in ». L'opportunité donnée aux électeurs de faire le bilan d'étape d'une appartenance européenne décidée dans les années 1970, et de s'offrir une bifurcation le bilan ne les convainc pas. La possibilité de changer de politique, de décider que l'avenir peut, à un moment ou à un autre, prendre ses distances d'avec le passé, c'est cela la démocratie.
 
On peut être mécontent des résultats du « chantage » anglais, et appréhender les résultats référendum qui se tiendra le 23 juin. D'autant que la France n'a pas intérêt pour sa part à voir partir Londres demain, les pays de l'Est après-demain et pourquoi pas la Grèce le surlendemain. Cela nous laisserait plantés comme des joncs au cœur de l'élément le plus difficile à détricoter, c'est-à-dire une zone euro dominée par l'Allemagne et engluée dans la déflation.
 

Mais encore une fois, en démocratie on a toujours le choix. Alors, à quand une renégociation avec nos partenaires des termes de notre engagement ? A quand la défense effective de nos intérêts nationaux ? A quand un grand débat démocratique suivi d'un référendum pour ou contre le « Frexit »? Qui nous contraint à renoncer à ce droit imprescriptible au « chantage », que nous devons au fait d'être un pays, tout simplement ? Qui, pourquoi, et surtout, jusqu'à quand ?  
 
 
Article initialement paru dans le Figarovox.

mercredi, 24 février 2016

Monde multipolaire contre la guerre

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Monde multipolaire contre la guerre

Appel urgent en faveur d’une coalition multipolaire pour la paix

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

hd. L’appel suivant résulte de la coopération internationale d’un mouvement pour la paix venant de plusieurs pays européens et d’outre-mer. Ce texte – il existe en version courte et en version longue, reproduite ci-dessous, – a été traduit dans plusieurs langues européennes et extra-européennes et plus d’une centaine de personnalités et organisations du monde entier l’ont déjà signé. Sur le site Internet de cet appel (www.multipolare-welt-gegen-den-krieg.org) vous trouverez les noms des signataires, les diverses traductions et d’autres informations. Vous pouvez également y signer ce texte.

Notre monde se trouve à un tournant critique et dangereux. La politique destructrice d’interventions militaires unilatérales et de changements de régime illégaux pratiqués par les Etats-Unis et leurs alliés a conduit à la possibilité d’une confrontation militaire entre les grandes puissances mondiales et nucléaires pouvant déclencher une nouvelle guerre mondiale.


Ceci est un appel urgent adressé à toutes les nations, organisations et individus au monde, de se regrouper pour former une coalition mondiale cherchant à éviter une catastrophe en renforçant la coopération multipolaire, la diplomatie pacifique et le droit international, tout en rejetant catégoriquement l’interventionnisme et l’agression unilatérale.


Le monde en est arrivé là en raison de politiques étrangères menées sans vergogne, de violations flagrantes des droits de l’homme et de destruction délibérée de cultures entières. Depuis la fin de la guerre froide, la nouvelle politique agressive des Etats-Unis est ancrée dans un rapport du PNAC (Projet pour le nouveau siècle américain), publié en septembre 2000. Il est intitulé «Reconstruire les défenses de l’Amérique» et on y trouve le passage révélateur:


«…Si une paix américaine doit être maintenue et élargie, il faut qu’il y ait comme base solide une prééminence militaire incontestée des Etats-Unis….»


Sous le couvert des médias et avec des slogans tels «la guerre contre le terrorisme», «les armes de destruction massive» ou «l’humanisme», les Etats-Unis (avec ses alliés) exécutent ouvertement cette doctrine impérialiste à l’aide de l’expansion de l’OTAN, du déclanchement de multiples guerres pour le contrôle des ressources étrangères et la création de centaines de bases militaires outre-mer. Ils renversent des chefs d’Etat insoumis par des interventions militaires illégitimes ou des révolutions de couleur. Ils contaminent des régions entières avec de la munition cancérigène à l’uranium appauvri. Ils justifient l’utilisation de la torture, de la surveillance électronique, de drones tueurs, de la cyber-guerre et du recul des libertés civiles au sein du pays – alors que les donneurs d’alerte [«Whistleblower»] dénonçant ces crimes sont menacés et criminalisés.


On déclenche même une guerre économique à l’aide de sanctions et d’un capitalisme sauvage à l’aide d’accords commerciaux exigés par le Fonds monétaire international (FMI), secrètement négocié à l’instar du TTIP et par des manipulations financières contre des Etats hostiles, voire même contre ses propres alliés pour les forcer à se soumettre.

Ingérences dangereuses

Le monde est-il devenu plus sûr? Quels sont les résultats de ces actions unilatérales? Les promesses du renforcement de la démocratie, de la sécurité nationale et du bien-être économique suite aux interventions occidentales n’ont laissé qu’un héritage meurtrier d’Etats défaillants et des résultats désastreux.


En outre, cette politique unilatérale vise désormais la Russie et la Chine, ce qui expose l’humanité au risque d’une guerre thermonucléaire globale.


chica paloma.jpgEn Asie de l’Est, Washington voit l’émergence dynamique de la Chine comme une menace stratégique pour ses intérêts, et a répondu militairement par de l’agitation et en encerclant la Chine, tout en alimentant les conflits territoriaux avec ses voisins. Parallèlement, les Etats-Unis négocient en secret des accords de libre-échange néolibéraux, tel l’Accord de partenariat transpacifique (PTP), mis en œuvre pour limiter l’influence économique de la Chine, tout en permettant aux entreprises de continuer à exploiter les travailleurs, à négliger la protection de l’environnement et à rendre des nations entières impuissantes.


Pendant ce temps, les Etats-Unis et l’OTAN soutiennent un régime corrompu avec des liens nazis en Ukraine qu’ils ont mis au pouvoir par un coup d’Etat. La politique répressive de ce régime a déclenché une guerre civile qui a créé plus d’un million de réfugiés. Les habitants de la Crimée, opposés au coup d’Etat, ont décidé de rejoindre la Russie suite à un référendum. Bien que plus de 90% des électeurs aient voté en faveur de la réunification, les puissances et les médias occidentaux ont accusé la Russie d’ingérence, choisissant d’appliquer des sanctions économiques sévères et de stationner du personnel militaire et des armes de l’OTAN le long des frontières russes. L’Occident envisage même le redéploiement d’armes nucléaires «contre la menace russe». Cela rend-il le monde plus sûr?


En Syrie, une coalition constituée des Etats-Unis, des pays membres de l’OTAN et des Etats du Golfe persique mène parallèlement des campagnes illégales, d’une part en prétendant combattre le terrorisme et d’autre part en poussant à un changement de régime en Syrie, bien que ce président d’Etat ait été démocratiquement élu. Cependant, cette coalition dirigée par les Etats-Unis soutient des mercenaires extrémistes liés à al-Qaïda et Daesh en les surnommant «opposition modérée» pour faire tomber le gouvernement syrien. Elle condamne donc officiellement le terrorisme et s’engage à le combattre, mais en même temps elle continue à entrainer, financer, armer et soutenir ces groupes.


Le fait que la coalition dirigée par les Etats-Unis mène des opérations militaires spécifiques sans mandat de l’ONU et sans permission du gouvernement syrien sur territoire syrien est illégal et poursuit un tout autre objectif que les activités de la coalition entre la Syrie, la Russie et l’Iran, officiellement mandatée et soutenue par une grande majorité des Syriens craignant pour leur vie.


Au lieu de regrouper toutes les forces pour combattre le terrorisme, les pays occidentaux accélèrent la crise par une rhétorique belliqueuse, des provocations dangereuses et un mépris flagrant du droit international. Cela rend-il le monde plus sûr?

Les médias, un instrument de guerre

Le rôle des médias dans la promotion de ces guerres et de ces politiques destructrices est prépondérant. Indépendamment qu’on diabolise un chef d’Etat, une religion ou toute une nation, – les médias occidentaux renforcent les thèses et les slogans occidentaux pour alarmer le public et justifier les guerres au lieu de présenter les faits réels. On utilise des critiques politiquement motivées pour discréditer la Russie et la Syrie parce qu’elles luttent «véritablement» contre le terrorisme ou défendent légalement leurs frontières. Des accusations douteuses sont régulièrement avancées contre la Russie et son président, sans aucune preuve, et les médias occidentaux légitiment ces affirmations erronées – ce qui fausse encore davantage la réalité. Ainsi, la Russie est souvent considérée comme une menace tout aussi dangereuse qu’EI/Daesh!


N’oublions cependant pas qui a diabolisé Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi et qui est responsable du chaos qui prévaut actuellement en Afghanistan, en Irak, au Nigeria, en Libye, au Yémen, en Syrie et en Ukraine. Et qui continue à menacer d’autres pays – y compris la Russie, la Chine et l’Iran? Dans le contexte de l’augmentation des crises écologiques, de l’extrême pauvreté et des tensions sociales et religieuses croissantes, cette politique étrangère extrêmement dangereuse poursuivie par l’Occident et ses médias crée davantage de terroristes, de victimes, de réfugiés, de pauvreté et de déstabilisation – menant le monde toujours plus au bord du précipice.

Il y a une alternative

Le temps est venu pour contrer cette grave menace pour l’humanité. Il est nécessaire de restituer le respect des principes de la souveraineté, de l’autodétermination et du non interventionnisme – pour cela le respect du droit international est primordial. Bien que la plupart des populations respectent ces principes, la Russie et la Chine sont les grandes puissances mondiales qui soutiennent le concept de la multipolarité et agissent en tant que contrepoids global à l’hégémonie occidentale. Indépendamment d’éventuels problèmes de politique intérieure, leur approche coopérative est soutenue par la majorité des nations ainsi que par des alliances mondiales, telles que le Mouvement des pays non-alignés, le Groupe des 77, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les alliances latino-américaines (UNASUR, ALBA et CELAC ).


En outre, ces nations orientées vers la multipolarité fournissent des alternatives aux institutions contrôlées par l’Occident et à leurs pratiques néocoloniales. Leurs institutions multilatérales et leurs projets de développement, tels les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB), et l’important «Projet eurasien de développement de la nouvelle Route de la soie» sont construits sur le fondement du non-interventionnisme et du respect mutuel. Au contraire des accords commerciaux occidentaux, la coopération bilatérale avec ces pays du monde multipolaire apporte des résultats gagnant-gagnant pour de nombreux pays industrialisés et en développement en Afrique, en Amérique latine, en Asie et en Europe. Tout compte fait, la majorité des nations du monde soutiennent une approche multipolaire pour les affaires mondiales, fondée sur les principes de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Voilà donc la raison pour laquelle l’Occident ne veut pas de ce projet: il est clairement une menace pour son hégémonie mondiale.


Par conséquent, tous ceux qui cherchent la paix – que ce soient des nations, des organisations, des mouvements ou des individus de tout le spectre politique, économique, social et culturel - doivent se rassembler et élever leur voix commune à l’appui de la multipolarité. Cette voix doit être plus forte que les distorsions des faits présentés dans les médias occidentaux. Il faut qu’elle soutienne les médias transmettant des informations véridiques, multipolaires et indépendantes.


Ces voix pourraient s’organiser par de grandes conférences en une coalition créant des initiatives, des positions politiques et finalement une plate-forme commune.


Cette coalition multipolaire doit se développer en une force pouvant amener l’Occident à abandonner ses politiques destructrices et apporter son soutien politique et économique à des pays désireux de poursuivre une politique équilibrée de coopération et de diplomatie. Même en tant qu’individus, nous pouvons exercer une certaine pression sur les autorités et les médias en modifiant nos habitudes d’électeur et de consommateur, en utilisant l’art, la musique, le cinéma ou la littérature pour soutenir les partisans de la multipolarité. L’appel à la solidarité ne suffit pas, il faut développer un mouvement de base capable de créer des changements positifs.

Une décision que nous devons tous prendre

Depuis l’Assemblée générale de l’ONU du 15 septembre 2015 et les événements qui ont suivi, deux formes distinctes de la diplomatie nous ont été clairement affichées. Elles offrent au monde deux choix: voulons-nous vivre dans un monde unipolaire où les guerres des puissances occidentales définissent le destin du monde, ou préférons-nous un monde multipolaire où les pays souverains collaborent dans un environnement pacifique, coopératif et respectueux? Il est clair que la majorité des populations du monde choisissent la seconde variante.


Pour cette raison, nous, la majorité des populations du monde, déclarons ensemble dans la solidarité et sur le fondement de la paix et de la diplomatie, ce qui suit:

  • Nous respectons la souveraineté de toutes les nations et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Nous croyons que l’avenir de chaque pays doit être défini par leurs citoyens, indépendamment de toutes menaces et interférences de l’extérieur, et que tous les conflits multinationaux doivent être résolus à l’aide de processus politiques et de négociations diplomatiques.
  • Nous soutenons toutes les nations qui privilégient une approche coopérative et multilatérale pour traiter les affaires mondiales. La politique contre-productive et dangereuse des interventions militaires unilatérales représente une violation du droit international et doit être universellement condamnée.Nous soutenons les nations et les coalitions multinationales qui collaborent avec détermination pour en finir avec le terrorisme. Les nations qui participent directement ou indirectement à la formation, à l’armement, au financement et au soutien de groupes extrémistes liés à des terroristes, le font en violation du droit international et doivent être traduites en justice.
  • Nous saluons et soutenons explicitement tous les médias informant de manière équilibrée et juste sur les événements mondiaux. Nous condamnons fermement les médias diabolisant des dirigeants, des nations ou des religions entières et présentant sciemment des informations clairement erronées et des analyses partiales et biaisées des événements.
  • Nous nous engageons à soutenir ou à participer aux efforts non violents pour promouvoir la paix mondiale et la tolérance face à tous les peuples et toutes les croyances.

Réunissons-nous pour signer cet appel, pour diffuser largement cette déclaration et pour soutenir tous les efforts allant dans la même direction.

«NON à la guerre … OUI à un monde multipolaire!»

Source: www.multipolare-welt-gegen-krieg.org  (L’appel peut être signé sur ce site.)

(Traduction Horizons et débats)

mardi, 23 février 2016

Les Etats-Unis testent le pouvoir du TTIP sur VW

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Les Etats-Unis testent le pouvoir du TTIP sur VW

par Eberhard Hamer, économiste, Allemagne

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Vice-président Biden a comparé avec l’OTAN ce que les Américains et leurs multinationales appellent «Accord de libre échange» (TTIP). Cet accord sert à soumettre l’Europe à la dominance économique américaine et à leurs intérêts. Il y a un aspect intérieur et un aspect extérieur:

  • C’est depuis longtemps que le gang autour de Juncker à Bruxelles s’efforce de démanteler les Etats-nations européens et d’anéantir le pouvoir de leurs Parlements pour assurer le pouvoir dominant de la Commission européenne. Pour cette raison le bureau politique à Bruxelles ne négocie qu’en secret avec les Américains, en excluant les Etats-nations. Ceci contredit la clause de subsidiarité et de souveraineté de l’UE. Mais la centralisation est le programme principal de Juncker, appliquée pendant la crise financière en partant de l’union de la concurrence économique, en passant par l’union de la responsabilité, puis de l’endettement pour arriver à l’union financière. Et encore récemment en Pologne quand l’UE est intervenue contre la destitution d’agents américains dans la radiodiffusion nationale polonaise. Bruxelles ne tolère ni des opinions divergentes de gouvernements ou Parlements, ni la limitation de l’influence des Etats-Unis en Europe.

 

  • Vers l’extérieur, TTIP sert, au profit de l’économie américaine (et de l’OTAN), à l’intensification de la guerre économique envers la Russie (sanctions, guerre du pétrole, guerre des monnaies). Selon la doctrine de Brzezinski, les Etats-Unis ne peuvent maintenir leur statut de puissance mondiale que s’ils contrôlent l’Europe, et ils ne peuvent dominer l’Europe que s’ils contrôlent l’Allemagne. Ceci non seulement sur le plan politique au sens des atlantistes, mais aussi sur le plan économique: la plupart des entreprises cotées au DAX sont sous tutelle américaine. Maintenant, tout cela doit être fusionné à l’aide du TTIP en un espace économique commun euro-atlantique, opposé à la Russie.

La prise du pouvoir économique et juridique en Europe à l’aide du TTIP est accompagnée d’attaques contre des bastions économiques avant tout allemands qui ne sont pas encore gérées par les Américains. Actuellement, c’est le tour de VW.


General Motors a essayé à deux reprises d’acquérir le «gros morceau VW» à l’aide de crédits illimités de la FED. La première fois la famille Porsche les a devancés. La deuxième fois ils ont échoué avec leur plainte contre le droit de Veto de la Basse-Saxe. Maintenant, ils tentent une troisième fois de saigner, voire de déprécier VW à l’aide d’autorités et d’avocats mandatés par eux aux Etats-Unis, pour après les racheter à bon marché.


Si VW essayait la même chose aux Etats-Unis, le gouvernement américain interviendrait immédiatement sous le prétexte de l’intérêt national et sécuritaire. Le vrai scandale concernant VW est que le gouvernement allemand ne défend pas VW et qu’il se sent visiblement obligé plutôt à la puissance américaine qu’aux 100?000 employés de VW.


Si nous tolérons que les Américains détruisent VW pour favoriser ses deux concurrents américains Ford et Opel (General Motors), l’Allemagne perdra un de ses phares dont l’éclairage rayonne loin au-delà de ses frontières. Ainsi, nous commençons à comprendre ce que les Américains entreprendront contre nos autres grandes entreprises et monopolistes du savoir-faire, à l’aide du droit américain sur sol allemand créé avec TTIP.


Il n’est donc pas étonnant qu’un gouvernement qui se tait face à la destruction de VW, soit tolérant envers, voire favorise activement, la prise de pouvoir des multinationales américaines sur l’économie allemande (TTIP). Une guerre d’anéantissement, telle que les Américains la mène contre VW, serait impossible pour les Allemands aux Etats-Unis et ne serait tolérée par aucun gouvernement ou congrès américain. On voit donc bien ce que vaut un accord entre un puissant (USA) et un impuissant (UE) conclu par un pouvoir mondial avec des fonctionnaires téléguidés par lui (Commission européenne). De plus, les fonctionnaires de l’organisation patronale représentent les intérêts des multinationales contre la grande majorité de ses membres qui sont des PME.


La teneur de la prise de pouvoir économique des Etats-Unis en Europe est bien illustrée par l’itinéraire et l’agenda d’Obama. Celui-ci inaugurera avec Mme Merkel la Foire de Hanovre pour «aligner la politique et l’économie sur l’accord TTIP».  

 •
(Traduction Horizons et débats)

Privatisation: la tactique Atlantiste pour attaquer la Russie

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Privatisation: la tactique Atlantiste pour attaquer la Russie

Ex: http://www.histoiretsociete.wordpress.com

Source : CounterPunch

Par PAUL CRAIG ROBERTS – MICHAEL HUDSON

Il y a deux ans, des officiels russes discutaient de plans d’action pour privatiser un groupe d’entreprises nationales dirigées par le producteur de pétrole Rosneft, la banque VTB, Aeroflot, et Russian Railways. L’objectif de départ était de moderniser la gestion de ces sociétés, et aussi d’inciter les oligarques à commencer à ramener leurs capitaux expatriés depuis deux décennies pour les investir dans l’économie russe. La participation étrangère était sollicitée dans les cas où le transfert de technologie et les techniques de gestion pouvaient aider l’économie.

Toutefois, les perspectives économiques russes se sont détériorées, à mesure que les États-Unis poussaient les gouvernements de l’Ouest à imposer des sanctions économiques contre la Russie et que les prix du pétrole baissaient. Cela a rendu l’économie russe moins attractive pour les investisseurs étrangers. Dès lors la vente de ces sociétés aujourd’hui rapporterait des montants bien inférieurs à ce qu’ils auraient pu représenter en 2014.

Entre-temps, la combinaison d’une hausse du déficit budgétaire intérieur et du déficit de la balance des paiements a donné aux défenseurs de la privatisation un argument pour pousser davantage aux ventes. Le défaut dans leur logique est leur hypothèse néolibérale selon laquelle la Russie ne peut pas seulement monétiser son déficit, mais a besoin pour survivre de liquider plus d’éléments majeurs de son patrimoine. Nous mettons en garde la Russie d’être assez crédule pour accepter ce dangereux argument néolibéral. La privatisation n’aidera pas à la ré-industrialisation de l’économie russe, mais aggravera sa transformation en une économie rentière dont les profits seront extraits au bénéfice de propriétaires étrangers.

Pour s’en assurer, le président Poutine a mis en place le 1er février un ensemble de modalités dont le but est d’empêcher les nouvelles privatisations d’être aussi désastreuses que les ventes réalisées sous l’ère Eltsine. Cette fois les biens ne seront pas vendus en dessous du prix du marché, mais devront refléter la réelle valeur potentielle. Les firmes vendues resteront sous la juridiction russe, et ne seront pas gérées par des propriétaires étrangers. Les étrangers ont été invités à participer, mais les sociétés devront rester soumises aux lois et réglementations russes, y compris les restrictions concernant le maintien de leurs capitaux en Russie.

De plus, les firmes destinées à être privatisées ne peuvent être achetées grâce à un emprunt auprès d’une banque publique nationale. L’objectif est d’obtenir de “l’argent comptant” des rachats – idéalement de devises étrangères détenues par des oligarques de Londres et d’ailleurs.


Poutine a judicieusement écarté de la vente la plus grande banque de Russie, Sberbank, qui détient la plupart des comptes épargne de la nation. Les activités bancaires doivent évidemment rester largement un service public, et cela parce que la capacité de création monétaire par le crédit est un monopole naturel et de caractère intrinsèquement public.
Malgré ces protections ajoutées par le président Poutine, il y a de sérieuses raisons de ne pas poursuivre avec ces privatisations récemment annoncées. Ces raisons vont au-delà du fait qu’elles seraient vendues en période de récession économique résultant des sanctions économiques de l’Ouest et de la chute du prix du pétrole.

Le prétexte cité par les officiels russes pour vendre ces sociétés à l’heure actuelle est le financement du déficit du budget intérieur. Ce prétexte montre que la Russie ne s’est toujours pas remise du désastreux mythe de l’Ouest atlantiste selon lequel la Russie doit dépendre des banques étrangères et des porteurs d’obligations pour créer de l’argent, comme si la banque centrale russe n’était pas capable de monétiser elle-même son déficit budgétaire.

La monétisation des déficits budgétaires est précisément ce que le gouvernement des États-Unis a fait, et ce que les banques centrales de l’Ouest ont fait dans l’ère post-Seconde Guerre mondiale. La monétisation de la dette est une pratique courante à l’Ouest. Les gouvernements peuvent aider à relancer l’économie en imprimant de la monnaie au lieu d’endetter leur pays auprès de créanciers privés qui drainent les fonds du secteur public via le paiement des intérêts aux créanciers privés.


Il n’y a pas de raison valable de recueillir des fonds de banques privées pour fournir au gouvernement de l’argent lorsqu’une banque centrale peut créer le même argent sans avoir à payer les intérêts de prêts.

Néanmoins, il a été inculqué aux économistes russes la croyance occidentale selon laquelle seules les banques commerciales devraient créer de l’argent et que les gouvernements devraient vendre des obligations portant intérêt dans le but de recueillir des fonds. La fausse croyance selon laquelle seules les banques privées devraient créer de l’argent via des prêts mène le gouvernement russe sur le même chemin qui a conduit l’Euro-zone dans une impasse économique.

En privatisant la création monétaire par le crédit, l’Europe a fait passer la planification économique des mains des gouvernements démocratiquement élus vers celles du secteur bancaire.


La Russie n’a pas besoin d’accepter cette philosophie économique pro-rentière qui saigne un pays de ses revenus publics. Les néolibéraux l’ont promu non pas pour aider la Russie, mais pour mettre la Russie à genoux.

Essentiellement, ces russes alliés de l’Ouest – “intégrationnistes atlantistes” – qui veulent que la Russie sacrifie sa souveraineté pour l’intégration dans l’empire occidental utilisent les sciences économiques néolibérales pour prendre au piège Poutine et ouvrir une brèche dans le contrôle qu’a la Russie sur sa propre économie, rétablie par Poutine après les années Eltsine où la Russie était pillée par les intérêts étrangers.

Malgré quelques succès dans la réduction du pouvoir des oligarques résultant des privatisations d’Eltsine, le gouvernement russe a besoin de conserver les entreprises nationales comme pouvoir économique compensateur. La raison pour laquelle les gouvernements gèrent les réseaux de chemins de fer et les autres infrastructures fondamentales est de baisser le coût de la vie et celui de faire des affaires. Le but poursuivi par les propriétaires privés, au contraire, est d’augmenter les prix aussi haut qu’ils le peuvent. Cela est appelé “appropriation de la rente”. Les propriétaires privés dressent des postes de péage pour élever les coûts des services d’infrastructure qui ont été privatisés. Ceci est l’opposé de ce que les économistes classiques entendent par “libre marché”.

Il est question d’un marché qui a été conclu avec les oligarques. Les oligarques deviendront actionnaires dans des sociétés publiques avec l’argent des précédentes privatisations qu’ils ont caché à l’étranger, et obtiendront une autre “affaire du siècle” lorsque l’économie russe aura suffisamment récupéré pour permettre que d’autres gains excessifs soient faits.


Le problème est que plus le pouvoir économique passe du gouvernement au contrôle du secteur privé, moins le gouvernement a de pouvoir compensateur face aux intérêts privés. Sous cet angle, aucune privatisation ne devrait être permise à l’heure actuelle.

Des étrangers devraient encore moins être autorisés à acquérir des biens nationaux russes. Afin de recevoir un unique paiement en monnaie étrangère, le gouvernement russe remettra aux étrangers des sources de revenus futurs qui peuvent, et qui vont, être extraites de Russie et envoyées à l’étranger. Ce “rapatriement” des dividendes se produira même si la gestion et le contrôle restent géographiquement en Russie.

Vendre des biens publics en échange d’un paiement unique est ce que le gouvernement de la ville de Chicago a fait lorsqu’il a vendu contre un paiement unique les 75 ans de source de revenus de ses parcmètres. Le gouvernement de Chicago a obtenu de l’argent pour l’équivalent d’une année en abandonnant 75 ans de revenus. En sacrifiant les revenus publics, le gouvernement de Chicago empêchait les biens immobiliers et le patrimoine privé d’être taxés et permettait par la même occasion aux banques d’investissement de Wall Street de se faire une fortune.

Cela suscitat également un tollé public contre ce cadeau. Les nouveaux acheteurs augmentèrent brusquement les tarifs des stationnements de rue et poursuivirent le gouvernement de Chicago en dommages et intérêts lorsque la ville ferma les rues lors de parades publiques et pendant les vacances, en ce que cela “interférait” avec la rente d’exploitation des parcmètres. Au lieu d’aider Chicago, cela aida à pousser la ville vers la banqueroute. Il ne faut pas s’étonner que les atlantistes aimeraient voir la Russie subir le même sort.

Utiliser la privatisation pour couvrir à court terme un problème de budget crée un plus grand problème à long terme. Les profits des sociétés russes s’écouleraient en dehors du pays, réduisant le taux de change du rouble. Si les profits sont payés en rouble, les roubles pourraient être dopés par le marché de change étranger et échangés contre des dollars. Cela déprécierait le taux de change du rouble et augmenterait la valeur d’échange du dollar. En effet, autoriser les étrangers à acquérir les biens nationaux russes aide les étrangers à spéculer contre le rouble russe.

Bien sûr, les nouveaux propriétaires russes des biens privatisés pourraient aussi envoyer leurs profits à l’étranger. Mais au moins le gouvernement russe réalise que les propriétaires soumis à la juridiction russe sont plus facilement réglementés que ne le sont les propriétaires qui sont capables de contrôler les sociétés depuis l’étranger et de garder leurs fonds de roulement à Londres ou dans d’autres centres bancaires étrangers (tous soumis au levier diplomatique américain et aux sanctions de la nouvelle guerre froide).

A la racine de la discussion sur la privatisation devrait se trouver la question de ce qu’est l’argent et de la raison pour laquelle il devrait être créé par des banques privées plutôt que par des banques centrales. Le gouvernement russe devrait financer le déficit de son budget grâce à la banque centrale qui créerait l’argent nécessaire, tout comme les USA et le Royaume-Uni le font. Il n’est pas nécessaire au gouvernement russe d’abandonner pour toujours des sources de revenus futures simplement pour couvrir le déficit d’une année. Ceci est le chemin qui conduit à l’appauvrissement et à la perte d’indépendance économique et politique.

La globalisation a été inventée comme un outil de l’empire américain. La Russie devrait se protéger contre la globalisation, et non s’y ouvrir. La privatisation est le moyen pour diminuer la souveraineté économique et maximiser les profits en augmentant les prix.
Tout comme les ONG financées par l’Occident qui officient en Russie sont la cinquième colonne qui opère contre les intérêts nationaux russes, les économistes néolibéraux de Russie font de même, qu’ils le réalisent ou non. La Russie n’échappera pas aux manipulations de l’Occident tant que son économie ne sera pas hermétique aux tentatives occidentales de reformatage de l’économie russe dans l’intérêt de Washington et non dans celui de la Russie.

Source : CounterPunch, le 08/02/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

dimanche, 21 février 2016

Géopolitique. L'Europe et le recul de l'Amérique

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Géopolitique. L'Europe et le recul de l'Amérique

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'Europe pourrait bientôt se retrouver face à une occasion exceptionnelle, se libérer de la domination américaine qui pèse sur elle depuis la 2e guerre mondiale.

De cette domination, beaucoup d'européens ne veulent pas convenir, ou ne sont même pas conscients, depuis si longtemps qu'ils y sont accoutumés. Pourtant un évènement à portée historique est désormais en train de se produire. On peut penser qu'il sera irréversible.

Il s'agit de la perte mondiale d'influence de l'Amérique, autrement dit son recul. Ceci résulte en partie de la montée en puissance de la Russie et de ses « alliés » du Brics, notamment la Chine. Mais d'autres facteurs, internes à l'Amérique ou découlant du poids excessif pris par les intérêts financiers dont l'Amérique a voulu se donner le monopole, interviennent aussi

Nous les résumerons dans une premiere partie. Nous verrons ensuite, dans une seconde partie, en quoi l'Europe pourrait à cette occasion revaloriser des ressources historiques qu'elle a laissé dépérir en cédant à la domination américaine.

1. Le recul de l'Amérique

Il se manifeste sur de nombreux plans, dont chacun mériterait de longs articles. Résumons les ici en quelques paragraphes.

- La perte d'influence du pétrodollar que l'Amérique avait jusqu'ici réussi à imposer comme référence économico-monétaire internationale.

Cette perte tient à une baisse qui sera sans doute irréversible de la valeur du pétrole en tant que source d'énergie, face aux carburants de remplacement et à la crise climatique. L'Amérique ne produit pas directement beaucoup de pétrole, mais elle avait réussi à s'allier les producteurs du Moyen Orient. Par leur intermédiaire, grâce à un prix élevé du pétrole, manipulé à sa demande, elle mettait toute l'économie mondiale sous la dépendance de ses choix stratégiques. Depuis une décennie, elle avait cru pouvoir poursuivre ce jeu en exploitant ses propres réserves de gaz de schistes, mais le bas prix du pétrole rend la production de gaz de schistes ruineuse.

Le terme de pétro-dollar signifie que le dollar, en tant qu'arme de guerre contre les autres monnaies, tire sa force du poids politique considérable que lui conférait la maîtrise par les Etats-Unis des marchés pétroliers, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Or la baisse mondiale des prix du pétrole prive l'Amérique de cette arme. On dira qu'avec de bas prix du pétrole, elle avait failli asphyxier l'économie russe ou celle de concurrents comme le Vénézuéla en Amérique latine. Mais ce serait oublier que face à cette baisse, la Russie a finit par réagir en se dotant d'industries qui la rendront indépendante des seules exportations de pétrole et de gaz et qui en feront une concurrente très compétitive des Etats-Unis – tant au plan civil que militaire.

- Dédollarisation progressive d'une partie du monde.

Le terme signifie que la Chine, l'Iran ou d'autres pays importants, sans mentionner la Russie, s'orientent progressivement vers des monnaies étalon propres, notamment yuan et rouble. De même beaucoup de banques centrales vendent désormais une partie de leurs actifs en dollars. Elles se rendront donc indépendantes des manipulations de la valeur du dollar permise par l'abandon de l'or comme référence monétaire internationale.

Ces manipulations prenant de nombreuses formes, dont depuis quelques temps l'impression de dollar-papier par la Banque fédérale américaine (quantitative easing) faisaient de Washington, par l'intermédiaire de la Fed et de la Banque mondiale, l'arbitre d'une grande partie des choix d'investissements et d'échanges dans le monde. Il en sera beaucoup moins capable.

Rappelons que l'euro pourrait être un concurrent majeur du dollar. Encore faudrait-il que les pays européens membres de l'Eurogroupe s'organisent pour exploiter les possibilités de l'euro. Ils devraient commencer par faire de la Banque centrale européenne (BCE) autre chose qu'une annexe de la Fed. Nous y reviendrons dans notre seconde partie.

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- Désindustrialisation des Etats-Unis

.Depuis la montée en puissance des intérêts financiers internationaux basés à Wall Street, c'est-à-dire sous le contrôle américain, l'Amérique a renoncé à développer les investissements industriels dits de l'économie réelle qui lui avaient permis de s'imposer lors des dernières guerres mondiales. Or ceux-ci seront de plus en plus indispensables face aux nouveaux enjeux du développement, notamment dans la lutte contre les dérèglements climatiques.

Certes, avec l'exode dans les pays dits émergents des principales entreprises américaines, notamment dans le domaine numérique, l'Amérique avait jusqu'ici réussi à se conserver des avantages considérables dans l'économie réelle mondiale. Mais de plus en plus de pays décident aujourd'hui de reprendre un certain contrôle politique sur ces entreprises, ou bien leur suscitent des concurrents locaux.

- Désaméricanisation des zones d'influence traditionnelles.

Ces zones couvrent encore une grande partie du monde développé. L'Amérique en jouit pour se donner une influence mondiale bien supérieure à celle que lui donneraient ses forces propres. Elle s'appuie encore sur elles dans le conflit progressif qui l'oppose à la Russie, à la Chine et à certains pays du Brics. On les trouve au Moyen-Orient, en Amérique latine et dans une partie de l'Asie, notamment dans les pays en voie d'accepter d'entrer dans le Traité de libre-échange transpacifique imposé par Washington. L'Europe évidemment en constitue un élément fondamental.

Or depuis quelques mois, la résurrection de la puissance diplomatique et militaire de la Russie, comme en parallèle l'affirmation d'une puissance chinoise, conduisent de nombreux pays à décider de se désaméricaniser, c'est-à-dire refuser de rester sous la domination américaine, qu'elle soit politique, économique ou même culturelle. On cite à juste titre l'exemple de l'Iran ou de l'Irak. Mais nombre de pays caucasiens ou asiatiques suivent cette voie. Il n'est pas impossible que des alliés fidèles, comme Israël ou le Japon, décident à leur tour de se désaméricaniser, au moins en partie.

- Perte d'influence de l'énorme potentiel militaire américain

Ce potentiel, valant à lui seul environ 17 fois les forces cumulées du reste du monde, a toujours permis à Washington de s'imposer comme arbitre mondial et d'assurer sa domination, notamment sur l'Europe. Seule l'ex URSS, devenue la Russie de Poutine, s'était donné les moyens de faire peser sur Washington la menace d'une frappe nucléaire en retour. Or avec la nucléarisation de certains pays refusant de céder aux menaces américaines, il apparaît de plus en plus que des conflits, même locaux, opposant l'Amérique au reste du monde seraient vite stabilisés par la crainte qu'ils ne dégénèrent en conflit nucléaire, voire en 3e guerre mondiale. Les Etats-Unis ne pourraient prendre ce risque, car ils en subiraient eux-aussi en retour les conséquences catastrophiques.

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Par ailleurs, dans le domaine des armements dits conventionnels, la Russie, suivie par la Chine, ont mis au point des armes très sophistiquées, bien moins coûteuses que les grandes équipements américains, mais capables dans de nombreux cas de faire jeu égal avec eux. C'est le cas des missiles balistiques, dont un seul exemplaire, bien placé, pourrait envoyer par le fond un porte-avions. On peut citer aussi le domaine des avions de combat, avec le désastreux F35 dit Joint Strike Fighter. Le Pentagone va certainement essayer de se doter d'armes aussi efficaces que les Russes et les Chinois, mais le retard pris ne se rattrapera pas facilement

- Recul progressif des monopoles acquis depuis 50 ans dans les sciences et les technologies du futur, ainsi que dans les grands programmes associés.

Ceci tient au fait que les recherches correspondantes sont de moins considérées par Wall Street et le gouvernement fédéral soumis à ses intérêts, comme de rapport suffisant à court terme. Ne conservent de ressources budgétaires généreuses que les recherches et développement ayant un intérêt militaire. Certes, la liste en est longue. Il en résulte que l'Amérique est encore loin de perdre les positions dominantes acquises dans un certain nombre de sciences. S'y ajoute le fait qu'avec un espionnage généralisé sophistiqué, elle peut récupérer à son profit les recherches faites ailleurs, notamment en Europe ou au Japon.
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Cependant, face aux recherches russes et chinoises, ainsi que dans une certaine mesure face aux investissements du reste du monde, y compris en Europe, l'Amérique risque de se laisser évincer de domaines qui seront stratégiques. On peut mentionner la lutte contre les changements climatiques et la dégradation des éco-systèmes. Il en sera peut-être de même dans le spatial civil, l'astronomie et la cosmologie dont les retombées irrigueront beaucoup de développements dans les prochaines décennies (Voir à ce sujet notre article « A la poursuite des ondes gravitationnelles », commentant les travaux du scientifique français Pierre Binétruy;

Développement en interne d'oppositions politiques qualifiées d'anti-système.

Ce terme désigne les mouvements qui au sein même des deux grands partis américains, refusent de lier leur sort aux stratégies imposées jusq'à ce jour par le domination de l'infime en nombre mais toute puissante minorité des super-riches et super-puissants. Ces mouvements anti-système sont à ce jour représentés par deux candidats à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump pour les Républicains et Bernie Sanders pour les Démocrates.

Même s'ils ne réussisent pas à s'imposer aux forces conservatrices qui dominent la vie politique américaine, ils prendront certainement suffisamment d'importance pour militer en faveur, non pas d'un recul proprement dit de la puissance américaine mais de limites mises aux plus aventurées de ses ambitions géostratégies.

2. La remontée en puissance de l'Europe.


Pour cela un certain nombre de stratégies convergentes devront être mises en oeuvre.

Refonder les alliances à l'Est

Le premier objectif d'une Europe ayant réussi à s'affranchir de la tutelle américaine devra être d'élargir ses alliances à l'Est. Concrètement cela voudra dire considérer que son centre de gravité ne devra plus être exclusivement euratlantique, mais aussi eurasiatique.

Le premier partenaire à prendre en considération dans cette nouvelle perspective sera la Russie. Avec un certain nombre de précautions à prendre vis-à-vis de l'expansionnisme chinois, ce sera aussi la Chine. Le terme de partenaire devra être pris dans son sens le plus large, notamment concernant la Russie. Il ne s'agira pas comme actuellement avec les Etats-Unis, d'un rapport de dominés à dominants, mais de rapports entre puissances se considérant comme globalement équivalentes. Chacune disposera d'avantages spécifiques, mais la conjugaison de ces avantages produira une puissance finale qui sera dans la plupart des cas supérieure à la puissance américaine, surtout si l'exploitation quasi coloniale que celle-ci fait des ressources européennes pouvait diminuer.

Le futur ensemble eurasiatique se manifestera d'abord par des coopérations étendues dans le domaine qui est et sera à la source de toute puissance sur le long terme, sur une planète en évolution rapide confrontés à des défis multiples. Il s'agit de la recherche scientifique et technique, complétée par le plus grand nombre d'applications industrielles et économiques possible.

Inutile d'en esquisser le détail ici. Disons seulement qu'il s'agira de l'adaptation au changement climatique, à la diminution du nombre des espèces vivantes, à la raréfaction des ressources naturelles actuellement disponible. Au delà de ces priorité, on placera notamment la coopération à de grands projets structurants, par exemple l'exploration spatiale et ses multiples retombées, les biotechnologies et le génie génétique, les sciences de l'information, du numérique et de la robotique.

Dans ces divers domaines, même si l'Amérique dispose encore d'une indéniable supériorité, l'Europe, la Russie et la Chine, en conjuguant leurs ressources humaines et leurs laboratoires, pourront très vite prétendre au premier rang mondial. Ceci ne veut pas dire que tout serait mis en commun, car nécessairement les membres de l'alliance eurasiatique voudront se conserver certaines spécificités, mais beaucoup d'éléments, comme idéalement cela devrait d'ailleurs être le cas au plan mondial en matière de recherche fondamentale, pourront être développés en commun.

Un point délicat concerne les recherches susceptibles d'applications duales, civiles et militaires. La encore, si les politiques industrielles concernant les armements ne seront pas nécessairement partagées, elles pourraient reposer sur des coopérations et des symbioses étendues. Nous avons ici souvent cité le cas des avions de combat. Une coopération, par exemple, entre le français Dassault et la société russe Sukhoi Aviation Incorporated, pourrait être bénéfique pour les deux partenaires. Mais elle devrait reposer, comme d'ailleurs dans tous les domaines cités ici, sur une confiance réciproque, autrement dit excluant l'espionnage systématique.

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Une nouvelle alliance entre l'Europe, la Russie et la Chine devrait s'exprimer aussi dans le domaine diplomatique. Il s'agira de définir des politiques sinon communes du moins étroitement coordonnées vis-à-vis du reste du monde: les Amériques, l'Inde, le Japon, les Etats du Pacifique, l'Afrique. Si ces politiques peuvent conduire à des coopérations au plan de l'ensemble eurasiatique, ce sera une excellente chose. Mais il ne faudra pas craindre de manifester en tant que de besoin des positions différentes, sinon antagonistes, du fait que les intérêts de chacun des partenaires ne seront pas nécessairement convergents. Nous pensons notamment à la Chine, qui ne voudra pas toujours aligner ses positions sur celles de la Russie et de l'Europe, la réciproque étant également vraie.

Dans le domaine militaire se posera avec plus d'acuité que dans les autres la question des relations avec les Etats-Unis. Si ceux-ci poursuivent des politiques étrangères reposant sur un appel permanent à la puissance militaire et à l'espionnage numérique qui la soutend, l'ensemble eurasiatique en sera nécessairement la cible. Il sera considéré, comme l'est aujourd'hui la Russie et de plus en plus la Chine, comme un adversaire à éliminer. Si cependant le nouvel ensemble eurasiatique prend un poids suffisant, et vu sa diversité géopolitique, il sera peu sensible aux politiques de « regime change » auxquelles l'Amérique à d'innombrables fois fait appel à l'égard d'Etats plus fragiles, semant à cette occasion la guerre et le terrorisme.

Il ne faut pas par ailleurs exclure l'hypothèse selon laquelle de nouvelles majorités politiques plus modérées que ne le sont les néoconservateurs prennent le pouvoir à Washington. Dans ce cas, les rivalités, sans disparaître, pourraient prendre une forme plus pacifique qu'actuellement.

Construire l'Euroland

Sans vouloir nécessairement abandonner le concept d'Europe à 27 Etats ou davantage il sera indispensable qu'au sein de l'Europe se construise un sous-ensemble fédéral que l'on a déjà nommé l'euroland, mais qui reste une entité informelle et sans pouvoirs réels.

L'euroland est au sein de l'Europe le sous-ensemble d'Etats utilisant l'euro comme monnaie commune. L'euro a fait l'objet de nombreuses critiques. Mais celles-ci ne concernent pas directement l'euro proprement dit ni la Banque Centrale européenne. Elles concernent le fait qu'aucune pensée géopolitique solide n'anime le concept. L'euro est laissé au bon vouloir des financiers, eux-mêmes très largement sous le contrôle des intérêts anglo-américains, ceci l'intermédiaire de Wall Street et de la City de Londres. De ce fait les pays utilisateurs de l'euro ne peuvent bénéficier de politiques gouvernementales globales telles que celles mises en oeuvre par l'Etat fédéral américain, et dans une moindre mesure par tous les autres Etats du monde.

Pour que les choses changent, en excluant dans cette note les perspectives de sortie de l'Union européenne et de l'euro souvent évoqués par certains Etats membres de l'euroland, il faudra décider de tout le contraire: transformer l'euroland en un véritable Etat fédéral et mettre l'euro à son service. Au plan constitutionnel cette perspective a souvent été étudiée, y compris par nous ici. Inutile d'y revenir. Il s'agirait de mettre en place les éléments d'une structure fédérale démocratique: élections communes, parlement, gouvernement et services publics fédéraux. Ceux-ci, comme dans tous les Etats fédéraux, laisseraient de vastes responsabilités aux structures politiques et administratives des Etats fédérés, dans le cadre d'une répartition convenable des pouvoirs.

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Au plan de la monnaie, l'euro, qui donne son nom à l'Euroland, il faudra faire ce qui n'a jamais été fait jusqu'à présent, sous la pression de Washington, transformer la Banque centrale européenne (BCE) en instrument au service des politiques fédérales. Autrement dit, la BCE, tout en conservant une nécessaire mais partielle indépendance, devra, sur le modèle de la Fed américaine, définir des taux d'intérêts et quantité de monnaie en circulation permettant à l'euro de servir les objectifs des Etats de l'euroland.
Ceci en ce qui concerne les taux de change, les perspectives d'emprunt sur les marches financiers internationaux, la lutte contre l'inflation et la déflation

Par ailleurs, comme nous l'avons souvent également demandé ici, la BCE devra servir de relai à de nouveaux instruments à créer permettant de faire appel en priorité aux épargnes internes des pays de l'euroland, en les affectant à des besoins spécifiques d'investissements productifs à moyen et long terme dans l'économie réelle. L'un de nous a décrit ici en détail ce que pourraient être des « obligations à durée indéterminée » (ODI) pouvant être affectées à de grands programmes d'investissement dans l'industrie, les infrastructures, la recherche. A partir notamment de la mobilisation de ces épargnes, il pourrait être possible de « restructurer » c'est-à-dire allonger la durée et le poids des remboursements.

Une autre caractéristique de l'euroland devrait être de se voir conférer une certaine possibilité de protection vis-à-vis des concurrences « libres et sans contraintes » imposées par des Etats prétendant au nom du libéralisme exporter en Europe des produits à bas coût résultant notamment d'un écrasement des charges salariales et sociales pesant sur les salariés et les PME.

Le protectionnisme peut évidemment être dangereux en facilitant la poursuite d'archaïsmes face au progrès technique. Aussi faudra-t-il en faire usage d'une façon mesurée, dans le cadre notamment d'accords de réciprocité avec les pays concurrents.

Enfin, l'autonomie de type fédéral que devra acquérir l'euroland dans tous les domaines évoqués ici ne devra pas faire perdre en considération la nécessaire communauté culturelle et d'intérêts qu'elle entretiendra avec les pays hors-euro de l'Union européenne. L'euroland devra participer en tant que telle au bon fonctionnement des institutions de l'UE proprement dite, qui continuer à jouer un rôle important.

ll s'agira notamment du Parlement et du conseil des chefs d'Etat européens. S'y ajouteront d'autres institutions communes encore embryonnaire actuellement et qui devront être renforcées, notamment en matière de politique européenne de défense. Dans ce cas, la participation actuelle des pays européens à l'Otan n'aurait plus lieu d'être maintenue.

De très nombreux autres domaines, en matière par exemple d'infrastructures, d'équipement, de lutte pour la protection de l'environnement, de grands programmes de recherche, de politique spatiale (notamment au sein de l'Agence spatiale européenne (qui comprend d'ailleurs des membres non européens), devront être maintenus.

Par ailleurs, dans une conception de l'UE s'étendant plus largement qu'aux actuels 28, toutes négociations et contact utiles permettant d'associer ces Etats européens aux programmes, tant de l'Union que de l'euroland, devront être encouragés.

samedi, 20 février 2016

Hungarian Lessons

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I was surprised by how grimy and sooty Budapest was. So many of its buildings, once gorgeous, were in an advanced state of decay. This city looked better before World War II, for sure, and certainly a century ago. Since escaping Communism, Budapest is regaining its glories, though not at the same pace as Prague. There’s a peculiar local fad called ruin pubs, where hip types can drink and dance in these half-wrecked buildings. Too creaky to boogie, I only glimpsed them from the outside, but they didn’t look half bad.

In the subway concourses, there were many homeless, and they stayed there all day. Other aimless types loitered. The underground shops offered food, drinks, magazines and flowers. Some were owned by Chinese. At street level, there were many gyro shops run by Greeks, Turks or just plain Hungarians. According to the 2011 census, 7.3% of Budapest residents were foreign-born, but most were just ethnic Hungarians arriving from Romania, Serbia and Ukraine.

Before World War II, there were 200,000 Jews in Budapest and they had the largest synagogue in all of Europe. Half would be massacred by Germans and their Hungarian allies. In the countryside, a Jew’s chance of survival was even worse. Many Gypsies were also killed. Estimates of Gypsies in Hungary range from 3.1 to more than 10%. Thanks to a high birthrate, that percentage is constantly increasing.

Many of the most famous Hungarians were, well, not Hungarian, as in Magyar. Franz Liszt was German. Bela Bartok was half German and a quarter Serbian. Houdini, Robert Capa, Arthur Koestler and André Kertész were Jews.

Hungary has gotten much bad press lately because of Viktor Orban. Newsweek compared him to Mussolini, and John McCain described him as “a neo-fascist dictator getting in bed with Vladimir Putin.” When Orban became Prime Minister in 1998, he integrated Hungary into NATO so was seen as snugly in the Western camp, but with his second stint as Hungary’s leader, from 2010 to now, Orban has made some bold moves against both Brussels and Washington. What has been most highlighted and lambasted is Orban’s stance on the current refugee/illegal immigrant crisis, but some of his other decisions are even more rebellious against the hegemony of the power elite, to borrow a term from the Saker.

Orban rejected the IMF’s austerity measures, increased Hungary’s oversight over its Central Bank, raised taxes for all banks and, in 2013, even kicked out the International Monetary Fund. Orban’s moves against banksters have not been foregrounded by the international press because banksters and their allies don’t want you to think too much about their rampant criminal activities.

In defiance of the power elite effort to isolate Russia, Orban’s government agreed in 2014 to have South Stream go through Hungary. This Russian gas pipeline would also have crossed Turkey’s territorial waters, Bulgaria, Serbia, Greece, Slovenia and Austria. Though it would have benefited all of Europe, South Stream was scuttled by our global elites through pressures on Bulgaria. In contrast to Hungary’s decision, Poland has gone out of its way to avoid relying on Russian natural gas by arranging in 2006 to buy from distant Qatar. Thanks to a delay in the construction of a sea terminal, Poland still hasn’t quaffed any Qatar liquefied natural gas, though it’s already paying through its nose due to contractual obligations. Huffing the Russian stuff costs a lot less.

Besides seeking closer ties with Russia, Orban has repeatedly stressed that sanction against Russia hurts all European countries. What he’s advocating, then, is a Europe that must look out for its own interests in defiance of the suicide diktats from the power elite.

In 2011, Orban banned GMO crops from Hungary and destroyed 1,000 acres of corn planted with Monsanto seeds.

Also of note is Orban’s reaching out to Hungarians in neighboring countries. His government has provided monetary aid and even citizenship to all ethnic Hungarians (with the stipulation that one must speak the language to be naturalized). Thanks to the vindictive Treaty of Trianon after World War I, Hungary lost 71% of its land and 66% of its people. Not even Germany was truncated so ruthlessly.

Orban’s government has revoked tax-exemption status from most Hungarian religious organizations, including all versions of Muslim, Buddhist, Hindu and Baha’i, all but three Jewish synagogues, as well as many sects and religious orders such as Opus Dei, Benedictines, Marists, Carmelites, Mormons, Jehovah’s Witnesses, Seventh Day Adventists, Episcopalians, and Methodists.

The only ones to receive state recognition and support are those deemed traditional to Hungarian society.

OrbanP.jpgEchoing Putin and other leaders, Orban has condemned NGOs as a fifth column. Though as a young man, Orban received a four-month scholarship from the Soros Foundation to study in Oxford, he is fingering the Budapest-born Soros as an unwelcome meddler in Hungary and the rest of Europe. Thanks for the chump change, George, but bug off!

What you have, then, is a nationalist leader, and in Europe, we haven’t seen one in a long while who’s so unapologetic without sounding shrill. In his speeches and interviews, Orban explains himself quite clearly and candidly. To Die Weltwoche, a Swiss newspaper, Orban said in November of 2015, “There are terms and concepts which for a long time could not be uttered, but which are once again beginning to form part of public discourse. For example, ‘borders’—are they good or bad? We can once again say that they have their good sides. Or ‘nation’: this word can once again be used in a positive sense. “Christianity”: most European leaders – including myself – are advised not to use this word too frequently, because most Europeans no longer feel Christian. Now, however, this word is once again returning to political debates. Or ‘pride,’ as in ‘the pride of a nation’: once again it has become a legitimate expression. A positive consequence of the migration crisis is that once again we are attempting to talk openly about our continent’s identity—more freely than in the past two decades.”

The refugee/illegal immigration crisis has also exposed the impotence of the European Union, “This negative impression over the EU’s helplessness already existed before the migration crisis. The citizens of Europe saw it during the financial crisis and the crisis over Greece. They criticized their politicians for not being able to find a way out of the financial crisis. The stagnation of our national economies is still evident […] European citizens are convinced that their leaders are not effective. The migration crisis has, however, created a new impression. This is not related to effectiveness, but to democracy.”

With citizens having no inputs, and most European leaders unable to make decisions in their nation’s interests, one is left to wonder who are behind all this mayhem? Orban, “It is hard to shake off this thought. We were debating for months, but the outcome was always the same: ‘Let the people in.’ And on top of this, in the first few months, for some reason no one was able to say out loud that this is an issue of the utmost importance for Europe. For months it was first regarded as a humanitarian issue, and then as a technical problem as to where the refugees should be settled and how they should be distributed. No one raised the question of whether the essence of the matter is more about our existence, our cultural identity and our way of life. I do not know for certain what is actually happening, and I do not want to blame anyone; but the suspicion arises that none of this is happening by chance. I am not brave enough to publicly talk about this as a certainty; the suspicion inevitably emerges, however, that there is some kind of master plan behind this.”

The same elites who’ve weakened, if not destroyed, countries in the Middle East, North Africa, Europe and elsewhere have done so to the United States itself, and it has all been executed by design, for it’s easier to rule and rob prostrated and confused populations. The master plan is to reduce citizens of whatever nation to disposable cogs that must compete for the lowest wages and be chained to lifelong debts, as dished out by criminal banks. In the United States, farcical elections are held with sustained fanfare to give an increasingly angry populace an illusion of political participation. Whoever is propped up as “President,” the military banking complex, power elite or American Empire, call them what you will, will continue their rampage worldwide while eviscerating their host nation.

Is there an alternative? Orban sees the world as having changed radically since the 2008 financial crisis, and there’s no recovery, in his view. Though guarded in his statements, he’s prepping Hungary for life beyond the collapse of both Washington and the European Union. In the meantime, Orban is straddling East and West. In August of 2014, Hungary was caught sending about 80 T-72 tanks to the Ukraine. Dumped for just $8,500 a piece, it hardly seems worth it to antagonize Russia. The Pentagon has also announced it will send heavy weapons and tanks to Hungary. Perhaps Orban will use these new tanks to retake the Transcarpathian as Ukraine weakens even further.

Joining NATO in 1999, Hungary participated in the embargo of Yugoslavia, and for the American wars on Afghanistan and Iraq, it sent 360 then 300 troops, respectively. After aiding the American Empire, Hungary is dodging the consequence by rejecting legitimate refugees. Orban was disingenuous, then, when he claimed, “We did not destroy the countries from which migrants are coming. We did not bomb anyone. We did not invite anyone here. And now those who dropped the bombs and sent out invitations want to settle them here. Is this fair?” Orban has evolved from a US-groomed protégé to a critic of Uncle Sam. He has matured.

It’s interesting that in all former Communist countries, citizens have rejected any globalist vision, as embraced by the left, to elect nationalist governments. American politicians also speak of defending the nation’s interests, but it’s only so much hot air from jerking puppets. With sane, intelligent voices drown out by incessant garbage, there’s no composure or wisdom in the public discourse. Instead, we get slogans or loutish insults. We dwell in a mad mental universe. In his 2013 Presidential Address, Vladimir Putin stated:

“Today, many nations are revising their moral values and ethical norms, eroding ethnic traditions and differences between peoples and cultures. Society is now required not only to recognize everyone’s right to the freedom of consciousness, political views and privacy, but also to accept without question the equality of good and evil, strange as it seems, concepts that are opposite in meaning. This destruction of traditional values from above not only leads to negative consequences for society, but is also essentially anti-democratic, since it is carried out on the basis of abstract, speculative ideas, contrary to the will of the majority, which does not accept the changes occurring or the proposed revision of values.

We know that there are more and more people in the world who support our position on defending traditional values that have made up the spiritual and moral foundation of civilization in every nation for thousands of years: the values of traditional families, real human life, including religious life, not just material existence but also spirituality, the values of humanism and global diversity.

Of course, this is a conservative position. But speaking in the words of Nikolai Berdyaev, the point of conservatism is not that it prevents movement forward and upward, but that it prevents movement backward and downward, into chaotic darkness and a return to a primitive state.

In recent years, we have seen how attempts to push supposedly more progressive development models onto other nations actually resulted in regression, barbarity and extensive bloodshed. This happened in many Middle Eastern and North African countries. This dramatic situation unfolded in Syria.”

These “progressive development models” are nothing but dignified cloaks to hide barbaric imperialism. The USSR worked the same way. Having never been subjugated and humiliated, Americans have only dished out, and not experienced, “chaotic darkness and a return to a primitive state,” but the elites that have destroyed so many lives worldwide are also working against us Americans, so a future of terror and degradation will be our lot unless we can muster up the collective will to challenge our criminal overlords. Sniping at each other, there’s no dialogue here, much less unity. It doesn’t look promising.

mercredi, 17 février 2016

Die USA proben ihre TTIP-Macht schon an VW

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Die USA proben ihre TTIP-Macht schon an VW

von Prof. Dr. Eberhard Hamer

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Was die Amerikaner und ihre Weltkonzerne «Freihandelsabkommen» (TTIP) nennen, hat der ehemalige Vizepräsident Cheney mit der Nato verglichen, es soll Europa der amerikanischen Wirtschaftsvormacht und ihren Interessen unterstellen. Dies hat eine innere und eine äussere Zielrichtung:

•   Schon lange betreibt die Juncker-Clique in Brüssel den Abbau der Nationalstaaten in Europa und die Entmachtung ihrer Parlamente, um dadurch Zentralherrschaft für die EU-Kommission zu gewinnen. Deshalb verhandelt das Politbüro in Brüssel auch geheim nur mit den Amerikanern, unter Ausschluss der Nationalstaaten und sogar geheim vor diesen. Das steht zwar im Gegensatz zur Subsidiaritäts- und Souveränitätsklausel der EU; die Zentralisierung ist aber Hauptprogramm von Juncker und wurde auch in der Finanzkrise (von der Wettbewerbs- über die Haftungs- und Schulden- bis zur Finanzunion) und jetzt in Polen bei der Intervention der EU gegen die Entmachtung von US-Agenten im polnischen Staatsrundfunk gezeigt. Brüssel duldet weder abweichende Meinungen von Regierungen oder Parlamenten noch Beschränkungen des US-Einflusses in Eu-ropa durch diese.

•   Nach aussen hin soll durch TTIP für die amerikanische Wirtschaft (wie die Nato) ein Wirtschaftskrieg gegen Russland geschlossen werden (Sanktionen, Ölkrieg, Währungskrieg). Nach der Brzezinski-Doktrin können die USA ihre Weltmacht nur behaupten, wenn sie Europa im Griff behalten, Europa wiederum könne man nur im Griff halten, wenn man die Zentralmacht Deutschland beherrsche. Dies gilt nicht nur politisch (Atlantiker), sondern auch wirtschaftlich (Mehrheit der DAX-Firmen in US-Hand) und müsse nun mit Hilfe von TTIP gegen Russland zu einem gemeinsamen euro-atlantischen Wirtschaftsraum verschweisst werden.

Die wirtschaftspolitische und wirtschaftsrechtliche Machtergreifung über Europa mit Hilfe von TTIP wird begleitet von Angriffen auf Wirtschaftsbastionen vor allem in Deutschland, die noch nicht in amerikanischer Hand sind. Dies gilt zurzeit für VW.

Zweimal hat General Motors versucht, «die fette VW» mit Hilfe unlimitierter FED-Kredite zu übernehmen. Beim ersten Mal ist ihnen die Familie Porsche zuvorgekommen, beim zweiten Mal scheiterten sie mit ihrer Klage gegen das Niedersachsen-Recht bei VW (Veto-Recht). Nun versuchen sie zum dritten Mal durch von ihnen beauftragte Behörden und Anwälte in den USA, VW zur Ader zu lassen, billig zu machen, um dann VW billig aufkaufen zu können.

Würde VW dies umgekehrt versuchen, würde die US-Regierung sofort mit dem Nationalvorbehalt (sicherheitsrelevant) eingreifen. Der Skandal um VW liegt jetzt darin, dass die deutsche Regierung sich nicht hinter VW stellt, dass sie sich offenbar mehr der US-Macht als den 100?000 Beschäftigten von VW verpflichtet fühlt.

Lassen wir die Amerikaner zugunsten der beiden amerikanischen Konkurrenten Ford und Opel (General Motors) VW vernichten, verliert Deutschland nicht nur national, sondern international einen seiner Leuchttürme. Nun wird uns klar, was die Amerikaner mit Hilfe eines durch TTIP geschaffenen amerikanischen Rechts in Deutschland gegen unsere anderen Grossunternehmen und Know-how-Monopolisten unternehmen werden.

Und so wundert es nicht, dass eine Regierung, die zur Zerschlagung von VW schweigt, auch die übrige Machtübernahme der US-Konzerne über die deutsche Wirtschaft (TTIP) duldet oder sogar mitbetreibt. Ein Vernichtungskampf, wie ihn jetzt die Amerikaner gegen VW führen, wäre umgekehrt in Amerika für Deutsche nicht möglich und würde vor allem auch von keiner US-Regierung und keinem Kongress geduldet. Daran zeigt sich wiederum, was ein Vertrag zwischen einem Mächtigen (USA) und einem Ohnmächtigen (EU) wert ist, wenn ihn eine Weltmacht mit von ihr gesteuerten Funktionären (EU-Kommission) abschliesst und wenn wiederum die Arbeitgeberverbandsfunktionäre gegen die Masse ihrer mittelständischen Unternehmen Konzerninteressen vertreten.

Was die wirtschaftliche Machtergreifung der USA über Europa dem US-Präsidenten wert ist, zeigt der Reiseplan Obamas, zur Hannover-Messe zu kommen, um «Politik und Wirtschaft zugunsten von TTIP auf Vordermann zu bringen».   

dimanche, 14 février 2016

Teheran will keine Dollars mehr

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Teheran will keine Dollars mehr

von Robin Classen
Ex: http://www.blauenarzisse.de

In Deutschland war es nur wenig mehr als eine Randnotiz, in den USA ist es gerade eines der Wahlkampfthemen: Die Abschaffung der Iran-​Sanktionen.

Der Konflikt mit Weltkriegspotential um die iranischen Versuche, Atomkraft zu nutzen, besteht schon seit 2002, als bekannt wurde, dass das Land einige geheime Atomanlagen unterhielt. Ab 2005 begann der Konflikt dann zu eskalieren, als mit Mahmud Ahmadinedschad ein Islamist zum Präsident des Irans gewählt wurde. Er ersetzte den gemäßigten iranischen Unterhändler Hassan Rohani durch Ali Laridschani, der seinen kompromisslosen Standpunkt teilte.

Ahmadinedschads Rückzug ermöglichte eine friedliche Lösung

Von 2006 an wurden durch UN-​Resolutionen und Maßnahmen der USA sowie der EU Embargos und Sanktionen zunächst für militärische und später auch für zivile Güter verhängt, die die wirtschaftliche Entwicklung des Landes seitdem massiv negativ beeinflusst haben. Die Aufhebung der Sanktionen war daher für das Land von unvorstellbarer wirtschaftlicher Bedeutung und eröffnet ein enormes Wachstumspotential in den nächsten Jahren.

Als 2012 Ahmadinedschad seinen Rückzug aus der Politik mit dem Ende seiner Amtszeit im August 2013 bekannt gab, entspannte sich die Lage erstmals und es konnte immerhin ein Übergangsabkommen abgeschlossen werden, was den IAEA-​Kontrolleuren Zugang ermöglichte, den Iran zu einer Verlangsamung der Anreicherung verpflichtete und allgemein den Konflikt entschärfte, der insbesondere zwischen 2008 und 2011 beinahe zu einem militärischen geworden wäre. Seit dem 14. Juni 2013 ist nun der ehemals von Ahmadinedschad geschasste Unterhändler Hassan Rohani Präsident des Landes und betreibt eine Politik der Entspannung, was sich schon bald sehr positiv auf die Verhandlungslage auswirken sollte.

Durchbruch im April 2015

Anfang April des letzten Jahres gelang nun ein weiterer Durchbruch: Der Iran sicherte in Lausanne zu, sein Atomprogramm für zehn Jahre unter Aufsicht zu stellen, die Zentrifugen auf ein Drittel zu reduzieren, Uran nicht über 3,67 Prozent anzureichern und den Uranbestand von 10 Tonnen auf nur noch 300 Kilogramm zu verringern. Die „Breakout-​Time“ für die Herstellung von genügend spaltbarem Material zum Bau einer Atombombe soll von nur noch drei Monaten auf immerhin ein Jahr erhöht werden. Des Weiteren wurde die Umgestaltung von zwei besonders problematischen iranischen Atomanlagen vereinbart. Am 16. Januar 2016 wurden auf Grund der bis dahin gegebenen Vertragstreue des Irans die Sanktionen schließlich aufgehoben.

Für Israel war das Abkommen ein Schlag ins Gesicht und ein Beleg für den immer weiter sinkenden Einfluss des Judenstaates, der nun nicht einmal mehr den traditionellen Partner USA von diesem Abkommen abhalten konnte. Die Mainstream-​Republikaner aus dem Partei-​Establishment in den Vereinigten Staaten waren ähnlich unzufrieden mit Obamas Kompromissvorschlag. Hauptkritikpunkt war der Umstand, dass das illegale Programm des Irans nun letztlich doch legitimiert worden sei und das Land, selbst wenn es sich an das Abkommen halten sollte, immer noch in nur einem Jahr zur Atombombe kommen könnte.

In Wahrheit war der Abschluss des Abkommens, an dem auch Deutschland einen enormen Anteil hatte, wohl alternativlos in diesem festgefahrenen und brandgefährlichen Konflikt. Sollte die Einhaltung der Vereinbarungen nun auch entsprechend sichergestellt und kontrolliert werden, könnte das Abkommen als einer der wenigen Erfolge Obamas in die Geschichte eingehen. Wäre 2008 hingegen McCain Präsident geworden, hätte es wohl stattdessen einen militärischen Konflikt von unabschätzbarem Ausmaß gegeben.

Rohani greift nun den Dollar an

Auch für die deutsche Wirtschaft hat sich die Aufhebung der Sanktionen als absolut positiv herausgestellt. Noch im Januar reiste Sigmar Gabriel nach Teheran und auch Rohani reiste durch Europa, um die sich bereits abzeichnenden Kooperationen mit der Automobilindustrie, der Pharmaindustrie, der Kommunikationsbranche und natürlich dem Energiesektor zu besprechen. Allein Siemens hofft auf den Auftrag, eine rund 1000 Kilometer lange Hochgeschwindigkeitstrasse bauen und 500 Züge liefern zu dürfen.

Doch ist Rohani womöglich nur geschickter als Ahmadinedschad? Vielleicht hat er den Atomstreit, der das Land seit mehr als zehn Jahren lähmt, als Sackgasse begriffen und will nun den Iran über die wirtschaftliche Schiene zur Großmacht und zum Einflussfaktor weit über die Region hinaus machen. Dafür sprechen sein rigoroses Vorgehen gegen Blogger und Internetaktivisten und der massive Anstieg der Todesstrafen nach seinem Wahlsieg. Nach dem Knüpfen wirtschaftlicher Beziehungen folgte nun schließlich der nächste Paukenschlag: Ölgeschäfte wird der Iran künftig in Euro abwickeln – und nicht mehr mit der bisherigen De-​Facto-​Weltwährung US-​Dollar. Auch China bezahlt bereits russisches Öl in seiner Landeswährung Yuan.

Wird der Euro doch noch gerettet?

Eventuell ist also in den nächsten Jahren damit zu rechnen, dass Russland, China und der Iran ihre Zusammenarbeit weiter vertiefen und der US-​Dollar international an Bedeutung verliert. Dies wäre wohl auch der einzige Weg für die autoritäreren Schwellenländer die USA zu schlagen: Was militärisch kaum möglich ist, kann über eine Entwertung des Dollars recht leicht erreicht werden. Einziger Wehrmutstropfen: Auch die Chinesen haben gigantische Dollar-​Reserven, die in diesem Fall entwertet würden. Deshalb will das Großreich künftig stärker diversifizieren: Gerade der Euro soll im Blick sein. Retten also am Ende geostrategische Überlegungen östlicher Großmächte die angeschlagene Gemeinschaftswährung? Der jüngste Schritt des Irans dürfte jedoch nicht nur eine Schwächung der USA, sondern auch eine engere Bindung Europas an sich zum Ziel gehabt haben, um künftige Sanktionen unwahrscheinlicher zu machen.

samedi, 13 février 2016

Selon le stratégiste Thomas M. Barnett, le monde idéal serait composé de consommateurs employés et endettés

Bernhard LÖHRI :
Selon le stratégiste Thomas M. Barnett, le monde idéal serait composé de consommateurs employés et endettés


ThomasBarnett.jpgDeux mondes sont désormais envisageables en Europe : soit nous aurons une Europe des patries et des citoyens, portée par des valeurs européennes, soit nous aurons une Europe noyée dans un monde globalisé, où les humains seraient tous employés, consommateurs et, devenus âgés, sources de revenus pour l’industrie de la santé.


Le stratégiste américain Thomas M. Bernett (né en 1962) élabore depuis des années des plans pour édifier un monde définitivement globalisé, où le « One World » aurait priorité sur tout en matières politique, juridique et économique.


Les nations jadis souveraines doivent être mobilisées pour atteindre les objectifs de cette globalisation. Pour l’Europe, la construction eurocratique, l’UE, doit être le modèle à suivre dans l’intérêt des Etats-Unis. Par définition, la globalisation, ainsi conçue, n’est rien d’autre que le processus de soumission au système des intérêts américains. George Friedman, ancien directeur de la très influente boîte-à-penser Stratfor, nous donne son explication : « Quand on parle de stratégie, cela ne signifie pas seulement préparer une guerre conventionnelle. Une stratégie vise surtout à maintenir intact et solide tout ce qui préserve et renforce une nation. Dans le cas des Etats-Unis d’Amérique cependant, la stratégie surplombante, plus que pour d’autres pays, implique bien la guerre ou plutôt une interaction entre la guerre et l’économie ».


barnettkl-L._AC_UL320_SR214,320_.jpgHerfried Münkler, de l’Université Humboldt de Berlin, est désormais un théoricien politique en vue en Allemagne : pour lui, l’option impériale russe, qui vise à acquérir ou à récupérer des territoires comme la Crimée, par exemple, est un mode archaïque d’action sur le monde. Pourquoi ? Parce qu’il parie sur un processus d’acquisition territoriale qui coûte cher sur le plan économique, surtout lorsqu’on tient compte de toutes ses retombées ultérieures (gestion et défense du territoire acquis, installation des communications, etc.). Pour Münkler, la pratique impériale russe est quelque peu anachronique. Les Etats-Unis, en revanche, parient pour un contrôle de tous les types de flux : flux de capitaux, flux générés par les mobilités humaines (voyages, transhumances, tourisme, affaires), notamment les migrations, flux des données. De cette façon, ils gèrent les informations les plus pertinentes qui leur permettent de téléguider les flux qu’ils choisissent d’influencer. Le contrôle des flux de données entre pourtant en conflit avec les principes démocratiques et avec les droits de l’homme : mais le pragmatisme américain ne s’en soucie guère, l’exercice effectif de la puissance prime dans le jeu qu’il joue sur l’échiquier planétaire.


Si la globalisation signifie l’américanisation, il s’avère nécessaire de développer des stratégies pour assurer l’imposition illimité et sans frein de règles, de critères, de standards, de biens et de services qui permettront le triomphe de cette globalisation/américanisation. Il faudra, par exemple, standardiser l’art, la musique, la culture et le langage quotidien des hommes car, à terme, il est tout aussi utile de contrôler ces « flux culturels » que de contrôler les flux ininterrompus de pétrole, de gaz ou d’autres matières premières. Pour le monde globalisé, théorisé anticipativement par Barnett, la propriété des matières premières ne doit pas demeurer aux mains des nations : il faudra privatiser les ressources pour les soumettre à des dispositifs transnationaux.


Le flux des capitaux devra guider les investissements et la consommation de façon à ce que les intérêts américains soient toujours préservés. Déjà Edward Bernays, originaire de Vienne en Autriche, créateur de la notion de « public relations », grand « spin doctor » devant l’Eternel, neveu de Sigmund Freud, avait commenté l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917 par une phrase devenue célèbre, exprimant parfaitement les intentions du Président Wilson : « Nous devons rendre le monde plus sûr, pour faire advenir partout la démocratie » (« to make the world sure for democracy »). Dans le même sens, Barnett parle du flux ininterrompu de troupes américaines dans le monde comme d’un « service » rendu aux marchés régionaux.


barnettT5QL._SX322_BO1,204,203,200_.jpgPour Barnett, cette globalisation, cette gestion des flux, ne peut advenir que s’il y a mélange racial généralisé, de façon à établir en Europe, une race nouvelle, « brune claire ». Cet objectif ne peut être atteint que si l’on amène en Europe chaque année 1,5 million d’immigrants venus du tiers-monde africain. Il faut, ajoute-t-il, une Europe où le QI moyen ne dépasse pas le chiffre de 90. Ainsi, la population sera trop stupide pour comprendre qu’elle est incluse dans un « One World », dans un « nouvel ordre mondial » mais suffisamment intelligente pour pouvoir travailler. Dans le cas de l’Europe, travailler, cela signifie produire des biens largement appréciés dans le cadre d’entreprises, qui paieront mal leurs salariés et dont les profits gigantesques couleront tout droit dans les poches des propriétaires transnationaux.


Barnett est convaincu que l’Europe, dont le taux des naissances a diminué de 50% en cinquante ans, est désormais un continent de vieilles gens où l’on peut ouvrir toutes les écluses démographiques, provoquant ainsi une inondation migratoire. L’Allemagne, par exemple, connaîtra toujours la croissance jusqu’en 2030 mais, tout comme au cours de ces quinze dernières années, aura un déficit de main-d’œuvre de huit millions d’unités, ce qui appelle l’immigration.


Le fameux Traité transatlantique complètera le traité NAFTA, qui lie le Mexique et le Canada aux Etats-Unis ; cette fois, ce sera l’Europe qui sera incluse dans un accord semblable de libre-échange, soit plongée totalement et irrémédiablement dans la sphère économique américaine.


Bernhard LÖHRI.
(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°46/2015 ; http://www.zurzeit.at ).

 

"Etats-Unis : une nouvelle vision géopolitique ?"

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"Etats-Unis: une nouvelle vision géopolitique?"

par Jean-Claude Empereur

Ex: http://www.europsolidaire.eu

Ci-dessous, reprise pour Europe solidaire de mon article consacré aux thèses de George Friedman, article qui vient d'être publié, sous le titre : "Etats-Unis : une nouvelle vision géopolitique ?", dans le numéro de décembre de la "Revue Politique et Parlementaire" consacré au réalisme diplomatique.
 
Ps: depuis la rédaction de cet article, G. Friedman a quitté la présidence de Stratfor pour créer et prendre la tête de "Geopolitical Futures" avec l'intention de renforcer encore son influence au sein de l'oligarchie dirigeante des Etats-Unis.
 
Flashpoints - The Emerging Crisis in Europe

de George Friedman

Un avertissement brutal mais lucide du géopolitologue américain

Note de lecture et commentaire de Jean-Claude Empereur

Convention pour l'indépendance de l'Europe

flasho-EL._SX327_BO1,204,203,200_.jpgFace à la crise de souveraineté et d'identité qui affecte l'Union Européenne, il n'est pas inutile d'analyser le regard que portent certains géopolitologues américains sur cette situation. On connaissait les positions, souvent critiques, de quelques-uns d'entre eux tels que Samuel Huntington ou Zbigniew Brzezinski. George Friedman va encore plus loin dans le pessimisme et surtout la méfiance à l'égard d'une construction dont il considère qu'elle est devenue dangereuse pour l'équilibre du monde.

Spécialiste reconnu de la prospective, président de Stratfor, société qui se consacre à l'analyse géostratégique et à l'intelligence économique, souvent qualifiée de « CIA bis », George Friedman est proche des milieux dirigeants américains. Il peut être ainsi considéré comme très représentatif de la pensée géopolitique dominante à Washington, qu'il s'agisse des cercles dirigeants « visibles » que de ceux du « deep-state » et du complexe militaro industriel, qu'ils soient Républicains ou Démocrates.

Son dernier livre : « FLASHPOINTS. The emerging crisis in Europe » est non seulement une analyse plus que critique ,voire même brutale, de la situation sur le vieux continent, mais surtout une mise en garde des dangers potentiels que représente, pour le reste du monde et surtout pour les Etats-Unis, une Union Européenne à la dérive.

Son point de vue peut se résumer de la manière suivante :

  • L'Union Européenne a échoué,

  • La « question allemande » est de retour,

  • L'Eurasie est un  cauchemar géopolitique pour les Etats-Unis.

L'effondrement du système européen.

D'emblée, et pour mieux mettre en évidence l'ambiguïté initiale du projet européen, George Friedman considère que l'on a trop tendance à oublier le rôle essentiel joué, dès l'origine, par les Etats-Unis dans une construction destinée essentiellement à contrer la menace soviétique. Cette origine, assez éloignée du récit officiel, explique et justifie, selon lui, la parfaite et nécessaire consanguinité entre l'OTAN et l'UE, la seconde n'étant ni plus ni moins, dans cette perspective atlantiste, que la façade économique de l'autre.

Dès sa création, surtout depuis le traité de Maastricht et jusqu'en 2008 l'Europe était devenue une puissance industrielle mais surtout commerciale florissante, l'interdépendance économique des Etats et des entreprises garantissant apparemment paix et prospérité.

Soixante ans plus tard, George Friedman, constate, non sans une certaine « shadenfreude », que ce double objectif de paix et de prospérité n'a pas été atteint. La crise économique et financière ne cesse de s'étendre et la menace de conflits traditionnels ou identitaires plane tant à l'intérieur qu'aux frontières de l'Europe. C'est précisément la multiplication de ces zones de conflits : « flashpoints », en cours ou potentiels, qui, pour l'auteur, sont la marque, congénitale de l'Europe. Livrés à eux-mêmes, les Européens sont dans l'incapacité de s'entendre. La construction européenne a pu faire un moment illusion mais le tragique de l'histoire a repris ses droits.

Les Européens ne changeront jamais .Dès que se profile une crise majeure leurs vieux penchants les reprennent. Aucun système institutionnel européen n'a réussi à enrayer ce mouvement, l'Union Européenne pas plus que les autres.

Incapable de se contrôler eux-mêmes, au risque de déchainer une nouvelle guerre mondiale, ils ne peuvent que se soumettre à une puissance extérieure.

friedw204.jpg« Les Européens ont su conquérir le monde mais se sont montrés incapables de se conquérir eux-mêmes »

Pour George Friedman le point tournant de l'histoire se situe en 2008, année d'une double crise: d'abord militaire en Géorgie, économique ensuite avec la chute de Lehman Brothers. Sur le moment le lien entre ces deux événements pivots ne fut pas remarqué. Le premier d'entre eux montrait que les relations entre la Russie et l'Europe venaient de prendre brutalement un tour nouveau et que la guerre pouvait ressurgir à tout moment sur le continent, comme devait le montrer par la suite, le conflit en Ukraine. Le second, quant à lui, en marquant le début d'une crise économique profonde, mettait en évidence la fragilité de l'Union Européenne, fragilité que les discours incantatoires de ses dirigeants avaient réussi à masquer jusqu'alors.

Dès que les difficultés apparurent, devant la sidération et la paralysie des institutions européennes, les Etats ont repris les commandes, divergences et antagonismes se sont donnés libre cours. Les institutions européennes ont révélé alors leurs faiblesses et le moteur franco-allemand a cessé de fonctionner correctement.

Le retour de la « Question allemande ».

La réconciliation franco-allemande, à condition d'être équilibrée et soigneusement contrôlée, a toujours été, pour les anglo-saxons, le principe fondateur de la construction européenne.

Aujourd'hui l'équilibre est rompu et le contrôle de plus en plus incertain. La réunification a rendu à l'Allemagne sa place centrale en Europe. Grâce à une politique économique tournée vers l'exportation, appuyée sur une monnaie unique qui n'est autre qu'un mark déguisé et une Banque Centrale Européenne copie conforme de la Bundesbank, la République Fédérale s'est imposée comme puissance économique dominante, dictant sans trop d'égards ni de scrupules, à son seul profit, ses orientations ordo-libérales et mercantilistes à l'ensemble de l'Union, sous prétexte de bonne gouvernance.

Pour le président de Stratfor le divorce entre l'Allemagne et la France est consommé de manière quasi irréversible. Les voies et les choix économiques et stratégiques divergent déjà, l'Allemagne se tournant vers l'Est et la France vers le Sud.

Mais notre auteur va beaucoup plus loin. Il pense que ce pivot oriental, conforme à l'histoire et aux tropismes allemands, n'est qu'un début. Il est l'expression d'une volonté de se débarrasser des contrôles, de l'état de soumission et de souveraineté limitée qui est imposé à l'Allemagne depuis la fin de la guerre. Dans cette perspective l'Allemagne constitue une menace, Personne ne peut prévoir, selon lui, dans quel chemin va s'engager ce pays, au cours des vingt prochaines années , s'il est livré à lui-même

La « Question allemande », formulation qui, dans l'histoire, a toujours exprimé vis-à-vis de nos voisins une interrogation anxieuse, serait-elle de retour ?

Mais pour George Friedman le pire est encore à venir si les Allemands, libérés de leurs liens étroits avec la France et par la même d'une Union Européenne en situation d'échec, se tournent, comme leur passé les y invite, vers la Russie.

L'obsession eurasienne : un cauchemar géopolitique.

On sait depuis Tocqueville que l'affrontement entre l'Amérique et la Russie fait partie des grands mythes de l'histoire.

Pour certains, le caractère inévitable de cet affrontement a été théorisé dès 1904 par Hartford Mackinder dans sa conférence à la Royal Geographical Society de Londres. Cette conférence reprise ultérieurement dans un simple article de douze pages résume encore aujourd'hui les orientations de la politique américaine en mettant en évidence l'opposition absolue entre une Amérique appuyée sur la maîtrise intégrale des océans et une Russie retranchée dans « l'ile du monde » cœur du système continental eurasiatique et « pivot géographique de l'histoire ».

Pour Friedman le rapprochement de la nouvelle Allemagne et de la Russie éternelle en rendant inévitable la constitution d'un ensemble continental gigantesque peuplé de plus de sept cent millions d'habitants, aux immenses ressources naturelles, à la profondeur stratégique inégalée, en continuité et en contiguïté avec la Chine ,l'Inde et le monde musulman est inacceptable.

friedSuGu1GsgL._UY250_.jpgCe rapprochement, s'il devait se confirmer dans les vingt ans à venir, constituerait pour les Etats-Unis, un véritable cauchemar géopolitique en même temps qu'une menace majeure, mettant en cause une hégémonie considérée comme non négociable.

Dans ces conditions, tout, absolument tout, doit être mis en œuvre pour en empêcher la réalisation.

C'est ainsi que l'intégration de l'Ukraine à l'Union Européenne, en réalité à l'OTAN, constitue un enjeu majeur et prend tout son sens. Dans cette logique, le conflit doit être mené jusqu'à son terme afin de positionner les armées de l'OTAN jusqu'aux frontières de la Russie et ceci «  pour des décennies »...

Bien au-delà du simple endiguement de la guerre froide « containment », c'est d'une stratégie de refoulement pur et simple « roll back » dont il s'agit. Cette stratégie, fait ainsi entrer subrepticement les Etats-Unis dans l' « étranger proche » de la Russie, en plaçant de facto cette zone périphérique, à laquelle elle est très attachée, pour sa sécurité, sous contrôle américain. L'étape suivante est d'utiliser, dans la ligne de ce que préconise Zbigniew Brzezinski dans le « Grand échiquier », l'Ukraine comme bélier géostratégique pour disloquer ensuite la Fédération de Russie.

Au cours d'une conférence donnée au Chicago Council for Global Affairs, George Friedman, à l'occasion de la sortie de son livre, n'a pas hésité à envisager le retour de la guerre froide voire même la possibilité d'un conflit préventif avec la Russie.  « si  l'on veut éviter qu'une flotte constitue une menace il faut empêcher sa construction avant qu'il ne soit trop tard ».Précise-t-il.

Nous voilà dûment avertis...

Europe/Etats-Unis, des malentendus aux divergences transatlantiques.

On est loin de la vision Kissingérienne du réalisme diplomatique et de l'équilibre des puissances. Conscient des risques insensés que fait courir au monde cette politique agressive et invasive, l'ancien secrétaire d'Etat Henry Kissinger a déclaré, dans une interview accordée au New York Times au début de l'année 2015 à propos du conflit en Ukraine: « Je pense qu'une reprise de la guerre froide serait une tragédie historique ».

Il est clair que la brutalité – le mot n'est pas trop fort- de l'analyse de Friedman s'apparente plus à de la provocation qu'à de la diplomatie.

De ce point de vue, on se souvient des propos, méprisants, peu diplomatiques, pour ne pas dire plus, de Victoria Nuland, assistante au Secrétariat d'Etat américain pour les affaires européennes et eurasiennes, interceptés lors d'un entretien téléphonique avec l'ambassadeur des Etats-Unis à Kiev : « we F... the European Union ». Ce langage d'une diplomate chevronnée, très liée aux milieux néo-conservateurs, ( son mari n'est autre que Robert Kagan , l'un des fondateurs du « Project for a New American Century ») sont très représentatifs de cette tendance provocatrice et jusqu'auboutiste faisant peu de cas des intérêts de l'Union Européenne.

S'agissant des rapports euro-atlantiques et de l'évolution de la construction européenne, on aurait tort de ne pas tenir compte de l'analyse de George Friedman et de ne pas en tirer un certain nombre de leçons pour l'avenir, ceci pour au moins deux raisons :

  • La première c'est qu'elle n'est pas toujours dépourvue de sens, en ce qu'elle met en lumière, les divergences d'intérêts aiguisés par la crise, entre les Etats membres de l'Union Européenne.

  • La seconde vient, compte tenu de l'appartenance de son auteur aux cercles du pouvoir, de son caractère potentiellement auto réalisatrice.

Il ne faut pas se bercer d'illusions cette analyse, partagée par la plupart des milieux dirigeants de Washington, qui rappelons le sont souvent les commanditaires de Stratfor, dénie à l'Union Européenne toute possibilité d'indépendance politique économique ou militaire,

Car du fait de l'impossibilité supposée des responsables politiques européens de maîtriser leurs conflictualités latentes, tout désir d'indépendance de leur part, est perçue comme un risque et une menace permanente pour la paix et la sécurité des Etats-Unis.

freidVSAZL._AC_UL320_SR202,320_.jpgFriedman insiste sur le fait que les Etats–Unis doivent continuer à contrôler sans partage les océans et l'espace, il pourrait ajouter le numérique et le Big data, car c'est le socle de leur puissance. Devant les risques que présentent, selon lui, l'irresponsabilité et l'incontrôlabilité européenne, et le double échec de l'intégration économique et militaire de l'Europe, deux solutions s'imposent : le renforcement et l'extension de l'OTAN, la mise en œuvre du Grand Marché Transatlantique, deux instruments de vassalisation de l'Union.

Il est clair que les Européens qui font de moins en moins confiance à leurs institutions pour faire face aux problèmes du moment,

Aveuglés par une vision irénique de la mondialisation, dépourvus, à la différence de tous les autres acteurs mondiaux, de la moindre vision géopolitique et plongés dans un état de sidération depuis le début d'une crise sans fin, ils auront du mal à résister à ce double arraisonnement s'ils ne prennent pas rapidement un certain nombre de mesures de rupture.

Les plus urgentes mais aussi les plus difficiles à mettre en œuvre devraient être les suivantes :

Solidarité puissance identité souveraineté

Refonder le projet européen sur quatre concepts intimement liés entre eux : solidarité, puissance, identité et souveraineté. La crise a mis à mal, depuis longtemps, les impératifs de solidarité et de puissance, les faisant passer imprudemment derrière les contraintes techniques et comptables de «  gouvernance » budgétaire.

Les crises migratoires et la perspective de leur amplification pose le problème de l'existence et de l'identité d'un peuple européen. Cette incertitude identitaire est à l'origine de bien des difficultés présentes.

Enfin le retour à la multipolarité du monde et le développement d'une compétition acharnée entre ses différents acteurs met en évidence l'exigence fondamentale de souveraineté

En effet, malgré les discours iréniques sur la mondialisation et l'érosion des Etats-Nations, la souveraineté  reste, le marqueur central de la réalité d'un pouvoir. Or la construction européenne a consisté, sous prétexte de gradualisme, à installer, sous couvert du principe anesthésiant de subsidiarité, un système très coercitif, de transfert/neutralisation insidieux de la souveraineté des Etats membres, au profit d'une Union, incapable de construire, en retour, à son niveau une souveraineté européenne authentique. Ce système d'aspiration/annihilation dont l'extrême nocivité apparait maintenant au grand jour, du fait des multiples crises existentielles qui assaillent l'Europe, a mis en péril sa défense, et explique dans une large mesure son incapacité à forger une politique dans ce domaine.

La refondation des institutions européennes commande le retour au principe, plus souple, d'un « Concert européen de souverainetés nationales ».

Ce double refus impolitique et névrotique de l'identité et de la souveraineté condamne, s'il n'est pas surmonté rapidement, l'Europe à sortir de l'histoire

Pour une Europe des grands espaces

Construire et renforcer le partenariat Euro-Russe , l'Union Européenne l'avait un moment envisagé, puis abandonné sous la pression anglo-saxonne. Il est temps de le relancer, dans une perspective d'équilibre entre le monde atlantique océanique et le monde asiatique continental. Seul en effet, ce partenariat s'appuyant sur un lien tripartite équilibré et complémentaire entre Paris, Berlin et Moscou est capable d'offrir au projet européen une réelle puissance en accordant à celui-ci la possibilité de :

  • développer de grands projets industriels et technologiques, en particulier, dans l'espace et le numérique,

  • lui donner accès à des ressources naturelles considérables

  • le doter enfin d'une véritable profondeur stratégique allant bien au-delà de ce que George Friedman appelle « l'Europe péninsulaire ».Cette convergence entre les trois pays s'est manifestée, avec succès, au cours des dernières années dans des situations très critiques, la guerre en Irak en 2003 et le conflit en Ukraine avec les accords de Minsk II en 2015.

Conclusion.  Rompre avec la stratégie américaine d'encerclement issue de la guerre froide

Se dégager de l'endiguement « Mackinderien » qui oppose depuis plus d'un siècle l'ensemble eurasiatique au reste du monde pour le seul bénéfice de l'hégémonie américaine en recherchant des alliances avec les puissances émergentes et notamment les BRICS. De ce point de vue une attention toute particulière doit être accordée non seulement au monde méditerranéen mais surtout à l'Afrique, le plus proche voisin de l'Europe, dont l'évolution démographique, récemment rappelée par un rapport de l'ONU, va déterminer, pour une part l'équilibre du monde dans les prochaines décennies : 2,4 milliards d'habitants en 2050 et 4,4 milliards en 2100. Le refus de voir les conséquences géopolitiques de cette situation, s'il persistait, est gros d'énormes difficultés à terme très rapproché. 

Reste à savoir s'il existe aujourd'hui une opinion publique européenne prête à entendre ce message et des hommes politiques «  grand format » pour reprendre la formule de Thomas Mann capables de les guider dans cette voie.

Washington, l'Otan, les migrants

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Washington, l'Otan, les migrants

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

On apprend le 12/02, selon la presse, que « l'Otan a décidé d'apporter à l'Allemagne, la Grèce et la Turquie l'aide qu'elles réclament face à la crise migratoire. Le secrétaire général de l'Organisation, Jens Stoltenberg, a annoncé ce jeudi 11 février qu'un groupement naval allié sous commandement allemand allait se rendre sans tarder en mer Egée pour «aider à lutter contre le trafic humain».

" Le commandant des forces alliées en Europe, le général américain Philip Breedlove, «est en ce moment en train d'ordonner au groupement naval permanent (...) de se rendre en mer Egée sans tarder et d'y débuter des activités de surveillance», a précisé Jens Stoltenberg en présentant la mission."

Cette « crise des migrants » sert, comme l'on pouvait s'y attendre, de prétexte à Washington pour s'engager militairement, via l'Otan, en Méditerranée orientale ...ce que l'Amérique fait déjà depuis longtemps, mais plus discrètement et sans recueillir pour cela l'accord de tous les pays européens.

Le prétexte de la crise des migrants ne trompera personne. Ce ne sont pas des navires de guerre de l'Otan qui pourront faire la moindre chose pour empêcher le trafic des passeurs. Il faudrait pour cela qu'ils aient mission de tirer à la mitrailleuse sur leurs embarcations, quitte à augmenter le nombre des noyés parmi les migrants. Or personne ne s'y résoudra, bien entendu. Le prétexte de recueillir des informations sur les passeurs n'a aucun sens. Les informations ne permettront ni à Frontex ni aux garde-cotes grecs d'arrêter les passeurs – sauf encore une fois à tirer sur eux.

Le vrai motif de l'intervention de l'Otan consiste à permettre au général américain Philip Breedlove de déployer des moyens capables d'intervenir directement dans le conflit syrien, en relais de la Turquie et en se substituant à l'Union Européenne et à l'ONU. Cette intervention permettra d'empêcher la Russie de poursuivre la remise en selle de son allié de toujours, Bashar al Assad. Elle rappellera aussi à Chypre et à la Grèce, comme aux pays européens dont les marines nationales pourraient très bien intervenir pour arrêter les trafics à la source, que la Méditerranée est leur mare nostrum.

Tout laisse donc penser que les migrations provenant autant du Moyen-Orient que de l'Afrique ne vont pas s'arrêter, au contraire. Elles servent trop les intérêts stratégiques des Etats-Unis dans cette partie du monde pour ne pas être en partie suscitées par eux. Face à la crise libyenne qui se prépare, tout laisse penser que l'Otan ou à défaut l'US Africa Command ont déjà mis au point des plans d'interventions directes.

La France, au lieu de réagir, laisse faire. Le 11/02 sur France Inter, François Hollande a répété son obstiné « Assad doit partir ». Il sait très bien pourtant que si Assad part, ce seront Daesh et des américano-saoudiens irresponsables qui le remplaceront.

Jean Paul Baquiast

vendredi, 12 février 2016

Les Cinq Grands, la sécurité eurasienne et autres projets

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Leonid SAVIN :
Les Cinq Grands, la sécurité eurasienne et autres projets


Effectuons un bref retour au passé, revenons en 2001 : l’un des principaux analystes du groupe bancaire américain Goldman Sachs Group Inc., Jim O’Neill, utilisait l’acronyme BRIC pour désigner les économies en croissance. Il utilisait certes cet acronyme dans le cadre du néolibéralisme globalisateur mais cela n’a pas empêché les Russes de « coopter » le terme, en proposant dans la foulée au Brésil, à l’Inde et à la Chine de mettre en œuvre un organisme de coopération multilatéral. En un temps relativement bref, un grand nombre d’initiatives ont été lancées pour développer des mécanismes d’interaction entre ces puissances et économies émergentes. Plus tard, l’Afrique du Sud a rejoint ce premier groupe de quatre pays, donnant simultanément naissance à un acronyme élargi, celui de BRICS.


Ces cinq pays couvrent 26% de la surface du globe, représentent 42% de la population mondiale et génèrent 27% du PIB mondial. On les considère généralement aujourd’hui comme le nouvel acteur collectif d’un monde tendant à redevenir multipolaire, en se basant sur un principe de décentralisation et sur la capacité à répondre aux défis du 21ème siècle. Lors de son « briefing » suite au sommet des BRICS à Oufa le 9 juillet 2015, Sergueï Riabkov, représentant le ministre russe des affaires étrangères, déclarait : « Les pratiques des BRICS n’ont aucun précurseur sur la scène de la politique internationale » ; ce groupe d’Etats, a-t-il ajouté, est devenu « un facteur important dans les relations internationales ». Les BRICS deviendront bientôt les « 8 Grands » mais assoiront leurs relations sur des bases nouvelles, celles de l’égalité, de la transparence et du consensus entre tous les membres.


Le dernier sommet d’Oufa a démontré que ce ton informel, sur lequel reposait la coopération entre les participants, n’a pas empêché de créer une association internationale à part entière, bien plus démocratique en son fonctionnement que toutes les autres alliances du siècle écoulé. A Oufa, les participants ont approuvé un plan pour de futures actions : on peut le considérer comme une sorte de résumé des « opérations matricielles » que mèneront les BRICS dans un futur proche. Le document comprend une déclaration générale quant aux finalités et à la stratégie sous-tendant le partenariat économique ; il annonce également l’ouverture d’un département virtuel, c’est-à-dire une page web officielle des BRICS qui publiera tous les documents officiels et offrira des textes pertinents pour comprendre le fonctionnement de cette association informelle. A Oufa, on a également mis sur pied la Banque des BRICS ainsi qu’un fond commun de réserves pour les échanges avec l’extérieur. Le capital combiné s’élève à 200 milliards de dollars. Les premiers projets cofinancés démarreront au printemps de 2016 et ne se limiteront pas aux cinq pays participants : ils viseront une perspective internationale. Pour l’essentiel, il s’agit là d’une alternative financière au FMI des Rotschild qui investira dans les secteurs où cela s’avèrera nécessaire et dans l’économie réelle des pays, ce qui signifie que cette alternative ne se livrera pas à des transactions d’ordre spéculatif en fournissant des prêts aux taux d’intérêt prohibitifs comme le font les banques étrangères, les bourses ou autres fonds de financement.


Entre les pays du groupe des BRICS, on cherchera en permanence à consolider la coopération en tous domaines financiers et économiques. En particulier, le directeur des « affaires européennes et centre-asiatiques », Gui Congyou rappelle que la Russie constitue une priorité pour les investissements chinois, non seulement sur le plan des infrastructures mais aussi dans l’immobilier bon marché et dans la haute technologie.


Cette année, la présidence russe des BRICS s’est montrée particulièrement dynamique. Comme l’a dit le Président Vladimir Poutine le 9 juillet 2015, « l’année de la présidence russe nous a permis d’organiser les premiers fora des BRICS sur les matières civiles et parlementaires ainsi que le forum « jeunesse ». La création du réseau universitaire des BRICS est en voie d’achèvement, de même que la mise sur pied d’un Conseil des Régions de l’organisation.


Il faut ajouter que la coopération se développe désormais non seulement dans les domaines financier et économique : il y a eu des réunions interministérielles dans les domaines de la santé, de l’enseignement, de l’agriculture, de la fiscalité, de la science et des technologies, de la sécurité sociale, des communications, du travail et de l’emploi et de la culture. La coordination accrue entre les pays ont eu un impact indirect mais réel sur toutes les questions internationales brûlantes, telles les conflits régionaux, les menaces dues au narcotrafic, le domaine spatial et la piraterie maritime. Pour faire face à ces problèmes, les participants ont délibérément évité de faire usage de techniques rendant les relations multilatérales trop bureaucratiques. Tous les dirigeants des pays BRICS ont été d’accord pour dire que le modèle actuel de négociations non bureaucratiques devait être maintenu dans l’avenir.

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Ce refus de tout bureaucratisme indique aussi que les BRICS ont des objectifs essentiellement civils. Cette thématique, abordée lors du sommet d’Oufa, a ensuite été remise sur le tapis à la veille du forum tenu à Moscou, avec la participation d’experts. Notamment grâce au « BRICS Business Council », bon nombre d’accords ont été scellés, avec les recommandations de dirigeants syndicaux adressées aux chefs d’Etat. Le Président de la Fédération des Syndicats indépendants de Russie, Mikhael Chmakov, a signalé, lors d’une entrevue avec le Président Poutine, la nécessité impérieuse qu’il y a à éviter les méthodes néolibérales, responsables de toutes les crises qui sévissent aujourd’hui dans le monde. Cette déclaration est importante car elle montre que les pays du BRICS agissent sur base d’un consensus au niveau idéologique et politique, consensus qui guidera la politique général de ces Etats.


On peut aussi considérer que les BRICS constituent un club dont les membres suivent le principe de réciprocité. Le Premier Ministre indien, Narendra Modi a indiqué, lors d’une très importante réunion des dirigeants des pays BRICS, qu’il était important de mener à bien une réforme au sein des Nations Unies et du Conseil de Sécurité. Selon Modi, une telle réforme contribuerait à résoudre plus efficacement les requêtes. Le constat du dirigeant indien est significatif quand on aborde le problème des sanctions : seules les sanctions décrétées par les Nations Unies devraient être suivies d’effets ; toute autres initiative relevant d’une tentative de certains pays d’imposer leur point de vue. C’est inacceptable. Dilma Rousseff, la Président du Brésil, a également évoqué la thématique d’une réforme des Nations Unies et a affirmé la disponibilité de son pays à participer à divers projets comme l’harmonisation des flux migratoires ou le contrôle des changements climatiques.


Il nous paraît important de souligner que d’autres pays montrent un intérêt croissant dans les BRICS. Par exemple, lors du forum financier des BRICS et du Groupe de Shanghai, qui eut lieu le 8 juin, le vice-président de la Banque de Développement Industriel turque, Cigdem Içel était présent. Qui plus est, la participation formelle des chefs des Etats du Groupe de Shanghai, qui avaient tous été invités, a puissamment contribué à rehausser le statut de l’événement. Toutefois, en dehors de l’ordre du jour officiel, les dirigeants ont pu communiquer lors d’une session informelle et discuter d’un bon nombre de sujets, tous également important pour bâtir un partenariat reposant sur la confiance mutuelle.


L’Occident s’est comporté à sa manière habituelle, en usant de deux poids deux mesures et en menant une guerre indirecte sur le plan de l’information. Exemple : la publication de Bloomberg était totalement manipulée, comme si les économies conjuguées de BRICS avaient pratiquement dépassé l’économie américaine. Ce n’est pas vrai : le FMI avait déjà déclaré depuis longtemps que la Chine seule avait dépassé les Etats-Unis en 2014. En revanche, le « Council on Foreign Relations » a tenu un langage plus réaliste, en soulignant que les BRICS visaient tout simplement à réduire l’influence de l’Occident. Le centre d’études stratégiques Stratfor, pour sa part, ajoutait que les BRICS et le Groupe de Shanghai s’étaient transformé en une sorte de plateforme pour résister aux pressions américaines. A l’évidence, les analystes américains n’ont pas entendu, ou n’ont pas voulu entendre, les discours répétés des dirigeants et ministres des BRICS, qui ont plus d’une fois déclaré que leurs efforts n’étaient dirigés contre aucun Etat ou puissance tout simplement parce leurs ordres du jour étaient clairement énoncés. De même, le Groupe de Shanghai a été créé pour résoudre des problèmes de sécurité régionale dans l’espace eurasiatique, pour réguler la production d’énergie et pour établir des corridors de communications.


Mais il est tout aussi évident que ces deux structures apporteront, le cas échéant, une réponse appropriée à toutes les tentatives de miner les assises de la souveraineté de leurs Etats et d’immixtion dans leurs affaires intérieures. Lors de ces sommets, les Russes et les Chinois ont pris le temps de se consacrer à un sujet important, celui de préserver la justice historique et de répondre immédiatement à toutes les tentatives de réécrire l’histoire et de justifier des phénomènes comme le fascisme ou le nazisme.

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Le sommet du Groupe de Shanghai a eu lieu immédiatement après les réunions des BRICS à Oufa et a été marqué par la prise de décisions importantes. Pour la première fois depuis l’existence de ce Groupe, les participants ont reçu de nouveaux membres, l’Inde et le Pakistan. En plus, les participants se sont mis d’accord pour élever au statut de pays observateur la République de Belarus. Sont désormais partenaires dans le dialogue entre membres : l’Azerbaïdjan, l’Arménie, le Cambodge et le Népal. Lors d’une conférence de presse à Oufa, un journaliste occidental a soulevé une question cruciale : celle des problèmes graves subsistant entre l’Inde et le Pakistan ; et comment ces deux Etats envisagent-ils leur future coopération, si différends et conflictualités potentielles demeuraient inchangés ? Ce qu’il faut comprendre, c’est que le Groupe de Shanghai travaille d’une manière complètement différente de l’Occident qui adhère aux thèses de l’école dite « réaliste » avec son équilibre de la terreur, sa pratique de la confrontation, sa propension à créer des conflits d’intérêts, etc. Le Groupe de Shanghai, lui, cherche à promouvoir une méthode entièrement différente et nouvelle en matière de sécurité collective ; il vise à respecter les intérêts et les souverainetés existantes de tous les Etats membres de l’organisation. Cette attitude intellectuelle et morale, hissée aux dimensions « polycontinentales » des BRICS, permettra de normaliser les conflits les plus ancrés dans les réalités régionales, comme par exemple celui qui oppose l’Arménie à l’Azerbaïdjan.


Encore plus important : l’adhésion de l’Inde et du Pakistan transforme le Groupe de Shanghai une alliance informelle de quatre puissances disposant de l’arme atomique. Le Président de l’Ouzbékistan, Islam Karimov, a précisé que cette nouvelle donne pourrait modifier l’équilibre des forces dans le monde. Autre thématique de toute première importance : l’adhésion future de la République Islamique d’Iran. Téhéran subit les sanctions des Nations Unies : il est donc impossible de faire adhérer la RII dans ces conditions. Mais comme l’a dit le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, l’Iran a marqué des points dans les négociations avec six pays et l’on peut espérer, suite à ces progrès, que les problèmes seront résolus à court terme, à condition, bien sûr, que l’Occident ne tente pas de revoir le cadre des accords acquis, comme il l’a fait maintes fois auparavant.


Lors du sommet du Groupe de Shanghai, les participants se sont mis d’accord pour coopérer au sein d’un programme de lutte contre les terrorismes et les séparatismes pour la période 2016-2018. Il vaut la peine de noter que la Russie assumera la direction du Comité Exécutif du Groupe de Shanghai pendant cette période. La convention du Groupe de Shanghai, visant à lutter contre les terrorismes, a commencé à être activée, de même que le « Centre de riposte contre les menaces et les défis à la sécurité », sur base des décisions prises antérieurement au sein du RATS (= « Regional Anti-Terrorist Structure »). L’organisation terroriste qui se nomme « Etat islamiste » y a été considérée comme une menace sérieuse et tous les membres du Groupe de Shanghai ont réitéré leur intention de la combattre, ainsi que d’autres groupements extrémistes internationaux.


La stratégie de développement du Groupe de Shanghai, planifiée jusqu’en 2025, a été acceptée sous la dénomination de « Déclaration d’Oufa ». Cette stratégie prévoit que le Groupe de Shanghai travaillera à établir « un système de relations internationales polycentrique et démocratique », faisant référence aux assises d’un espace sécurisé indivisible. Il sera important, dans cette optique, de respecter l’identité et les principes structurants des Etats membres du Groupe et de leurs peuples, dans le cadre historique qui est le leur.


Dans son discours consacré aux résultats obtenus lors des deux sommets, le Président Vladimir Poutine a montré que les efforts fournis tendaient « à faire émerger une banque de développement du Groupe de Shanghai, doublé d’un Fonds de Développement. Cette idée de créer des institutions sur base de l’association interbancaire du « Centre International du Projet de Financement » du Groupe de Shanghai, est prometteuse. Le dirigeant russe a lancé un appel pour utiliser de manière plus dynamique les possibilités offertes par le Groupe de Shanghai aux Etats BRICS.


Mis à part le tandem BRICS/Groupe de Shanghai, nous verrons de nombreux projets régionaux se joindre tout naturellement aux projets. Les dirigeants russes et chinois ont déclaré qu’ils étaient prêts à œuvrer en étroite collaboration pour mettre définitivement en place deux grands projets d’intégration, l’Union Economique Eurasiatique et le Projet Economique de la Route de la Soie. Il faut ajouter à tout cela la relation triangulaire qui s’est créée entre la Russie, la Chine et la Mongolie. Dans les coulisses du sommet des BRICS, les dirigeants de ces trois pays ont trouvé un accord pour intensifier leurs coopérations à plusieurs niveaux : création de projets infrastructurels, activités culturelles communes, échanges d’informations. Le Président du gouvernement chinois, Xi Jinping, a eu une formule heureuse : « Il est nécessaire de former une communauté liée par un destin mutuel et de promouvoir la multipolarité ».


Les BRICS coordonneront la défense de leurs positions au sein du G20. Cette dernière plateforme, ils l’utiliseront pour parfaire divers projets propres à leurs Etats. Le sommet du G20 aura lieu en novembre 2015 en Turquie. Ils poursuivront leurs pourparlers afin de préparer la banque commune et les autres objectifs décidés dans la Déclaration d’Oufa.


Tout cela signifie automatiquement que toute tentative de manipulation extérieure, même sous des prétextes apparemment plausibles seront voués à l’échec (par exemple, les Etats-Unis tentent de faire triompher leur propre projet de « Route de la Soie »). Le monde, avec l’aide des BRICS et du Groupe de Shanghai sera plus sûr et plus harmonieux.


Leonid Savin.
(article paru sur http://www.katehon.com – repris en versions anglaises et espagnole sur http://euro-synergies.hautetfort.com , le 5 septembre 2015.

jeudi, 11 février 2016

Tout a changé à Buenos Aires !

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Bernhard TOMASCHITZ :
Tout a changé à Buenos Aires !


En Argentine, le nouveau président Macri amorce de nouvelles réformes néolibérales et ramène son pays dans le sillage des Etats-Unis !


Mauricio Macri est devenu Président de l’Argentine le 10 décembre 2015. Ce millionnaire, cet ancien maire de la capitale Buenos Aires prend la succession de Cristina Kirschner, une populiste de gauche. Il n’a pas fait traîner les choses : tout de suite, il s’est attelé à refaçonner le pays selon ses idées néolibérales. Il reçoit l’aval et les applaudissements des médias dominants, surtout aux Etats-Unis. Le New York Times jubile, dès la fin décembre : « A peine trois semaines aux affaires, Macri bouleverse l’Argentine de fond en comble avec ses remarquables réformes ».


Macri a baissé les impôts des entreprises et libéré le cours du peso, qui, tout de suite, a perdu 30% de sa valeur face au dollar américain. C’est surtout le citoyen argentin moyen qui fait les frais de cet effondrement du peso, tout simplement parce que les marchandises importées deviennent beaucoup plus chères. Le New York Times, toujours aussi enthousiaste, remarque qu’avec la diminution des droits d’exportation pour les exploitants agricoles, les éleveurs et les entreprises, Macri veut augmenter leurs profits. Le nouveau ministre argentin de l’agriculture, Ricardo Buryaile, est un ancien directeur de… Monsanto ! Or, il faut se souvenir que le consortium agricole américain était en conflit avec le gouvernement de la gauche populiste de Cristina Kirschner, à cause des redevances. Le 29 avril 2015, l’agence de presse Bloomberg, spécialisée dans les affaires économiques, écrivait : « L’Argentine, le plus gros producteur mondial de graines de soja, envisage d’interdire aux marchands de semences de percevoir des redevances ».


Sur le plan intérieur, le nouveau président cherche à transformer complètement l’Argentine, sans trop tenir compte de la constitution. Comme le rapporte Tele Sur, une chaîne de télévision ibéro-américaine, deux avocats argentins reprochent à Macri d’avoir nommé deux nouveaux juges à la Cours Suprême, ce qui constitue un abus de pouvoir. Ces nominations se sont effectuées sans l’accord obligatoire du Sénat, ce qui constitue, aux yeux des deux juristes, « un acte anticonstitutionnel et une violation manifeste de la Constitution ». De plus, Macri semble préférer gouverner par décrets, passant outre l’avis du Parlement.
L’homme au pouvoir désormais sur les rives du Rio de la Plata gouverne nettement de manière autoritaire : les Etats-Unis, pourtant si prompts à s’insurger contre toute gouvernance autoritaire, se drapent dans un silence absolu.

Ce n’est pas étonnant : Macri est l’homme en qui ils placent tous leurs espoirs en Amérique latine. Peter Koenig, ancien collaborateur de la Banque Mondiale, décrit de Président de 57 ans comme une figure « extrêmement conservatrice » qui « suite des politiques néolibérales » qui entend inverser « le cours progressiste amorcé antérieurement par le gouvernement Kirschner », en réduisant les subsides pour les travailleurs, en privatisant et « en mettant un terme à la politique fiscale (de l’ancien gouvernement), laquelle visait une rédistribution des richesses nationales ». La famille d’entrepreneurs, dont Macri est issu, aurait accumulé de fausses dettes, avec l’assentiment tacite des banques américaines, dettes que le gouvernement argentin a, par la suite, dû prendre en charge. Toujours selon Koenig, Macri laisse derrière lui, en tant qu’ancien maire de Buenos Aires, « un héritage douteux, de magouilles avec l’argent public, avec des dépassements budgétaires outranciers et des travaux publics incessants ». On accuse aussi le nouveau président d’avoir détourné l’argent public pour financer ses campagnes électorales et des parties fines avec des prostituées.


Une dépêche de 2008, émanant de l’ambassade des Etats-Unis à Buenos Aires et dévoilée ultérieurement par Wikileaks, révèle que Macri, lors d’une conversation avec l’ambassadeur américain, a demandé de manière pressante l’immixtion de Washington dans les affaires intérieures argentines pour contrecarrer l’anti-américanisme que cherchait à généraliser le prédécesseur et époux de la Présidente Kirschner, Nestor Kirschner. Son épouse avait suivi cette voie anti-impérialiste. Dans la dépêche, on apprend que Macri « se plaignait que l’engagement américain en Argentine était trop ‘passif’ et n’était pas en mesure de répondre aux provocations des Kirschner, ce qui faisait croire à l’opinion publique que les Etats-Unis n’étaient jamais présents ». Apparemment, l’immixtion de Washington était insuffisante, selon Macri, notamment par l’intermédiaire de ces fondations semi-étatiques, en charge de « promouvoir la démocratie », comme, par exemple, le « National Endowment for Democracy ».


On ne s’étonnera pas, dès lors, que l’Argentine, sous la houlette de son nouveau président, optera pour une ligne très différente en politique étrangère. Cristina Kirschner avait cherché à consolider les liens entre l’Argentine, d’une part, et la Chine et la Russie, d’autre part, dans le but évident de limiter la trop forte influence des Etats-Unis en Amérique du Sud. Le géopolitologue russe Nil Nikandrov note que l’Argentine « tenait régulièrement compte des intérêts russes dans les questions les plus cruciales en politique internationale ». Ainsi, par exemple, Nikandrov rappelle que l’Argentine s’était abstenue, en mars 2014, quand il s’agissait de voter en faveur d’une résolution des Nations Unies, condamnant la Russie pour « les événements de Crimée ».


Macri, en revanche, se pose comme l’exécuteur zélé des volontés de Washington. Dès le premier mois de son mandat présidentiel, Macri s’est immédiatement confronté au Vénézuela, où le Président Nicolas Maduro est affaibli, suite à sa défaite lors des élections législatives du 6 décembre. Macri a annoncé qu’il réclamerait l’exclusion du Vénézuela du Mercosur, le marché commun latino-américain, sous le prétexte que Maduro aurait agi de « manière non démocratique » contre des représentants de l’opposition. Si un Etat membre du Mercosur « brise l’ordre démocratique », a-t-il ajouté, il faut qu’il subisse des sanctions.


Bernhard TOMASCHITZ.
(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°1/2, 2016 ; http://www.zurzeit.at ).

mardi, 09 février 2016

Erdogan agace diablement The Economist

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Erdogan agace diablement The Economist

Ex: http://www.dedefensa.org

En temps normal, c’est-à-dire dans un temps fonctionnant bien au rythme de la narrative-BAO, Erdogan avec sa Turquie devraient être le favori de nos puissants Masters of the Universe. Ne voilà-t-il pas un homme qui veut la peau d’Assad de toutes les façons possibles, y compris en soutenant Daesh et en faisant la fortune de sa petite famille en même temps ; et mieux encore le fin limier, qui abat en plein vol un Su-24 de Poutine et menace l’ignoble Russe de toutes les calamités possible... Et encore “mieux encore”, pour ceux qui ont quelque mémoire disponible : Erdogan a pris cette position et fait ces choix après avoir copiné longuement et chaleureusement avec Poutine, pendant des années, à l’immense agacement de ceux qui, des Anglo-Saxons à l’OTAN, s’étaient considérés depuis des décennies comme les divers parrains, tuteurs et protecteurs d’une Turquie parfaitement occidentalisée par la corruption et l’occidentalisation affichées conjointement, – l’une et l’autre chose allant de pair, évidemment. L’irruption d’Erdogan avec certaines de ses lubies vers la fin de la première décennie du siècle, surtout son espèce de russophilie et ses positions anti-israéliennes, avait troublé le bon ordre des choses. Son retournement complet, préparé par son attaque contre Assad depuis 2011, achevé par le symbole musclé du flingage du-24 russe expédié ad patres le 24 novembre 2015, aurait du dissiper tout ce trouble de mauvais aloi et combler de joie tous ces messieurs-dames des diverses directions-Système du bloc-BAO. Eh bien, – surprise, surprise, ou bien désordre, désordre, – eh bien pas du tout.

The Economist consacre un long dossier à la Turquie et son texte de présentation est plus que critique vis-à-vis d’Erdogan. Par moment, – ô étrange et fatale ivresse des dieux, – on pourrait croire qu’Erdogan est le “méchant” et Poutine le “gentil”. Le distingué canard londonien va jusqu’à affirmer avec réprobation qu’Erdogan, en abattant le Su-24 de Poutine, s’est mis dans une position d’isolement ! Nous n’y comprenons plus rien, nous qui croyions avec constance et zèle que l’isolé-à-perpétuité, c’était Poutine avec sa barbare Russie ... On croirait presque à un compte-rendu de RT ou de Sputnik de l’incident, lorsqu’on lit dans The Economist, jusqu’à l’insistance sur les circonstances géographiques de la chose : « Le danger de l’isolement [de la Turquie et d’Erdogan] fut brutalement mis en évidence en novembre quand un chasseur turc abattit dans l’espace aérien syrien un chasseur russe qui avait brièvement pénétré dans l’espace aérien turc. » La suite du commentaire semblerait un conseil donnée à la Turquie de ne pas se frotter aux Russes, ce qui pourrait constituer avec un peu d’interprétation une drôle de façon indirecte de quasiment reconnaître la légitimité de l’intervention russe en Syrie.

Inutile de dire que les Russes, attentifs aux évolutions de la communication dans la maison de fous qu’est le bloc-BAO, ont sauté sur les jugements catégoriques de cette bible de l’hyperlibéralisme-hypercapitaliste qu’est The Economist. Le site de Sputnik.News en donne un compte-rendu résumé ce 8 février. Nous allons à la source originelle de l’outrage, pour donner la fin du texte de présentation de Max Rodenbeck, mis sur le site de l’hebdomadaire britannique ce 6 février.

« ...The danger of isolation was sharply underlined in November when Turkish jets shot down a Russian fighter over Syria that had briefly entered its air space. The Russian president, Vladimir Putin, swiftly responded with a broadside of sanctions. The Russian measures could trim up to 0.7% from Turkish GDP growth this year, according to the European Bank for Reconstruction and Development.

» With lukewarm support from its allies, Turkey has tried to calm the excitement. But given its support for militias fighting against Syria’s president, Bashar al-Assad, and Russia’s growing military commitment to his survival, there could well be more clashes. Turkey seems in danger of stumbling into an unplanned but potentially costly fight. It imports most of its gas from Russia, and Turkish construction firms have well over $10 billion-worth of Russian contracts on their books.

» Now Turkey faces a new threat. A double suicide-bombing in Ankara on October 10th last year aimed at a march by leftist trade unions and Kurdish activists killed more than 100 people. In January suicide-bombers struck again, this time in the heart of Istanbul, killing ten tourists. Both attacks were attributed to Islamic State. In a country that has long seen itself as insulated from Middle Eastern turmoil, the intrusion of violent radical Islam came as a particular shock. Worse, it partly reflected Mr Erdogan’s slowness to recognise the danger of blow-back from his own policies in Syria, where Turkey for too long indulged radical Islamists so long as they opposed the Assad regime.

» Rather than blame the party in power for such setbacks, worried voters in November rallied behind Mr Erdogan, backing a strong, tested government rather than risk rule by a possibly weaker coalition. It helped that the ruling party, in effect, controls Turkey’s mainstream media, which pumped up nationalism in the face of danger. Mr Erdogan had carried the 2014 presidential election with a slim majority of 52%, and his AK party, for all its success, enjoys the support of just half the Turkish public. Many of the rest remain sceptical or even bitterly opposed to him.

» This special report will argue that Turkey’s leaders, with their ambitions still set on mastery, are not doing nearly enough to heal such internal rifts. The Kurdish issue looms as one big danger, and so does the Turkish economy’s growing vulnerability to external shocks. Mr Erdogan’s blustering, bulldozing style, together with his party’s growing intolerance for dissent, portends trouble. »

...Non, The Economist n’est pas devenu fou, mais peut-être la cause qu’il défend avec une élégance toute britannique est-elle, elle, complètement folle. Ce digne organe de propagande de l’anglosaxonisme et de la globalisation hyperlibérale n’écrit rien qui n’ait une intention tactique, selon une stratégie qui ne varie pas depuis sa création, au XIXème siècle. Il s’agit de lire entre les lignes, et de retenir les paragraphes importants au milieu du bla-bla de convenance, comme avant l’on lisait la Pravda soviétique. Par conséquent, nous pouvons penser que ce texte de présentation si hostile à Erdogan et à la Turquie reflète un sentiment désormais dominant dans les milieux dirigeants-Système du bloc BAO. L’hypothèse s’impose sans aucun doute d’elle-même, quant à sa justification : il apparaît très probable que les manigances d’Erdogan dans la manipulation des migrants syriens vis-à-vis de l’Europe depuis le printemps 2015 est l’énorme goutte d’eau qui est en train de faire déborder un vase qui ne demandait pourtant qu’à rester bien sagement dans son espace contenu.

On a là un signe convaincant de l’ampleur de la crise que l’action d’Erdogan a provoqué chez les dirigeants-Système du bloc-BAO, dans leur entièreté puisque les meneurs anglo-saxons sont de la partie. On a la confirmation que la crise des migrants est un énorme problème pour la direction européenne. Si certains ont cru pouvoir avancer que cette crise des migrants constituaient un “plan” impliquant dans un parfait accord  tout ce beau monde solidaire [Erdogan + les dirigeants-Système], qu’elle était en un sens coordonnée entre les uns et les autres, nous serions tenté de penser que cette attaque de The Economist est une indice sérieux de la vanité de l’analyse. Notre préférence va plutôt au désordre, à l’absence de coordination, au déchaînement des hybris divers, aux mécanismes déterministes-narrativistes des fables sociétales, à la sottise et à la médiocrité standard des uns et à l’emportement hystérique et hyper-narcissique des autres, et ainsi de suite. Tout cela, qui caractérise le désordre général qui est désormais bien dans notre façon d’être, entraîne des heurts internes sans fin (au sein du au bloc-BAO), et chaque fois avec des conséquences de plus en plus considérables. C’est du standard surpuissance-autodestruction.

Autre indication que nous donne cette intervention, qui concerne les projets de Grand-Califat, avec invasion de la Syrie pour commencer, du président-Calife Erdogan. La position de The Economist avec des mots tels que “le soutien réservé” (de l’OTAN à la Turquie dans l’affaire du Su-24), est un indice de plus que le comportement d’Erdogan est de plus en plus mal vécu au sein de l’OTAN, y compris avec les alliés américanistes. S’il devait y avoir en enchaînement guerrier en Syrie du fait d’une intervention turque, il s’agirait d’un moment extrêmement difficile pour l’Alliance atlantique, soumise ainsi à une de ses plus rudes épreuves entre la solidarité affichée qu’on juge en général absolument impérative et les dissensions internes pouvant aller jusqu’à des situations proches de la rupture alors qu’il s’agirait d’une situation conflictuelle où les Russes seraient de la partie. Enfermé dans son palais des mille-et-un-songes, Erdogan qui est désormais plutôt du genre Prophète-Antéchrist n’est pas nécessairement informé de tout cela, ni même intéressé si on lui en faisait part. Il fait partie de cette nouvelle classe de dirigeants née du désordre du monde, et ayant ainsi délibérément choisi d’ignorer complètement les vérités-de-situation au profit des narrative qui correspondent à leurs humeurs et à leurs vaticinations diverses, – dont l’une des définitions, celle qu’on favorisera, est « Délire verbal, comme si on était habité par un dieu ». Tout cela est bien en phase avec le rythme du temps présent et à la représentation postmodeniste permanente.

 

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L'Amérique craint de perdre le contrôle de la Mer de Chine Méridionale

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L'Amérique craint de perdre le contrôle de la Mer de Chine Méridionale

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La volonté constamment affirmée par les Etats-Unis de conserver un contrôle absolu sur la Mer de Chine méridionale se heurte indéniablement depuis quelques mois à la volonté opposée de la Chine.
 
Celle-ci désire manifestement, encore que la revendication soit encore présentée avec prudence, ne pas être soumise à ce contrôle, la Mer de Chine méridionale constituant, plus encore pour elle proche que pour la lointaine Amérique, un enjeu important, notamment pour ses relations maritimes avec le reste de l'Asie, l'Afrique et l'Europe. Accepterait-elle la main mise américaine sur ces eaux, il en serait fini de sa volonté de compter comme une grande puissance dans un monde voulu comme multilatéral.

La carte ci-dessus montre l'ampleur des zones maritimes et côtières concernées. La partie sur laquelle la Chine revendique, non des droits maritimes exclusifs, mais de ne pas en être exclue par la marine américaine et celle de ses alliés notamment le Japon s'étend à l'intérieur de la limite dite des 9 points, dénommée aussi langue de boeuf du fait de sa forme.

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Jusqu'à ces derniers temps, les Etats unis s'appuyaient sur un ensemble de moyens militaires d'une puissance exceptionnelle au monde, faits de porte-avions et leurs groupes d'accompagnements, de sous marins et missiles. La Chine, se sachant incapable de rassembler de tels moyens, s'était rabattue, comme nous l'avons ici plusieurs fois signalé sur des missiles terre-mer très sophistiqués capables dans certaines conditions de couler un porte-avion en une frappe unique. Mais cela n'était manifestement pas suffisamment. Elle a entrepris de construire des bases navales artificielles sur des ilots des archipel Paracel et Spratly en dépit du fait qu'elle n'y exerce qu'une souveraineté contestée par les Etats voisins. On a parlé de « porte-avions incoulables » (unsinkable carriers). Il y a quelques jours une compagnie aérienne chinoise y a fait atterrir deux avions civils, au grand émoi du Pentagone et de ses alliés.

Par ailleurs la Chine a mis en place une flottille de garde-côtes capable de « harasser », selon un mot de l'ancien commandant de U.S. Pacific Fleet, James Fanell , le commerce maritime des Etats alliés. Ceci est très exagéré, néanmoins là encore la Chine veut confirmer son rôle dans la Pacifique Sud.

Les Etats-Unis, dans leur volonté de réaffirmer leur présence militaire en Asie, selon le désormais célèbre « pivot vers l'Asie », dont Obama s'était fait le champion, se trouvent très embarrassés. Ils ne peuvent pas réagir militairement, sauf à déclencher une guerre conventionnelle avec la Chine, pouvant dégénérer en conflit nucléaire. Certains des candidats à la Maison Blanche s'y sont déclarés prêts, mais ils ne sont pas certains à ce jour d'être soutenus par l'opinion américaine. Quand aux actions diplomatiques, elles n'auront qu'en effet limité.

La "démission américaine"

Les néo-conservateurs américains font actuellement valoir que les Etats-Unis ont gravement démissionné face à la Chine. La Maison Blanche, disent-ils, comme le Congrès, sont plus attentifs aux évènements du Moyen Orient et à la volonté de pousser l'Otan aux portes de Moscou, qu'à ce qui se passe en Asie. La marine américaine souffre de restrictions budgétaires l'empêchant de renforcer – encore – ses moyens et de se doter d'un arsenal d'armes nouvelles analogues à celles développées par la Chine et la Russie. Les élections présidentielles enfin ne se focalisent pas comme elles le devraient sur le danger représenté selon eux par la Chine.

Les pays européens, notamment ceux ayant une présence maritime non négligeable, devraient-ils partager ces alarmes néo-conservatrices à l'égard d'un « danger chinois »? Il est certain qu'il ne faut jamais baisser les bras d'avance. Néanmoins, à supposer que la Chine prétendre exercer un contrôle renforcé sur les eaux de la Mer de Chine, elle ne pourrait pas prétendre l'étendre à des routes essentielles à son développement, notamment vers le canal de Suez, la Méditerranée, l'Europe et l'Afrique. Le climat est plutôt à la coopération avec la Chine, notamment dans le projet de Nouvelle Route de la Soie. Ceci exaspère les stratèges américains.

Ceux-ci, avec la mise en place d'un Traité Transpacifique qui asservira beaucoup de pays asiatiques aux exigences de Wall Street et du Pentagone, espèrent reprendre par des voies dites commerciales un contrôle en train de leur échapper sur les Etats côtiers de la « langue de vache ». Les pays européens n'acceptant pas d'être engagés dans un Traité Transatlantique (TTIP) présenté par la Commission européenne comme le complément indispensable du Traité Transpacifique, devraient trouver là une raison de plus pour refuser cette perspective.

Iran Completes Eurasian Golden Triangle

Ex: http://journal-neo.org
 
Iran Completes Eurasian Golden Triangle

Sometimes profound tectonic shifts in the global politics arise from least noticed events. Such is the situation with Iran and the recent visit to Teheran of China’s President Xi Jinping. What emerged from the talks confirms that the vital third leg of what will become a genuine Eurasian Golden Triangle, of nations committed to peaceful economic development, is now in place. Now Iran, Russia and China have all indicated a will to cooperate that has the potential to change the current Western course of wars and destruction in favor of peace and cooperation. Consider some aspects of recent events since lifting of economic sanctions on Teheran only days ago.

What emerges in the public announcements following talks between China’s President and all top Iranian leaders from Prime Minister Rouhani to Iranian Parliament Speaker Ali Larijani and Supreme Leader Ayatollah Ali Khamenei, merely hints at what is clearly a profound shift in the relations between China and Iran. On January 23, an official Chinese Xinhua news agency statement on Xi’s Iran trip, the first by any Chinese leader in fourteen years, declared the visit will, “lift their ties to a comprehensive strategic partnership.” In Teheran the Chinese President noted, “China stands ready to work with Iran to seize the momentum and further elevate our relationship and practical cooperation, so as to usher in a new chapter for our ties featuring comprehensive, long-term and stable development.”

Developing the economic fibers

The content of that cooperation is of a major geopolitical and geo-economical importance for not merely Eurasia, but for the world. Iran has just formally requested to join the world’s most important infrastructure project, China’s One Belt, One Road initiative, often called the New Silk Road Economic Initiative. The New Silk Road initiative was first proposed during a September 2013 meeting in Astana between Xi and Nursultan Nazarbayev, the President of Kazakhstan. Kazakhstan today is also a member with Russia of the Eurasian Economic Union and also of the Shanghai Cooperation Organization. Keep these various threads of an evolving economic fiber in mind as we proceed.

Since that initial 2013 discussion in Astana, the One Belt, One Road has begun to transform the political and economic map of all Eurasia. Last year in talks in Moscow just prior to the May 9 Russian Victory Day celebrations, where Xi was a specially honored guest, Vladimir Putin announced that the Eurasian Economic Union–Russia, Belarus, Kazakhstan, Armenia and Kyrgyzstan–will formally integrate its own infrastructure development with China’s New Economic Silk Road.

Now the formal addition of Iran to the expanding Eurasian Silk Road is a giant positive step. It will allow Iran to break years of economic isolation and Western sanctions, and to do so over land where NATO color revolutions and other shenanigans are rendered largely impotent. It will open for the rest of Eurasia, especially China, but also Russia, vast new economic potentials.

Iran’s extraordinary resources

Iran has a young, educated population of more than 80 million, more than half under 35 years old, and a strategic land expanse twice the size of the state of Texas. It has the ninth highest literacy rate in the world–82% of the adult population, and 97% among young adults between 15 and 24 without gender discrepancy. Iran has 92 universities, 512 online University branches, and 56 research and technology institutes around the country with almost four million university students, one million of them medical students. One third or 31% are studying in Engineering and construction programs, one of the highest rates in the world. Iran today is not the primitive backwater many American policymakers imagine it to be. I’ve witnessed that first hand.

The country has also been blessed with vast undeveloped economic resources, not only its huge reserves of oil and natural gas. It is situated adjacent to Armenia and Azerbaijan on the north, Afghanistan and Pakistan on the east, and Iraq and Turkey on the west. The Persian Gulf and the Gulf of Oman lie south, and the Caspian Sea—the largest inland body of water in the world—lies to the north, giving Iran most of the water needed for its agriculture.

In terms of other natural resources it has one of the world’s largest copper reserves, as well as bauxite, coal, iron ore, lead, and zinc. Iran also has valuable deposits of aluminum, chromite, gold, manganese, silver, tin, and tungsten, as well as various gemstones, such as amber, agate, lapis lazuli, and turquoise. It’s a beautiful, rich country, as I can personally attest.

Now, by connecting the country to the expanding network of high-speed rail infrastructure in Eurasia’s One Belt, One Road, Iran’s future will become firmly tied to the most vibrant economic space on the planet–Eurasia–from the Pacific to India to Russia and, whenever the EU decides to stop being suicidal vassals to a Washington gone mad, also to Europe.

Notably, the peaceful economic relations between Iran and China go back some 2,000 years, when Persia was a key part of the ancient Silk Road trade route from China to the west. That fact was underscored by President XI. For the past six years, China has been Iran’s largest trading partner, which, despite western sanctions, reached $52 billion in 2014. That is now set to vastly increase, as Western sanctions are gone.

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Iran as NATO pawn?

There are some who have speculated in recent months that, with US sanctions now lifted, Iran will become a pawn of Washington geopolitical games. While the Obama Administration clearly would relish the prospect, it will not happen. A recent event that has been covered up in Western, especially USA media coverage, illustrates Iran’s clear intent to defend its autonomy and sovereignty, much as her allies China and Russia do, all to the chagrin of NATO and the Pentagon.

In early January Iran seized two US Navy small ships that had violated its territorial waters in the Persian Gulf. They were captured and boarded and the 10 sailors on board taken into custody before being released, unharmed, allowed to continue their journey in their own boats. Their boats had “wandered” into Iranian territorial waters around Farsi Island.

US Defense Secretary Ash Carter claimed it was “apparently” because of mechanical and navigational failure. Farsi is the home base for the naval wing of Iran’s Revolutionary Guard Corps, in the center of the Gulf. Rear Admiral Ali Fadavi, the commander of the naval branch of the Revolutionary Guard, publicly agreed with Carter, stating to press, “They were positioned in that area due to the failure of their navigation systems and they were not aware of being close to Farsi Island.”

Admiral Ali Fadavi was being diplomatic and more than a bit coy. Farsi Island is one of the most strategic bases in Iran, home to Iran’s maritime unconventional warfare force. The US claims that their two boats “lost” their GPS satellite abilities at precisely the same time, and the Secretary of Defense claims that he isn’t sure what happened? That the two boats also lost radio communication and all other communication during the incident, is a huge embarrassment for the US Navy, who only recently described Iran as an “ox-cart technology culture.”

The loss of all communication equipment and GPS systems on two US Navy boats at the same time means one thing: Iran has developed highly sophisticated electronic means to blind the GPS guidance systems essential to all operations of the world’s most powerful navy. Iran is no ox cart technology culture. In cooperation with Russia and Syria in the war to defeat ISIS, Iran has demonstrated it is no push-over as was Saddam Hussein’s Iraq in 2003. And, despite years of US sanctions, Iran today in military terms is not comparable to Iran during the US-instigated Iran-Iraq war in the 1980’s.

The recent incident recalls the event on December 4, 2011 when a US a Lockheed Martin RQ-170 Sentinel spy drone, the premier spy drone in the US fleet, crashed into the Iranian countryside. Iran claimed its electronic warfare unit brought the plane down. Washington laughed. Iran was right. They didn’t just down the aircraft, they took control of it mid-flight: “Using its knowledge of the frequency Iran initiated its ‘electronic ambush’ by jamming the bird’s communications frequencies, forcing it into auto-pilot. By putting noise [jamming] on the communications, you force the bird into autopilot. This is where the bird loses its brain.’” Iran managed to guide the drone to a peaceful landing inside Iran with the drone “believing” it was Afghanistan. This most recent Iranian capture of two US Navy boats well in Iranian waters by sophisticated electronic jamming says that Iran is hardly bowing before the temple of Washington power. She has become a very formidable military force. This ability for self-defense is very important in today’s hostile world.

SCO membership

Now, with Iran a formal partner in the Eurasian New Silk Road infrastructure development, and with US sanctions finally lifted, Iran will certainly be formally admitted as a full member of the Shanghai Cooperation Organization at their next annual meeting this summer. Iran currently has SCO Observer status.

Presently SCO members include China, Russia, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Tajikistan, Uzbekistan and most recently, India and Pakistan.

In coming months the SCO, if present dynamics continue, will form the seed crystal of an emerging unified Eurasia, cooperating economically, politically, and importantly, militarily, as well as in counter-terrorism. It will tend to become the forum where vital issues among all SCO member nations will be worked out, as the Chinese are fond of saying, on a “win-win” manner.

We’re seeing the emergence of a true Eurasian Golden Triangle with China, Russia and Iran as the three key points. With the stated plan to route the Silk Road rail infrastructure to assist the mining of new gold for currency backing of the Eurasian member states, including now Iran with its significant own unexploited gold, the hyper-inflated, debt-bloated dollar system is gaining a formidable positive alternative, one committed to peace and development. Isn’t that a nice prospect?

F. William Engdahl is strategic risk consultant and lecturer, he holds a degree in politics from Princeton University and is a best-selling author on oil and geopolitics, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.
http://journal-neo.org/2016/02/03/iran-completes-eurasian...

lundi, 08 février 2016

Les raisons du refus de l'adhésion turque à l'Union Européenne

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Les raisons du refus de l'adhésion turque à l'Union Européenne

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Deux promesses inconsidérées avaient été faites à la Turquie. En 1963, De Gaulle et Adenauer, agréablement surpris par les résultats de la « révolution kémaliste », avaient indiqué que la Turquie pourrait faire partie de la CEE à peine née (1957) qui se résumait alors à l’idée d’un marché commun, sans aucun attribut politique, ce à quoi De Gaulle était farouchement opposé. En 2005, au prix d’une négociation douteuse, où l’Autriche leva son veto en échange de la promesse d’une adhésion accélérée de la Croatie, des pourparlers d’adhésion avec la Turquie furent ouverts, alors même qu’une telle proposition n’avait pas été faite à des pays réellement européens, comme la Serbie ou l’Albanie par exemple. C’était évidemment absurde.

La Turquie en effet a une indéniable dimension eurasiatique, que n’a pas la Russie contrairement à ce que beaucoup croient, et ne saurait être qualifiée d’européenne, même si elle a en elle une part d’européanité, illustrée notamment par les Turcs Blancs (beyaz Türkler) d’où fut issu Atatürk en personne. Le peuplement anatolien d’origine, pré-indo-européen et pré-sémitique, semble avoir résisté à deux millénaires de vagues indo-européennes (Hittites, Arméniens, Phrygiens, Grecs, Perses et Latins) et caucasiennes (Lazes, Circassiens) mais aussi à la vague altaïque des Turcs Oghuz, peu nombreux et qui se fondirent dans la population native tout en lui imposant la langue turque et l’islam, et aussi en partie au brassage interne de l’empire ottoman (avec des populations européennes et non-européennes).

Si la Turquie est partiellement européenne pour ces raisons, sa culture et son histoire politique de ces cinq derniers millénaires se sont établies contre la civilisation européenne. La Turquie, sous les traits de l’empire ottoman, a pu assiéger Vienne à deux reprises, sans oublier ce qu’elle a fait subir à plusieurs peuples européens, dont Grecs, Serbes et Albanais, sans parler de sa conquête de Constantinople, et de la mort héroïque de Constantin XI Dragasès. Cette histoire ancienne ne saurait être tenue pour négligeable, malgré l’alliance contre nature entre François Ier et Soliman, une tache honteuse sur le règne de ce grand roi de France. Je songe encore à la bataille de Missolonghi où de courageux Grecs offrirent leur vie pour leur patrie et pour l’Europe entière.

Alors bien sûr il y a le mirage kémaliste. On oublie bien souvent que Kemal Atatürk a établi son régime sur une victoire contre les Grecs et ainsi l’exil de 500.000 Grecs vers la Grèce indépendante en 1920, et sur la répression de tout ce qui n’était pas turco-musulman. Atatürk sur un plan personnel détestait la religion établie qu’avait adopté son peuple à la sortie de l’Asie Centrale dix siècles auparavant. Il réprouvait des principes qu’il considérait comme archaïques et méprisables. C’est ainsi que naquit la laïcité turque, mais une laïcité qui faisait de l’islam la religion nationale de la Turquie, pour peu que cet islam se réforme dans le sens imposé par Atatürk, à savoir avec un Allah rebaptisé Tanri, un Coran écrit en turc, sans califat, sans voile pour les femmes, sans fez pour les hommes, en prenant comme référence le droit civil suisse.

Mais Atatürk, aussi fascinant et déterminé qu’il ait pu être, n’a pas gouverné 20 ans. Il est mort en 1938 à la veille de la seconde guerre mondiale. On ignore d’ailleurs quel camp il aurait choisi. Sa révolution fut inachevée et Inönü déjà d’en atténuer les effets. Un consensus mou s’établit alors. Les islamistes radicaux étaient écartés du pouvoir à l’instar de ce qui arriva à Erbackan dans les années 90. Mais même au sein du nationalisme laïc du MHP, une forme d’islamo-nationalisme grandissait. C’est sur les paysans anatoliens (« Kara Türkler ») et sur cette synthèse d’islam et de nationalisme turc que devait s’établir l’AKP, au nom de promesses mensongères faites à la bourgeoisie turque, à peine sortie d’un gouvernement de coalition critiqué pour corruption et dont seul le MHP et le CHP réussir à survivre difficilement. Le développement économique et le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne permirent à Erdogan de s’imposer et de briser un par un ses adversaires.

En 2008, l’armée et les institutions « kémalistes » ont tenté d’interdire l’AKP pour viol de la constitution. Cela s’est joué à un membre de la Cour Suprême près. L’AKP survécut et désormais Erdogan écrasa brutalement tous ces adversaires, par le biais de grands procès liées à une obscure affaire où une organisation secrète, « Ergenekon », aurait conspiré contre le gouvernement. Des journalistes et des hauts gradés de l’armée furent arrêtés. Erdogan liquida ainsi l’héritage de Mustafa Kemal d’un trait de plume.

La réislamisation de la société turque sous son impulsion est une réalité. La politique répressive à l’égard des Kurdes, qui a amené le gouvernement turc à des relations bien troubles avec l’EI en Irak et en Syrie, en est une autre. La provocation vis-à-vis de la Russie, avec ce chasseur abattu, en est encore une autre. On voit bien que l’AKP d’Erdogan, qui a même réussi à marginaliser l’ancien président plus modéré, et pourtant issu de ses rangs, Abdullah Gül, domine la société et même quand il titube comme en début d’année 2015, il arrive à rebondir quelques mois après au prix d’une nouvelle guerre en pays kurde et à l’issue d’attentats criminels aux origines obscures, ralliant 4 ou 5 points d’électeurs MHP lui permettant de retrouver cette majorité parlementaire tant espérée pour qu’Erdogan puisse se tailler un costume de super-président. Le scandale n’est pas que la Turquie se dote de manière souveraine du gouvernement qu’elle souhaite et qu’elle se colore à nouveau de vert. C’est son affaire.

Le scandale est que l’Union Européenne n’en tienne pas compte, en arrêtant ce processus d’adhésion contre-nature. Or que fait-elle sous l’impulsion d’Angela Merkel, et ce en raison de migrants prétendument syriens qui déferlent sur l’Allemagne (et le reste de l’Europe occidentale), parce que la Turquie facilite en réalité leur départ vers notre continent ? Elle rouvre les pourparlers d’adhésion, ouvrant un nouveau chapitre, alors même qu’Ankara continue de ne pas reconnaître la Chypre grecque et continue son occupation illégale (depuis 1974) du nord-est de l’île. Elle offre plusieurs milliards d’euros à Erdogan pour qu’il garde les migrants sur son territoire. Elle prône de manière suicidaire la suppression des visas turcs pour l’espace Schengen, alors qu’on sait que de nombreux faux passeports syriens et turcs pullulent.

Notre position est très claire et en rupture avec cette ligne politique aberrante. Il s’agit de doter l’UE de véritables frontières et que ces dernières soient respectées par la Turquie, de décréter la fin de l’occupation de Chypre, et surtout de mettre fin au plus tôt au processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, ouvert de manière inconsidérée par des gouvernements sans mandat. La Turquie n’est pas européenne, même si elle a une part d’Europe en elle, et certainement pas parce qu’elle a conservé la Thrace (3% de son territoire, 5% de sa population) qui aurait dû lui être reprise en 1913 puis dans le cadre du traité de Sèvres (1920). Cette position dure ne m’empêche pas de souhaiter pour le bien du peuple turc lui-même la chute du gouvernement AKP et la mise en avant d’un néo-kémalisme. Mais les signes actuels donnent peu d’espoir d’un tel renouveau à brève ou moyenne échéance. Et cela ne m’empêche pas de souligner l’amitié que l’Europe entendra préserver avec la Turquie si cette dernière parvient à se libérer de cette régression idéologique qui préside actuellement à ses destinées.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

samedi, 06 février 2016

Indiens Botschafter bestätigt: Krieg in Syrien wurde von aussen angezettelt

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Indiens Botschafter bestätigt: Krieg in Syrien wurde von aussen angezettelt

Interview mit dem ehemaligen indischen Botschafter in Syrien, V. P. Haran

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Ein aufschlussreicher Bericht des früheren Botschafters Indiens in Damaskus macht klar: Die Darstellung des Westens, der syrische Präsident Assad sollte durch einen Volksaufstand gestürzt werden, ist nicht haltbar. Der Krieg wurde von aussen angezettelt, unter anderem von den Golf-Staaten und der al-Kaida. Mit ihr arbeiteten die USA über den al-Nusra-Flügel zusammen. Assad hat die Gefahr unterschätzt – weil er wusste, dass sein Volk hinter ihm steht.


V.  P. Haran diente von 2009 bis 2012 als Indiens Botschafter in Syrien. Er hat mit dem mehrfach preisgekrönten indischen Magazin Fountain Ink darüber gesprochen, wie Teile der Medien den Aufstand aufgebauscht haben, und darüber, dass es schon in den ersten Tagen des Konfliktes Anzeichen gab, dass al-Kaida mit im Spiel war. Die Einschätzung des Botschafters bestätigt die Erkenntnisse des US-Journalisten Seymor Hersh, dass Assad im eigenen Volk keine militante Opposition zu fürchten hatte.

Deutsche Wirtschafts-Nachrichten: Wie war Syrien, als Sie im Januar 2009 dort ankamen?

V. P. Haran: Syrien war ein friedvolles Land, und es bestanden keine unterschwelligen Spannungen. Der syrischen Wirtschaft ging es gut, und die durchschnittliche Wachstumsrate lag bei mehr als 5 Prozent. Die Arbeitslosigkeit lag bei etwa 8 Prozent, doch arbeitslose Syrer konnten Arbeit in den Golf-Staaten finden. Es gab jedoch eine hohe Quote an gebildeten Arbeitslosen. Auch Syriens Auslandsschulden lagen bei komfortablen 12,5 Prozent des BIP. Ein Grossteil davon wurde Russland geschuldet, welches aber viele der Schulden abschrieb. Das echte Problem war die Dürre im Nordosten, die zu einer massiven Umsiedlung in den Süden und den Südwesten geführt hatte.

Wie war das Leben in Damaskus?

Als Diplomat neigt man dazu, ein zurückgezogenes Leben zu führen, doch manchmal fuhr ich in die Innenstadt, manchmal mit dem Taxi, trank einen Tee im Café und sprach mit den Menschen. Das waren wundervolle Momente und wundervolle Tage. Die öffentliche Ordnung war nie ein Problem. Meine weiblichen Kollegen erzählten mir, sie könnten Schmuck tragen, morgens um zwei Uhr alleine nach Hause gehen und sich dabei sicher fühlen. In einigen Stadtteilen hatten Restaurants bis um fünf Uhr morgens geöffnet. Man hatte nie das Gefühl, dass es Ärger auf den Strassen geben würde. Manche sagen, das sei wegen des Muchabarat (des Militärgeheimdienstes), doch ich spürte, dass die Menschen sich für ihre kollektive Sicherheit verantwortlich fühlten.


Als ich Damaskus erreichte, wurde mir gesagt, jeder Zweite gehöre zum Muchabarat. Das ist massiv zu hoch eingeschätzt. Es gibt eine Geheimdienstabteilung, die intern sehr effizient funktioniert, aber ich hatte nie eine direkte Begegnung. In meinen vier Dienstjahren folgte man mir einmal in der Idlib-Provinz. Ein Jeep hat sich an uns angehängt, aber sie verhielten sich nicht einschüchternd.

Haben Sie den «arabischen Frühling» in Syrien vorhergesehen?

Als sich die Situation in Tunesien und Ägypten anspannte, trat Präsident Bashar al-Assad im Fernsehen auf und erklärte, dass die ­politischen und wirtschaftlichen Bedingungen in Syrien anders seien. Er sagte, er sei zuversichtlich, dass Syrien nicht den gleichen Weg einschlagen werde. Das war auch die generelle Einschätzung der diplomatischen Gemeinschaft.


Bashar al-Assad war ein beliebter Staatschef, und das ist auch mit ein Grund, dass er noch immer an der Macht ist. Es gibt keine hinreichende interne Opposition, und viele der Probleme in Syrien sind ausländischer Herkunft, aus Quellen, die versuchen, sich eines unbequemen Regimes zu entledigen. 67 Prozent der gesamten arabischen Welt hatten ihn in einer Umfrage 2009 zur beliebtesten arabischen Person gewählt. Sogar die diplomatische Gemeinschaft war sich darüber einig, dass er die Unterstützung von etwa 80 Prozent der Einwohner Syriens hatte. Auch westliche Diplomaten bestätigten das. Er hatte im Jahr 2000 Reformen begonnen, die er aber wegen der Opposition durch die Baath-Partei nicht zu Ende führte.


Auch ist das nicht einfach ein Kampf zwischen Sunniten und Schiiten. Schauen Sie sich die Zahlen an. Es sind mehr als 50 Prozent sunnitische Muslime in Syrien. Die übrigen sind Kurden, Drusen, Maroniten, Assyrer, Alawiten und andere. Bashar al-Assad hat die volle Unterstützung dieser Minderheiten und sogar ein grosser Anteil der sunnitischen Muslime unterstützt ihn. Doch bis zu dem Zeitpunkt, als ich das Land 2012 verliess, hatte sich Syrien sehr verändert. Während die ersten paar Jahre wie im Himmel waren, begannen sich die Dinge Anfang 2011 zu verschlechtern.

Können Sie sich an die ersten Proteste 2011 erinnern?

Ab Februar, als Bahrain Proteste erlebte, versuchten einige NGOs, Proteste in Damaskus zu organisieren. Zwei wurden über zwei Wochenenden organisiert, doch kaum 20 oder 30 Leute nahmen teil. Die Zahl der Journalisten und Mitglieder der diplomatischen Gemeinschaft war weitaus grösser als die der Demonstranten. Dann kamen die Ereignisse des 18. März 2011, als Kinder an die Wände der Schule schrieben und es dann einen grossen Protest gab. In der darauffolgenden Woche kam es zu einem weiteren Protest in Latakia, und so etwas geschah dann an jedem weiteren Freitag.


Schon bald war es in Teilen von Latakia, Homs und Hama chaotisch, doch Aleppo blieb ruhig, was die Opposition sehr störte. Die Opposition konnte die Menschen von Aleppo nicht dazu bringen, gegen das Regime aufzustehen, also sandten sie Busladungen voller Leute nach Aleppo. Diese Leute verbrannten dann etwas auf den Strassen und gingen wieder. Journalisten berichteten dann davon und sagten, Aleppo habe sich aufgelehnt.
Dazu müssen ein paar Dinge gesagt werden: Ein Teil der Medien hat mit seinen negativen Darstellungen Syriens übertrieben. Manchmal wurde über Dinge berichtet, die nicht passiert sind. Beispielsweise sprach ich mit einem prominenten Scheich, als meine Kollegen mich völlig gestresst anriefen und sagten, der Scheich würde eine Rolle in den für den Nachmittag geplanten Protesten spielen. Aber das passierte überhaupt nicht. Denn tatsächlich sass ich in dem Moment ja mit ihm beim Mittagessen. Es gab eine Menge Übertreibungen durch die Medien.


Es gibt einen Vorgang, der heraussticht. In Idlib gab es zum harten Kern gehörende Sunniten, die nach Aleppo gegangen waren und Leute überredet hatten, der Opposition beizutreten. Menschen in Aleppo fingen an, sie zu schlagen und schickten sie fort. Die Masse war renitent geworden, und die Polizei musste kommen und sie unter Kontrolle bringen. Die Sunniten aus Idlib wurden von der ­Polizei in ein Haus gebracht und erhielten ihre Uniformen, damit sie entkommen konnten, ohne gelyncht zu werden.

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Veränderte sich Damaskus sehr in dieser Zeit?

Ich kann mich an einen Vorfall am 14. April 2011 entsinnen, als ich meinen täglichen Spaziergang zum Stadion unternahm, das etwa zwei Kilometer entfernt lag. Auf dem Weg kam ich an der Bäckerei vorbei, an der ich immer vorbeikam, doch es gab eine lange Schlange vor der sonst wenig frequentierten Bäckerei. Auf dem Weg zurück war die Schlange noch immer da, und ich fragte nach. Die Leute deckten sich mit Brot ein, da sie gehört hatten, dass etwas passieren würde. Am nächsten Tag passierte nichts, obwohl es ein Freitag war.


Als die Situation sich in der zweiten Hälfte 2012 verschlimmerte, ersetzte ich meinen Spaziergang zum Stadion durch einen anderen rund um den Park im Mezzeh-Bezirk. Eines Tages kam ein Motorradfahrer mit hoher Geschwindigkeit und bog an einer Ecke ab, wo er den Motor auf Touren brachte. Kurze Zeit später folgte ein Jeep mit Sicherheitsleuten, doch er verpasste die Abzweigung, die das Motorrad genommen hatte. Nachdem sie das Motorrad nicht finden konnten, kamen sie in den Park und fragten die Menschen, ob sie gesehen hätten, was passiert war. Dann wurde uns gesagt, dass die Leute auf dem Motorrad Angriffe planen würden.


In Mezzeh, unweit des Bezirks, in dem die Diplomaten leben, gibt es ein Kaktusfeld, und Rebellen waren durch einen Tunnel hineingelangt. Sie hatten dort ein Lager aufgebaut, von dem aus sie Brandraketen auf das Büro des Premierministers schossen. Danach kamen die Sicherheitskräfte herein und zerstörten das Lager. Das war eine gezielte Operation. Ich sprach mit jemandem, der eine Wohnung mit freier Sicht hatte, und er sagte mir, dass sie ein Gebäude ins Visier genommen und komplett zerstört hatten. Ein riesiges Geheimlager mit Waffen und Munition wurde aus dem Gebäude geborgen.

Doch Teile des Landes blieben ruhig?

Die externen Hintermänner der Opposition konnten das nicht verdauen. Sie schickten eine Gruppe Leute an die syrisch-jordanische Grenze, wo sie zwei Sicherheitsposten überrannten. Sie brachten alle Leute dort um. Manche von ihnen wurden auf grausamste al-Kaida-Weise getötet. Die Regierung meldete das nicht unverzüglich, doch ein Mitglied der diplomatischen Gemeinschaft bestätigte, dass es al-Kaida aus dem Irak gewesen war. Es war offenkundig, dass al-Kaida aus dem Irak seit April 2011 in Syrien war.


Al-Kaida war dort von der ersten Woche an, und wenn nicht seit der ersten Woche, dann seit Ende 2011, als al-Kaida-Fahnen auftauchten. Es waren diese Gruppen, die die Opposition über die Grenzen weg unterstützten. In Raqqa kamen die Kämpfer aus dem Norden, und es war klar, dass es al-Kaida war.

Assad sagte, dass es von Anfang an Terroristen waren. Warum hat ihm keiner geglaubt?

Die Köpfe der Menschen waren nicht offen. Was für ein Interesse sollte al-Kaida im Irak daran haben, Chaos in Syrien zu schaffen? Vieles davon wurde von aussen gelenkt, nämlich den Golf-Staaten. Al-Jazira spielte auch eine Rolle. Im April hatte ich einen Gast zum Amphitheater in Bosra geführt und danach nach Sweida, wozu ich die Autobahn zur jordanischen Grenze nehmen musste. Wir waren von 9.30–10.30 Uhr unterwegs. An diesem Tag wurde ein al-Jazira-Korrespondent gebeten, Syrien zu verlassen, und er reiste auf derselben Strasse. Der Korrespondent berichtete alle paar Sekunden von Checkpoints. Meine Botschaft rief mich in Panik an, weil sie dies im Fernsehen gesehen hatten. Ich sagte ihnen, ich hätte nur einen Checkpoint angetroffen.

Warum präsentierte die syrische Regierung keine besseren Beweise für die Anwesenheit von Terroristen?

Wir fragten sie, warum sie nicht aktiver in den Medien Stellung nahmen, und sie sagten, keiner glaube ihnen. Ihre PR und ihr Einsatz der Medien waren sehr schlecht. Andererseits gab es auch Ausschreitungen durch die Regierung. Syrien hat sehr ungenügende Polizeikräfte. Als nun die Probleme begannen, war die Regierung gezwungen, Sicherheitskräfte einzustellen, um mit den Problemen fertig zu werden, die sonst von der Polizei bewältigt werden. Einige aus der Armee begingen auch Übergriffe, und die Regierung stellte einige von ihnen unter Hausarrest oder sperrte sie ins Gefängnis, doch sie machten das nicht publik.


Bashar al-Assad war nicht nur langsam darin, Reformen zu erlassen, sondern auch langsam darin, Veränderungen, die gemacht wurden, bekanntzugeben. Als er zum Beispiel die Reform erliess, die die Vorrangstellung der Baath-Partei einschränkte, erfuhr man davon erst nach drei Monaten. Ihre PR war nicht weise. Sie haben die Krise nicht gut bewältigt.    •

Quelle: Deutsche Wirtschafts-Nachrichten vom 16.1.2016

(Übersetzung Deutsche Wirtschafts-Nachrichten und Zeit-Fragen)